Chapitre 16

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Daemon releva la tête et aperçut une magnifique jeune femme dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux étaient rassemblés en un haut chignon au-dessus de sa tête. Quelques mèches s'y échappaient et encadraient son visage dans un tumulte de blond et de châtain. Un léger sourire était dessiné sur ses lèvres, un sourire qui se voulait accueillant. Ses petites mains délicates étaient posées sur son ventre rond. Ventre qui abritait et protégeait des nourrissons, ses futurs neveux. Instantanément, une immense émotion le submergea : de l'affection. Pas celle violente et passionnée qu'il éprouvait envers Kaya, mais une affection pure et désintéressée d'un frère pour sa soeur. 

- Vous devez être Jaelyn, je présume, fit-il en lui prenant les mains. 

- Et vous, Daemon. Je suis si heureuse de vous rencontrez, enfin. Sin ne tari pas d'éloges à propos de vous. 

- Je dois vous féliciter, pour l'excellente nouvelle, dit-il en désignant son ventre rond. Alors, comment se porte mes neveux ?

Une main protectrice posée sur son ventre, Jaelyn rougit de plaisir. 

- Je vois que Kaya vous a déjà fait un rapport détaillé. Je vous en parlerai volontiers, mais je dois d'abord m'assurer que ma tante va bien et ne manque de rien. Vous êtes le frère de l'homme que j'aime, vous l'avez élevé, et pour cela je vous respecte. Néanmoins en dehors de Sin, Kaya est tout ce qu'il me reste comme famille et si je dois me montrer tout à fait honnête, je n'apprécie pas vraiment ce que vous lui faîtes subir. 

Le sourire de Daemon s'élargit.

- Je vois que Sin a trouvé une femme de caractère. Quoiqu'il en soit, il ne sera fait aucun mal à votre tante, je puis vous l'assurer. 

Après un ultime regard entendu, Jaelyn disparu de la pièce.

- Eh bien, on peut dire qu'elle ne mâche pas ses mots, ta femme, ajouta Daemon en se tournant vers Sin. 

- Quand il s'agit de défendre les siens, Jaelyn peut se montrer très... audacieuse.

- Inutile de te justifier, mon frère. J'admire son courage, c'était une femme comme elle qu'il te fallait. Et si elle te rend heureux, alors c'est le plus important. 

Daemon s'assit sur le canapé et tressaillit quand, subitement, un bruit sortit de nulle part se fit entendre. Il tourna la tête en direction de la source : une étrange boite plate diffusant plusieurs images à la suite.

- Si j'en crois Kaya, ceci est une télé, n'est-ce pas ?

En un siècle, le monde avait bien changé, se dit-il. Il n'aurait que trop de l'éternité pour découvrir à quel point. Ces nouvelles technologies lui semblait si complexes et pourtant si fascinantes. Il se concentra alors sur ce que diffusait l'écran en cet instant. Un homme et une femme se tenait au milieu d'une forêt sombre. L'homme se dirigea vers le seul filet de lumière que les arbres laissaient passer, puis il déboutonna sa chemise. 

- Voila pourquoi on ne s'expose pas au soleil. Les gens sauraient que nous sommes différents. Voilà ce que je suis.

Dès que sa peau pâle fut en contact avec le rayon lumineux, sa peau se mit à briller telle une boule de cristal.

- On dirait des diamants, fit la jeune femme. Tu es magnifique.

- Magnifique ? Ce que tu vois c'est la peau d'un tueur Bella. Je suis un vampire, un tueur.

- Je ne te crois pas.

- C'est parce que tu crois aux mensonges. C'est un camouflage. Je suis le prédateur le plus dangereux au monde...

Avec un soupir de lassitude, Daemon s'empara de la télécommande et appuya sur tous les boutons jusqu'à ce que l'objet de son malaise s'éteigne. 

- C'est donc ainsi que les humains nous voient.

- Ma femme est une fervente admiratrice de ce genre de film. C'est elle qui a insisté pour que l'on installe cette télé, et vois-tu, il est clair que je ne peux rien lui refuser. D'ailleurs, que penses-tu du château ? Il a subit quelques modifications en ton absence.

Daemon hocha la tête sans quitter des yeux la télé qu'il fixait d'un air absent. 

- Il est mieux que dans mes souvenirs. Je ne pourrai jamais te remercier assez pour ce que tu as fait pour moi, Sin, que ce soit pour le château, ou le reste. 

- Tu feras le tour du château plus tard, il est grand temps que tu rencontres le peuple, après une si longue absence.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes se mêlèrent à la foule qui se divisa en deux pour les laisser passer. Il y eut un silence stupéfait, suivi d'une tumulte. Les rumeurs circulaient déjà en bon train. Tous proclamaient le retour de leur fidèle roi. Certains se demandaient ce qu'il était advenu de lui durant toutes ces années, d'autres discutaient sur la manière dont il était parvenu à se libérer des griffes de Klaus. Après quelques salutations et révérences, une main amicale se posa sur son épaule et il reconnut instantanément son propriétaire.

- Valérius, cela faisait si longtemps.  

- Daemon, ravi de te revoir, après tout ce temps. 

- Comment vas-tu ?

- C'est plutôt à toi que je devrais poser la question. Sin m'a raconté ce qui t'était arrivé pendant que tu saluais ton peuple. 

- Chaque jour était un enfer que je préférerai oublier. 

- Klaus ne laissera jamais un de ses prisonniers s'évader ainsi et s'en sortir indemne. J'imagine que tu te prépares déjà pour la guerre. 

- Je n'ai guère de temps à consacrer au passé pour le moment. Mais dès que j'aurai convaincue Kaya d'être mienne, je mettrais en place ma vengeance. 

- Sin ma également parlé de Kaya. C'est donc elle ton... âme-soeur.

- Je vois que mon frère ne t'a épargné aucun détail.

- Je ne la connais que très peu, mais si elle est telle que l'on la décrit, ce ne sera pas facile de la convaincre de rester.

- Que dit-on d'elle ?

- Que c'est une femme audacieuse, déterminée...

- Bien sur, et que dit-on en vrai ?

Valérius eut un bref instant d'hésitation comme s'il se demandait s'il était judicieux de répondre ou non.

- Elle ne recule devant rien et serait prête à tout pour obtenir ce qu'elle désire. Selon Sin, elle serait une... garce manipulatrice.

Ce dernier mot fit naître un sourire au coin de ses lèvres. Oui, Kaya et lui était on ne peut plus différents, elle était exactement comme Valérius la décrivait. Mais il ne doutait plus à présent qu'elle était celle que le destin lui réservait. Et bien qu'il avait hâte de la faire sienne et de la marquer, il avait décidé de prendre son temps pour gagner sa confiance. Après tout, ils avaient toute l'éternité devant eux.

 - Tu viens de la retrouver, je m'étonne que tu veuilles déjà la quitter.

- Je n'ai guère le choix. Klaus ne nous laissera jamais tranquilles, et je veux lui faire payer tout ce qu'il m'a fait subir toutes ces années. 

- Dans ce cas... tu sais que je me battrais toujours de ton côté, et tes hommes aussi... 

Sa phrase mourut sur ses lèvres quand une femme sortit de nulle part et se jeta au cou de Daemon.

Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant