Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du Destin

Chapitre 35

Une deuxième explosion retenti, faisant trembler les sols. 

- Que se passe-t-il ? Qui ose saccager mon royaume ? s'écria Calypso, furieuse.

Une naïade traversa en courant les rideaux, arborant une expression affolée.

- Maîtresse, il y a des traitres parmi nous. 

- Enfin un défi amusant et digne de moi ! s'exclama Kaya. Je te promet de te laisser quelques cibles, Cali.

Après lui avoir fait un clin d'œil, elle sortit ses armes attachées à ses cuisses et se dirigea vers la pièce centrale. 

Daemon fronça les sourcils. Kaya avait retrouvé si vite sa bonne humeur. Elle avait visiblement oublié que quelques secondes plus tôt, sa prétendue amie était prête à se jeter sur lui. De nouveaux doutes l'accablèrent encore. Était-ce vraiment de la jalousie qu'il avait lu dans ses yeux ? Il commençait à penser qu'il avait imaginé toute cette scène. Calypso aperçut son trouble et posa une main amicale sur son épaule.

- Ne t'inquiète pas, je n'avais pas réellement l'intention de coucher avec toi. Et Kaya le sait. Je voulais simplement voir sa réaction. On se taquine souvent, mais au fond, je tient à elle. Laisse lui un peu de temps, pour le moment rien n'importe plus que sa quête. Maintenant, si tu permets, j'ai un royaume à défendre.

Des cris retentirent dans la salle principale. Kaya !  Son instinct de protecteur se réveilla brusquement. Il réfléchirait plus tard aux dires de Calypso, mais pour le moment, il se devait de protéger sa femme. Il dégaina son épée et traversa l'épais rideau. Les hommes qui auparavant subvenaient à leurs besoins charnels se battaient à présent, armes à la main. Ils étaient une dizaine. Certaines nymphes courraient dans tous les sens, telle une foule affolée. Des sirènes apeurées se réfugièrent dans le lac, tentant en vain d'échapper à la bataille. Plus loin, au fond de la salle, Kaya se tenait fièrement, ses armes dans chaque main. Lorsqu'un guerrier se rapprocha d'elle par derrière, brandissant son épée, il s'empressa d'intervenir. Mais elle fut plus rapide. Elle se retourna et para son attaque, bloquant l'épée de l'homme entre les lames principale et latérale du saï qu'elle tenait dans sa main droite, puis planta celle qu'elle tenait dans sa main gauche dans l'abdomen de son adversaire. Un autre ennemi s'approcha d'elle et par réflexe, elle frappa tandis que son arme rencontra une chaire aussi dure que l'os. Elle se battait avec rage, telle un guerrier, mais elle était plus rapide. C'en était si effrayant qu'il se félicita de ne pas être la cause de son courroux. Il ne pu s'empêcher d'être fier. Il aurait pu rester la et la contempler pendant des heures, si un des hommes ne s'était pas servi de son manque d'inattention pour lui assener un coup d'épée dans les côtes. Il jura intérieurement, il s'était de nouveau laissé distraire par cette devineresse ! Aux noms des dieux, pourquoi l'obsédait-elle à ce point ?

Sans dire un mot, il se releva, saisit fermement le pommeau de son épée à deux mains, les muscles bandés. La magie de la lame fit briller son regard. Il fit tournoyer son épée dans les airs, tranchant une tête sur son passage. Puis il se dirigea vers un autre homme qui lui faisait face et le transperça d'un coup net. L'épée broya ses côtes et sortit au niveau de son torse. Il retira ensuite la lame du corps et eut juste le temps d'essuyer le sang sur la tunique de son adversaire avant que celui-ci ne s'écroule les bras ballants. 

Une femme se rua soudain sur lui. Il se pencha en avant et la fit rouler sur le sol. Il la reconnut instantanément. Elle faisait partie des servantes qui l'avaient généreusement servit en nectar quelques minutes plus tôt. Elle jeta sur lui un regard aguicheur avant d'esquisser un sourire en coin. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, il comprit ce qu'elle avait l'intention de faire, mais hélas, bien trop tard. 

- Ne bouge plus, dit-elle.

Il contracta ses muscles et tenta de faire un mouvement, mais son corps ne bougea pas d'un pouce, comme s'il se refusait à désobéir.