Chapitre 9

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- Maintenant, réponds à mes questions. Cette nuit là, pourquoi t'es-tu enfuie ? Pourquoi as-tu changé d'avis nous concernant ? demanda Daemon.

Comme convenu, il était partit à la recherche des baies. Comme la saison des pluies n'était pas encore achevée, la terre était toujours humide. Il trouva près d'un buisson toute sorte de baies en quantité suffisante. Des myrtilles, baies de couleur bleu-violacée, des cassis, formant des grappes pulpeuses noires à la peau lisse, ainsi que de baies de Goji à l'apparence de raisins secs rouges.

Dès son retour, Kaya sauta sur lesdits fruits. Elle semblait n'avoir d'yeux que pour les baies qu'elle mangeait avec gourmandise. Il était fasciné par le spectacle de ses doigts gracieux qui s'activaient autour des aliments gorgés de saveur, par ses lèvres généreuses et sa petite langue sournoise qui se montrait de temps à autres. Regarder sa femme savourer son déjeuner s'avérait être le spectacle le plus érotique qui lui ai été donné de voir. Lorsqu'elle eut finit un des fruits, elle se lécha le pouce de façon sensuelle. Il faillit s'étrangler. Assailli par une vague soudaine de désir, il dut s'asseoir pour soulager son inconfort. Elle semblait ne pas avoir remarqué l'effet qu'elle avait sur lui.

Se rendant compte qu'il la regardait fixement, il s'empressa de détourner le regard.

- Réponds à ma question.

- Tout d'abord, il n'y a pas de nous, il y a un Daemon et une Kaya. Deux entités indépendantes séparées par une conjonction.

Elle avala d'autres fruits avant de poursuivre.

- Ensuite, je me suis aperçue sans le moindre doute que je ne voulais plus rien avoir à faire avec toi.

- Je refuse de le croire. Pas après ce qui s'est passé entre nous.

Elle se contenta de hausser nonchalamment les épaules.

- Tu paraissais être un excellant divertissement sur le moment. C'est uniquement pour cette raison que je ne t'ai pas tué. Mais tu as finit par perdre tout intérêt à mes yeux, tu es devenu ennuyant, commun. Je me suis lassée.

- Tu m'as laissé croupir en prison pendant plus d'un siècle. Pourquoi ? Tout se passait si bien entre nous.

- Effectivement. Jusqu'à cette fameuse nuit où tu as rompu notre pacte. Tu n'as pas respecté notre marché.

- Je croyais que tu n'étais pas du genre à te soumettre aux interdits et qu'il t'arrivait de bafouer les règles.

- Non, pas quand c'est moi qui les établies.

- Katalyana - Kaya - ou je ne sais comment tu te fais appeler dans ce monde, pourras-tu un jour répondre à mes questions sans divagations ?

Elle faisait visiblement beaucoup d'efforts pour ne pas perdre patience.

- Très bien. Si tu veux tout savoir, tu voulais me faire tienne et je n'étais pas prête pour ça. Fin de l'histoire. Il fallait que je me débarrasse de toi rapidement.

- Il y avait tant de façon de m'empêcher de te posséder, tu pouvais par exemple me le dire, tout simplement. Je n'ai jamais pris une femme sans son contentement.

- Et ensuite, quoi ? Tu m'aurais donné un jour de répit supplémentaire, peut-être deux ? Je suis ton âme-sœur. Ton instinct d'incube te dicte de posséder une femme plusieurs fois par semaine, par jour même, pour nourrir ton démon. Quand un incube trouve celle qui lui aie destiné, son instinct devient plus fort encore et il est plus difficile d'y résister. Il doit non seulement la posséder mais aussi la marquer. Nierais-tu que c'était dans tes intentions ?

- Je ne nie rien du tout, mais je comptais tout d'abord te séduire.

- Je t'ai laissé ta chance.

- J'aurais pu réussir, si tu seulement tu m'avais accordé les deux semaines que je t'avais demandé.

- Comme je te l'ai dit, tu as rompu notre pacte, tu n'as pas respecté une de mes conditions. J'ai du mettre un terme à nos rencontres clandestines.

- Tout cela à cause d'un simple bai...

- Tu n'aurais pas du m'embrasser cette nuit-là ! le coupa-t-elle furieusement.

- Nous nous sommes un peu laissés emporter mais...

- Nous n'aurions pas du ! Les conséquences qui ont découlé de nos actes sont immenses.

- Tu te donnes à de nombreux hommes mais pas à celui qui t'est destiné. Pourquoi ?

- Parce queles autres hommes ne me demandent pas plus que je ne peux leur donner !

Il se leva et s'approcha d'elle.

- Kaya, dit moi que tu ne regrettes pas ce que nous avons fait cette nuit là, dans la forêt.

Elle ne répondit pas. Il aurait pu prendre son absence de réaction pour une réponse positive, pourtant il devait en avoir le coeur net. Il voulait entendre ces mots de sa bouche. Il la prit par les bras et la secoua légèrement.

- Dit le moi Kaya ! Dit le moi en me regardant dans les yeux !

Son ton fut plus brusque qu'il ne l'aurait souhaité, mais il était si désemparé. Elle ouvrit les yeux et plongea son regard dans le sien.

- Oui, si tu veux tout savoir ! Il ne se passe pas un jour sans que je regrette ce nous avons fait ! C'était une erreur qui ne se reproduira plus à l'avenir.

Sous le choc, il la relâcha et recula d'un pas. Elle mentait ! Cela ne pouvait être vrai. Il ne pouvait pas le croire. Pas après tout ce qu'ils avaient vécus tous les deux, tous les obstacles qu'ils avaient du franchir.

Pourtant, son visage était impassible et n'exprimait aucune émotion. Son regard était plus froid et vide qu'à leur rencontre. Juste au moment où il pensait qu'ils avaient fait un pas en avant, voilà qu'elle venait de lui asséner le coup de grâce.

- Je n'ai jamais eu la moindre chance, n'est-ce pas ?

De nouveau, elle refusa de répondre. Le silence s'abattit sur eux quelques instants. Seul le bruissement du vent dans les arbres se fit entendre.

- Bien, soupira Kaya. Après toute cette ébauche de sentimentalisme, j'ai moi aussi une question à te poser. Que comptes-tu faire de moi ? Où m'emmènes-tu ?

- Ce n'était pas censé se passer ainsi. J'espérais que tu éprouverais au moins un soupçon de culpabilité après ce que tu m'as fait. J'aurais alors pu te pardonner et tenter de trouver une solution pour nous.

Elle réprima un bâillement.

- Elle va durer longtemps, cette sérénade ?

- Tu me pousses à bout, Kaya. Tu me fais faire des choses...

- Je te rends mauvais, Daemon ? Raison de plus pour nous séparer ici et maintenant en bons termes.

Comme s'il ne l'avait pas entendu, il continua son monologue.

- Je trouverais plus tard ce que je compte faire de toi. Pour l'heure, je t'emmène dans mon château. Tu n'as d'autre choix que de me suivre si tu veux récupérer la clé, mais aussi si tu veux survivre. En attendant, tu ferais mieux de dormir, Nous partirons dès le coucher du soleil.

Considérant le sujet clos, se dirigea dans le fond de la grotte et s'allongea à même le sol. Il sombra rapidement dans un sommeil profond, sans se soucier de sa partenaire.

Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant