Chapitre 10

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Kaya ne put fermer l'œil de la journée. Ses paupières étaient closes, comme pour appeler le sommeil, qui ne vint pas. Elle ne connaissait que trop bien la cause de son insomnie. Elle n'avait pas plus confiance en son geôlier que lui en elle.

En d'autres circonstances, elle l'aurait probablement déjà tué dans son sommeil. Mais lui seul savait où se cachait la clé de sa liberté. A chaque Rada-han correspondait une clé unique sans laquelle ce dernier restait fermé à jamais. 

En résumé, elle était à la merci de ce salopard et nul ne savait quand il la libérerait, ni si même il la libérerait un jour.

Des hurlements stridents la tirèrent de ses pensées. Elle ouvrit brusquement les yeux et découvrit leur origine. Daemon s'agitait dans son sommeil, le corps parcouru de soubresauts, comme s'il était en proie à de terribles cauchemars. Il laissait échapper des mots entrecoupés et marmonnait des propos intelligibles. Il était trempé de sueur et ses membres frissonnaient. Son esprit avait l'air si perturbé que les souvenirs de son passé revenaient le hanter même dans ses songes. Il hurla quelque chose en langue de démon et remuait ses doigts comme s'il était à l'agonie. 

Rêvait-il des supplices insupportables qu'il avait vécu durant tout ce siècle ? Elle ignorait tout ce que Klaus lui avait fait subir, mais elle savait que le loup-garou ne reculait devant rien pour obtenir ce qu'il voulait et ne faisait jamais preuve de pitié. 

Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir, tout ce qu'il comptait lui infliger à l'avenir, une part d'elle éprouvait de la... culpabilité ? Non, bien sûr que non, elle ne pouvait ressentir ce genre d'émotions. 

Alors pourquoi ses jambes - les traîtresses - refusèrent de lui obéir ? Pourquoi ses pieds se mirent à la guider contre son gré vers l'individu endormit ? 

Lentement, elle s'agenouilla à côté de lui.

- Daemon ? murmura-t-elle doucement.

Que faire ? Devait-elle le toucher ? Le réveiller ?

- Daemon, réveille-toi, dit-elle en le secouant légèrement.

- Non ! Allez-vous en ! hurla-t-il, les yeux toujours fermés.

Soudain, son bras jaillit de nulle part. Il la saisit par le cou et la plaqua sur le sol, se hissant au-dessus d'elle. Il ouvrit brusquement les yeux, pourtant son regard était blanc, vide, comme s'il était là physiquement mais absent mentalement. Il ne semblait pas la reconnaître et la prenait visiblement pour une autre personne. Ses mains commencèrent à se resserrer autour de son cou, et il l'étrangla de plus en plus fermement, la privant d'oxygène. Elle agita frénétiquement ses pieds, cherchant un appui pour soulager la pression qu'il instaurait sur sa trachée.  Elle tenta de se débattre, mais en vain. Heureusement, sa main entra en contact avec une pierre. Rapidement, elle s'empara de la roche et le frappa au visage avec. Il recula en titubant, l'air hagard. Ses paupières se mirent à battre comme à la fin d'une séance d'hypnose. 

- Merde, Kaya, tu m'as frappé ! rugit-il.

C'est alors qu'il remarqua sa femme. Les mains portées à son cou, elle toussait, cherchant son souffle. Le choc le paralysa sur place. Il prit soudain conscience de ce qu'il avait fait. Il tendit le bras vers elle pour constater l'étendu des dégâts mais s'arrêta net lorsqu'elle s'écarta violemment.

- Ne me touche pas ! Je ne sais pas ce qui m'a prit de t'approcher, mais je ne le referai plus.

 Il s'éclaircit la voix et parvint à articuler. 

- Kaya je...

- Cesse donc de pleurnicher. J'ai survécu à pire. Tu n'es pas le premier à avoir tenté de me tuer, et tu ne seras pas le dernier. 

Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant