Chapitre 28

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Monde des Immortels, un siècle plus tôt...

Il faisait nuit noire dans la forêt. La lune s'était retiré derrière d'épais nuages, rajoutant une note nocturne à cette atmosphère sinistre. Quelques chouettes virevoltaient comme à l'accoutumée dans le ciel. Un léger brouillard flottait dans l'air. On distinguait à peine les arbres qui ondulaient telles des vague par la brise. La forêt était épaisse et sombre, avec ses lianes et ses buissons entrelacés. 

Daemon fit quelques pas à travers les arbres. Il attendait Kaya depuis plusieurs heures déjà. Il jeta un coup d'oeil en direction du lac près duquel ils s'étaient rencontrés quelques semaines plus tôt, ce même lac au bord duquel ils se retrouvaient depuis presque deux semaines déjà. Il ferma les yeux et se concentra. Une odeur chaude et sucrée s'échappait des fleurs, la brise lui ébouriffait légèrement les cheveux, le bruit de l'eau coulant le long le long des parois avant de se jeter telle une cascade dans l'étang intensifiait cette atmosphère de sérénité... Une multitude de souvenirs l'assaillirent, déferlant comme la houle sur une plage lors d'une tempête. Kaya avait respecté leur marché. Ils avaient passé ainsi plusieurs jours ensemble. Bien sur, lorsqu'il lui avait demandé de passer du temps en sa compagnie, il ne s'était évidemment pas attendu à boire le thé avec elle. Mais jamais il n'aurait imaginé partir à la chasse aux démons. Car c'était ce qu'ils avaient fait ces derniers jours. Chaque jour, elle trouvait une nouvelle victime qu'elle torturait jusqu'à ce qu'il lui révèle l'emplacement de l'objet mythique qu'il possédait. De la lance d'Odin au trident de Poséidon, en passant par Mjöllnir, le marteau de Thor, ils n'avaient guère perdu de temps. Au cours de leur quête, ils discutaient très peu, ainsi il n'avait appris que peu d'informations sur elle. Kaya ne lui révélait rien de son passé. Même l'objectif de sa mission lui semblait inconnu. Il songea avec regret que deux semaines n'étaient pas suffisantes pour apprendre à connaître son âme-soeur et la conquérir. Leur pacte arrivait à sa fin cette nuit, il parviendrait peut-être à la convaincre de lui donner un délai supplémentaire. 

Il continua ses allers-retours pendant plusieurs heures quand une certaine inquiétude commença à s'immiscer en lui et à le tourmenter. Et si elle ne venait pas ? Après encore plusieurs minutes d'attente, il du se rendre à l'évidence : Kaya ne viendrait pas. Une part de lui en fut irrité, autant qu'il s'en voulait d'avoir osé espérer qu'elle tiendrait sa promesse. Avec un grognement de fureur, il déploya ses ailes et parti à sa recherche. Il survola les terres pendant un moment qui lui parut interminable. Avec la perception accrue des êtres surnaturels, il devinait le pouls qui palpitait sous la peau de chacun des humains, entendait les battements de leur coeur, mais aucune trace de son âme-soeur. 

C'est alors que son ouïe développée entendit un rire profond, guttural, totalement impudique. Aussitôt, il se figea, il n'avait jamais entendu son âme-soeur rire, pourtant il reconnut instinctivement sa voix. Il battit des ailes, se rapprocha du sol et atterrit devant un bar. L'immeuble semblait délabré de l'extérieur, la peinture de la façade était craquelée à cause de l'humidité. De l'intérieur, la taverne était totalement refaite. Les meubles en chêne massif accentuait ce côté rustique. 

Jetant son regard vers l'endroit d'où venait ce rire sensuel dont seul son âme-soeur avait le secret mais ne vit qu'un petit groupe d'hommes agglutinés non loin du bar. Elle devait se trouver au milieu de ce cercle d'humains. Il refoula la colère qui s'emparait de lui à la seule idée qu'un de ces mortels puisse la toucher. Il tendit l'oreille et se concentra sur la conversation. 

- Une autre tournée ! 

Aussitôt, un choeur d'approbation emplit la pièce. Quelques hommes s'écartèrent et c'est ainsi qu'il la vit. Elle avait rabattu sa longue chevelure sur une seule épaule, dévoilant son cou de cygne. Daemon ne pouvait que constater le malin plaisir qu'elle semblait prendre à provoquer les mortels. Puis elle s'arrêta devant le barman, s'accouda au bar et se cambra de façon suggestive, dévoilant une partie de sa généreuse poitrine. Elle posa sa main sur son bras et se pencha pour lui murmurer quelque chose aux oreilles. Cette fois, il ne put retenir sa colère. S'il restait ici plus longtemps, certains humains perdraient à coup sûr la vie. Kataliyana faisait ressortir ses instincts les plus primitifs. 

Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant