Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du Destin

Chapitre 15

Sin et Daemon restèrent enlacés plusieurs secondes. Loin de Kaya l'envie d'assister à ces retrouvailles à la fois émouvantes et écœurantes, elle décida de s'éclipser.

- Bien, vous vous êtes retrouvés, c'est génial, mais je n'ai aucune envie d'être témoin de cette scène qui est à vomir. Vu que je dois rester ici pour un moment, autant commencer à faire le tour des lieux de ma future prison dorée. 

- Kaya, que fais-tu ici ? demanda Sin qui venait de s'apercevoir de sa présence. 

- Je laisse à ton frère le soin de t'expliquer, dit-elle alors qu'elle se dirigeait déjà vers les escaliers. Après tout, je suis ici contre ma volonté, mais rien ne m'oblige à parler.

- De quoi parle-t-elle ? 

- Je t'expliquerai tout, ne t'inquiète pas. Mais je dois d'abord régler certaines choses.

Daemon pris alors Santiago à part et lui tendit une clé.

- Suis la où qu'elle aille. Conduis-la jusqu'à ma chambre et donne lui ceci. 

Puis il se retourna vers son frère. 

- Nous avons tant de choses à nous dire. Mais ce n'est pas le lieu pour en parler. 

Après le départ de Kaya, les deux hommes allèrent s'enfermer dans le salon. Sin était incapable de quitter des yeux son frère. Au cours des années, quand bien même il n'avait jamais cessé de le chercher, une partie de lui avait finit par renoncer à le voir un jour revenir chez eux. Lorsque Kaya lui avait remis la lettre lui annonçant l'enlèvement de son frère, il l'avait déchirée en plusieurs morceaux et jetée au feu sous le coup de la colère et de la rage. 

Désormais, son frère étais là et seul cela lui importait, même s'il ne retrouvait pas le Daemon vivant et enjoué d'il y a un siècle. 

Car une chose était certaine, son frère avait changé.

Sa mâchoire serrée lui donnait un air dur. Et dans son regard, on aurait cru lire une certaine folie. Une cicatrice lui balafrait le visage, de son front à sa joue, en passant par son oeil. De nombreuses questions sans réponses lui vinrent à l'esprit. Son frère avait-il beaucoup souffert ? Quelles horreurs lui avait fait subir Klaus ? 

Dès qu'il entra dans le salon, Daemon se dirigea vers le bar, se versa un whisky qu'il vida d'un trait. 

- Tu bois ci-tôt le matin ? demanda Sin.

- J'avais besoin de me rappeler du goût. Si tu savais tous les souvenirs qu'il est possible d'oublier en un siècle. 

- Bois tant que tu veux. Après tout, il me semble que tu vas en avoir besoin pour m'expliquer tout ce qui est arrivé. 

- Je ne saurai même pas par où commencer.

- Où étais-tu toutes ces années ? Je t'ai cherché partout, sans jamais te trouver. 

- Tu ne m'aurais jamais trouvé. Klaus m'a enfermé dans les catacombes de sa prison.

- Que t'a fait subir Klaus ? T'a-t-il... torturé ?

Daemon vida son verre cul sec avant de répondre. 

- Chaque jour, alors que je pensais mourir, une fin qui aurait été mille fois préférable, Klaus me donnait quelques gouttes de sang. Pas assez pour reprendre des forces mais suffisamment pour me maintenir en vie. Des centaines de cicatrices, faîtes avec les lames d'Héphaïstos, couvrent mon corps, je te laisse juger par toi-même.

L'estomac de Sin se noua. Il s'attendait bien évidemment à cette réponse, pourtant l'entendre de la bouche de son frère lui fit froid dans le dos.