Chapitre 8

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De nos jours...

Cela faisait bientôt six heures que Daemon et Kaya marchaient à travers la forêt, les premiers rayons du soleil commencèrent déjà à filtrer à travers les feuilles. Aucun d'eux n'avaient ouvert la bouche depuis. Seul le léger sifflement du vent et quelques bruits d'animaux résonnaient. Daemon masquait par des grimaces son épuisement et sa douleur. Il ne s'était toujours pas remis de tous ces événements. Le peu de sang qu'il avait ingéré lui avait permis de quitter sa prison et de voler juste assez longtemps pour se rendre sur l'arbre. Mais son corps en réclamait toujours plus. Il n'osa pas demander de pause. Cela ne ferait que donner raison à Kaya qui se moquerait à juste titre de son état. Si seulement il était en possession de toutes ses forces, il aurait pu se servir de ses ailes, le voyage aurait été bien plus rapide. Mais la dernière fois qu'il l'avait fait, ils s'étaient écrasés contre un arbre, assez violemment pour le déraciner. Il essuya la sueur qui coulait sur son visage et parvint, il ne saurait dire comment, à maintenir son allure. Sa détermination forçait ses muscles à obéir. Ils arrivèrent dans une petite clairière cachée en plein cœur de la forêt. Avec un soupir de soulagement, Kaya s'effondrât sur l'herbe.

- On fera une pause plus tard, il faut continuer, dit froidement Daemon.

Il aurait du profiter de cet instant pour se reposer lui aussi, mais le plus tôt ils arriveraient au château, le mieux se serait.

- Et moi je dis qu'on fait cette pause tout de suite. J'ai des bleus et du sang partout. Je meurs de faim. J'ai sans doute une mine affreuse et pour la première fois de ma vie j'ai peur du reflet que peut me renvoyer un miroir. J'ai de la terre dans mes bottes toutes neuves et comme si cela ne suffisait pas, ma tenue est foutue. Cette jupe est faite pour mettre en valeur mes magnifiques hanches, pas pour faire une promenade en forêt.

Il n'osa pas regarder ladite jupe, sachant la réaction que cela risquait de provoquer sur lui. Il ravala un grognement.

- Si tu te décidais enfin à investir dans des tenues plus couvrantes, cela t'éviterait sans doute de finir totalement nue après cinq mètres.

- Et priver le monde de mes courbes exquises ? C'est hors de question.

- Pour une immortelle aussi âgée, je te croyais plus endurante.

- Pour ta gouverne, je suis très endurante. Et toi ? Tu cales au premier virage ou tu t'essouffles après avoir passé la seconde ?

Il n'était pas prêt pour une énième joute verbale avec elle, aussi décida-t-il de ne pas répondre et de s'arrêter dans cette clairière. Après tout, le soleil ne tarderait pas à se lever. Le soleil était la principale faiblesse des vampires. Quelques minutes en compagnie de cet astre suffisait à l'immortel le plus puissant pour finir en tas de cendres. Etant hybride, sa partie incube lui permettrait de supporter plus longtemps le soleil, plusieurs heures parfois. Mais en cet instant, son état de santé ne pouvait le lui permettre.

Lorsqu'il s'assit sur une des roches, Kaya aperçut la sueur qui coulait de son front. Il tentait de le cacher, mais il n'était guerre plus en meilleur état qu'elle.

- Le roi aussi a besoin de faire une pause à ce que je vois, fit-elle, un sourire moqueur aux lèvres.

Il aurait du s'en douter, son âme-soeur n'était pas dupe.

- Il me faut du sang.

- Je regrette, mais tu t'es déjà assez nourri sur moi. C'est la deuxième fois que tu ne respectes pas notre marché.

- Etant donné les circonstances, ce marché n'est plus d'actualité.

De nouveau, le silence s'abattit sur eux. Pour passer le temps, il laissa errer son regard sur elle. Éclairée par la seule lumière de la lune, elle semblait si calme, si sereine, presque fragile. Il n'avait qu'une envie, l'envelopper de ses ailes pour qu'ils aient l'impression d'être seuls au monde. Il s'était évadé avec elle, enfin. Elle lui appartenait, il en avait faite sa prisonnière. Il aurait voulu hurler de triomphe. Pourtant, de nombreux doutes l'assaillirent. Pourquoi fallait-il, alors qu'il devait accomplir sa vengeance, qu'une force irrésistible le pousse à la désirer ? Pourquoi n'arrivait-il pas à la haïr comme il le voulait ?

Les Frères De La Nuit -2- La Morsure Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant