chapitre 7

260 17 6
                                    

Caméra allumée, filmant en direct et diffusant sur l'ensemble du pays le message du Professeur

Marseille était derrière la caméra, observant le bon déroulement de la vidéo tandis que le Professeur, visage découvert s'adressait au peuple espagnol. Andrès avait repris son rôle de Berlin et était vêtu de sa combinaison rouge et de son masque. Il se trouvait un peu en retrait, à droite du Professeur, à demi caché par l'obscurité.

- Je m'adresse à nouveau à vous non pas en tant que Dali, mais en tant qu'être humain. Nous sommes en guerre. Non pas que nous le voulions. Au contraire, notre but était de libérer l'un des nôtres, retenu captif dans un pays étranger illégalement. Ce but a radicalement changé. Désormais, la police use de subterfuges non-orthodoxes pour parvenir à nous coincer. Je ne peux que saluer l'audace et l'intelligence dont ils font part. Ou plutôt elle, l'inspectrice Sierra. Car c'est elle, la raison de mon message et de ma révolte. Elle ne respecte plus le protocole et ne fait que bon lui semble. Dénuée de moralité, elle va jusqu'à se servir du fils d'une des braqueurs. C'est elle qui torturait Rio et c'est elle qui a commanditée le meurtre de l'inspectrice Raquel Murillo (il marqua une pause, le temps de se reconstruire un visage neutre). Alors, je vous le demande, est-ce vraiment sur ce genre de personne que repose la sécurité du pays ?

Réfléchissez-y car dès à présent, les règles ont changées. Nous n'allons pas laisser les forces de l'ordre nous tuer un par un. Je m'adresse à l'inspectrice Sierra et je veux que tout le pays sache ce que je vais dire ( le Professeur esquissa un sourire). Inspectrice, je sais que vous m'entendez. Vous avez eu un aperçu de ce qui vous attends si vous entrez dans la banque, pas de la totalité des coups qu'il nous reste si vous tentez autre chose. Je vous mets en garde donc. Nous avons des yeux et des oreilles partout et, si ce n'est toujours pas suffisant à vous faire renoncer, mon frère se chargera d'en faire une affaire personnelle.

Berlin s'avança vers la lumière et enleva son masque :

- Inspectrice Sierra, vous vous souvenez de moi menaça-t-il, un sourire mesquin étirant ses lèvres.

C'est ce moment que choisit Marseille pour éteindre la caméra

Devant la banque d'Espagne, à l'intérieur de la tente qui servait de poste des opérations à la police, Sierra serrait les dents. Il était évident qu'elle ne s'attendait pas à ce retournement de situation. Ce n'était pas le Professeur qui lui faisait peur mais bien son frère. Elle croyait Berlin mort depuis sa fuite et d'un côté ça l'arrangeait. Cela lui avait permis d'éviter d'expliquer son activité illégale à ses supérieurs. Pourtant, il était inévitable désormais qu'on lui demande de s'expliquer, ce qui risquait de lui faire perdre son emploi

- Putain fait chier grogna-t-elle intérieurement

Mais, elle allait tourner cette situation à son avantage, comme d'habitude. Elle se détourna de l'écran principal de surveillance et se retrouva face aux nombreux visages interrogatifs de la police :

- Vous avez quoi à me regarder tous ? Au travail !

Alicia Sierra esquissa un sourire quand toutes les têtes se retournèrent. Qu'elle adorait qu'on la respecte !

- Comment se fait-il qu'Andrés De Fonolossa soit toujours en vie ? S'énerva Tamayo, se donnant l'air supérieur face à la femme mais l'inspectrice jugea qu'il avait plus l'air d'un chien battu dépassé par les évènements.

Elle lui fit son plus beau sourire, le rendant encore plus perdu qu'il ne l'était. Il décida de questionner Suarez :

- Lieutenant, c'est bien vous qui étiez en charge de l'intervention à la fabrique de la monnaie et du timbre ?

- Oui monsieur répondit-il

- Comment se fait-il que ce fils de pute de Fonolossa soit vivant ? explosa Tamayo, en faisant de grand geste significatifs

- Nous lui avons tirés dessus commença Suarez, en jetant un coup d'œil discret à Sierra

- Et ? s'impatienta-t-il

- avec des balles à blancs

- Sur ordre de qui ?

- Sur ordre de l'inspectrice Sierra

- J'exige des explications réclama Tamayo, en se tournant vers elle après une grande inspiration

- Je suis prête à vous donner toute les explications que vous voudrez mais avant, nous pouvons tirer cette situation à notre avantage et nous n'avons pas une seconde à perdre

La spécialité de l'inspectrice : confronter l'élément perturbateur face à un dilemme

Ici, Tamayo avait le choix entre soit perdre du temps à l'interroger sur ses agissements illégales soit passé à l'action et saisir leur avantage mais en prenant le risque de faire confiance à une potentielle traitresse. Elle observa le policier faire les cents pas, jurant dans sa barbe quand il croisait son regard. Elle savait que sa décision était déjà prise alors elle accentua davantage sa pression en lui rappelant que le temps était compté.

- ok ok c'est quoi votre plan finit-il par demander, à bout

Satisfaite, elle traversa l'allée centrale et se rendit dans un recoin de la tente, aménagé en petite salle d'interrogatoire. Menotté à une chaise, une personne attendait son jugement. Un sac en tissu noir lui recouvrait la tête, l'empêchant d'identifier les nouveaux arrivants. Suarez s'approcha de la prisonnière et lui retira le sac.

- Raquel Murillo, il faut qu'on parle


I SAVED YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant