Chapitre 15

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En sortant de la tente, Tatiana ne put s'empêcher de sourire de satisfaction. Ce soudain changement de situation lui permettrait de fournir un alibi concret pour aller retrouver Andrès. Ce dernier lui avait demandé, quelques heures plus tôt, lorsqu'elle était en pause déjeuner, de venir le rejoindre dans un bar. Elle avait trouvé la demande assez précipitée mais sans dénué de danger. Un bar était bien trop exposé pour lui. Mais, il avait insisté et elle lui faisait confiance. Malgré tout, elle s'inquiétait. C'était dans sa nature de s'inquiéter pour ses proches et Andrès était celui pour qui elle s'inquiétait le plus.

Elle soupira en continuant de marcher. Les mains dans les poches de sa veste, elle observa les manifestants, toujours aussi enragé, qui essayait toujours de traverser la barrière humaine des forces de l'ordre. C'était rassurant de voir que le peuple les soutenait encore mais ce genre de soutien était fragile et à la moindre erreur, tout pourrait de nouveau s'effondrer autour d'eux.

Tatiana poursuivit son chemin et s'enfonça dans Madrid, loin de la banque d'Espagne. Elle remarqua qu'elle se sentait soudainement un peu mieux. La tension accumulait des dernières heures venait de se dissiper, pour son plus grands bonheur. Bien sûr, ce n'était qu'un court répit et sitôt de retour dans la tente, le stress reviendrait. Dans la rue, il régnait une tout autre atmosphère. Le calme des passants, les voitures roulant avec prudence. Tout contrastait avec ce qui devait pourtant être la principale distraction de tout le pays. A croire qu'elle était dans un autre monde.

Elle tourna à droite et longea les immeubles pendant environ un kilomètre avant de s'arrêter face au bar, qui se trouvait juste en face. Il lui suffisait de traverser la route pour y entrer mais des souvenirs lui revinrent. Tatiana se revit quelque jour auparavant, avant que tout ne bascule. Son bonheur tant convoité réduit à un simple souvenir.

Elle se revit dans sa maison luxueuse, au bord de la mer, dans la ville portuaire de Valence. Elle contemplait les rayons du Soleil se reflétant sur l'eau. C'était un spectacle à couper le souffle et tous les soirs, lorsqu'il se couchait, elle y avait le droit. La femme se souvint avoir senti deux bras puissant l'enlacer par derrière. Elle se souvint avoir senti le souffle chaud d'Andrès sur sa nuque puis le poids de sa tête sur son épaule. Son sourire s'était étiré et elle avait profité du moment n'ayant jamais été aussi heureuse de toute sa vie. Pourtant, c'était la dernière vraie soirée qu'ils avaient passé ensemble. Après ça, Sergio avait fait son annonce dans tout le pays. Tatiana avait été appelée en renfort pour les opérations tandis qu'Andrès, vraiment inquiet, avait cherché son frère.

Depuis ce jour, elle n'avait par revue Andrès. Son départ avait laissé un grand vide dans son cœur. Elle n'arrêtait pas de penser à lui. C'est donc avec un grand sourire qu'elle franchit la route qui la séparait du bar.

A passé la porte que Tatiana fut étourdi par le brouhaha environnant. Il y avait beaucoup trop de clients pour un bar aussi petit. La moitié se tenait debout entre les tables ce qui obligea la policière à se frayer un passage tant bien que mal. La fumée de la cigarette lui emplissait les poumons tandis que l'alcool pullulait l'atmosphère. Elle grimaça. Ce n'était vraiment pas un endroit pour un couple.

Pourtant, Tatiana comprenait mieux pourquoi Andrès avait choisi ce lieu. Jamais la police ne chercherait dans un endroit aussi bondé, l'un des fugitifs numéros un dans le pays. Et, même si c'était le cas, la fumée et la foule les camouflaient parfaitement. A condition de choisir le bon emplacement.

Poursuivant en zigzaguant, elle finit par arriver au fond de la salle, ou l'y attendait Andrès. Il portait une veste de motard noir, des gants noirs aux mains ainsi qu'une paire de lunette de soleil.

Tatiana avait beau ne pas voir ses yeux, elle était certaine qu'il observait attentivement, prêt à devancer un quelconque danger. Comme elle s'y attendait, il l'a remarqua Immédiatement, et elle put voir un sourire radieux se former sur son visage. Qu'elle était contente de le retrouver !

I SAVED YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant