Chapitre 30

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Sergio avait les yeux rivés sur son écran. Il avait vu l'explosion à travers les images et son cœur s'était arrêté de battre. Il avait vu défiler la suite. Des policiers arrivant en renfort, Lisbonne transférée dans un fourgon blindé, son frère à nouveau capturé, de même que les autres. Son plan anéanti à cause d'une stupide erreur de jugement. Son mécanicien était un incompétent et il aurait dû le savoir. Andrès lui aurait surement rit au visage, ne cessant de répéter qu'il ne pouvait pas tout prévoir mais c'était plus fort que lui.

Pourtant, ce qui se déroula par la suite sous ses yeux lui fit cesser ses prévisions funestes. Il vit son frère le regarder. Le suppliant du regard de ne pas se laisser aller. Sergio ne pouvait rien faire pour lui de là où il était mais il pouvait intercepter les communications de la police et les protéger de l'extérieur. Il se reprit en main et commença à travailler dessus.

Lisbonne se trouvait dans l'incapacité de comprendre ce qui se passait. Quand le gaz avait commencé à se propager, elle était occupée à observer l'extérieur, se tenant prête pour son évasion. Elle était loin d'imaginer que Sergio avait eu l'idée de mettre du gaz dans un des gadgets. Mais, en y réfléchissant c'était plutôt malin. Le gaz emplissait la voiture et obligea les deux policiers à sortir. Cependant, Lisbonne n'était pas du tout immunisé et elle se retrouva bien vite à somnoler. Ses paupières devinrent lourdes et elle lutait pour ne pas sombrer dans l'inconscience. Elle refusait de dormir pour se réveiller dans une cellule. Elle ne voulait pas. Elle devait lutter, pour sa fille.

La fumée causée par l'incendie recouvrait tout le tunnel. La vision devenait de plus en plus compliquée, même pour les assaillants. C'est dans ces circonstances que Benjamin dut se faufiler pour atteindre la voiture retenant Lisbonne. A peine arrivé, il entendit des éternuements et, sans plus attendre, il se précipita vers les policiers.

- Vous allez bien ? S'inquiéta-t-il, en parlant à celui qui se trouvait le plus près de Raquel.

- Tout vas bien monsieur, je vous prierais de bien vouloir regagner votre véhicule lança l'autre, du côté conducteur, sa main devant sa bouche pour essuyer une nouvelle vague d'éternuement.

- Je suis désolé mais je ne peux pas. Notre clim est cassé et la chaleur est étouffante expliqua Benjamin, en prenant un ton des plus innocent : mais vous êtes sûr que vous allez bien ?

- occupez-vous de vos affaires cracha l'autre homme, voulant l'encourager à partir.

Celui-ci s'était approché de son camarade pour s'éloigner de lui mais Benjamin ne l'entendait pas de cette oreille. Il avait réussi à les éloigner de Lisbonne et la portière du conducteur était toujours ouverte. Il devait les distraire.

- Je ne souhaite pas vous importuner davantage mais cela fait une bonne demi-heure que nous sommes coincés ici et...

Pendant qu'il parlait, il avait repéré du mouvement du coin de l'œil. Berlin devait atteindre une ouverture pour faire l'échange et c'était lui qui devait lui donner. Benjamin se mit à paniquer. Les policiers étaient toujours sous l'effet du gaz mais l'effet se dissipait vite et ils étaient plus méfiants que ce à quoi il s'attendait. C'était tellement plus simple quand le Professeur avait expliqué le plan.

- Et comment allons-nous procéder ? S'inquiéta aussitôt Benjamin

- Nous allons faire comme à Rome comprit Berlin, toujours aussi perspicace.

- Lisbonne aura sur elle du gaz soporifique en légère dose. Ce gaz commencera à se propager quand l'un de vous appuiera sur ce bouton expliqua le Professeur, en sortant une vieille télécommande de sa poche. Il l'a donna à Benjamin : Tu t'en chargeras pendant que Berlin ira chercher notre pièce d'échange.

Berlin ricana à l'évocation de ce nom. Traiter un sosie de pièce d'échange était très humiliant. Surtout qu'elle collaborait avec eux grâce à une grosse somme d'argent. Ils l'avaient trouvé avec le programme de reconnaissance faciale de Jaquier. Sergio en avait alors été tout perturbé. Il faut dire que la jeune femme ressemblait, trait pour trait à Lisbonne. Soudain, son nom fut prononcé, ce qui le reconcentra sur son frère.

- Berlin s'approchera du véhicule des policiers pendant que tu feras diversion en leur parlant. Tu devras être attentif à ce qu'ils soient dos à Lisbonne. C'est compris ?

Benjamin avait été confiant à ce moment-là mais maintenant, il doutait. Pourtant, il devait se reprendre. S'il échouait, tout ce qu'ils avaient entrepris n'aurait servi à rien et il s'en voudrait toute sa vie. Les policiers, qui avaient remarqués qu'il s'était stoppé en pleine phrase, commencèrent à avoir des soupçons. Il soupira :

- Ecoutez, je voudrai juste savoir ce qu'il se passe. Derrière, nous avons vu l'explosion. Certains ont abandonné leur voiture pour prendre la fuite, pensant peut être à une attaque mais le fait est que nous ne savons pas. Vous nous tenez dans l'ignorance. Nous avons peur et la tension ne cesse de monter. Donnez-nous des explications !

Las et encore sous l'effet du gaz soporifique, les policiers ne prirent pas la peine de réfléchir plus. Ils parlèrent de l'accident et expliquèrent tout dans les moindres détails. Benjamin, qui prenait son rôle très au sérieux, posait des questions, comme tout citoyen qui se respecte.

Mais, cela ne dura qu'un court instant. Les quatre policiers partis dégagé la route revinrent. Benjamin fut congédié et il retourna à son véhicule, croisant les doigts pour avoir gagné suffisamment de temps.

Il ouvrit la portière et s'installa sur son siège avant de la refermer après son passage. Il souffla longuement avant de guetter le retour de Berlin. Il observa les alentours mais ne vit aucun signe de son coéquipier. Il faut dire que la fumée n'arrangeait rien.

Il soupira, ne voulant pas s'inquiéter pour rien. C'est alors qu'une drôle de sensation l'envahit. Comme si on l'observait. Avec peur, il tourna la tête à sa gauche et sursauta violement. Il y avait bien quelqu'un qui l'observait et ce quelqu'un n'était autre que Berlin, qui souriait de toutes ses dents.

- On a vu un fantôme ? plaisanta-t-il

- Ta gueule grogna Benjamin, furieux de s'être ainsi fait avoir

Quelques minutes avant

Berlin était parti en direction de la fourgonnette. Il avait fait attention à ne pas se faire repérer par les deux policiers, occupé par la bagarre. Il avait sorti le sosie de Lisbonne puis l'avait conduite jusqu'à la voiture des policiers. Il avait attendu que Benjamin face diversion avant d'ouvrir avec prudence la portière arrière. Lisbonne, dans un état de semi-inconscience, avait paru se débattre mais Berlin l'avait vite calmé. Son sosie avait pris sa place, fermé la portière puis Berlin était partis. Raquel , enfin à l'air libre, avait repris ses esprits. Elle avait bien vite comprit qui était son sauveur et des tas de questions ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête.

- Fonollosa ?

- Inspectrice, si on m'avait dit un jour que je vous sauveriez, je ne l'aurai pas cru avait-il ricané

Elle n'avait pas relevé pas. Il y avait une question encore, qui lui était bien plus importante que les autres.

- Sergio était au courant ? avait-elle murmuré

Berlin n'avait pas compris pas tout de suite. Puis, en voyant la tristesse transparaitre dans son regard, il s'était dit qu'elle devait se sentir blessé de ne pas avoir été mise au courant d'un tel secret. Elle devait croire que Sergio ne lui faisait pas assez confiance pour lui dévoiler la survie de son propre frère. Celui même dont elle avait essayé de tuer.

- Ecoutez-moi bien Raquel avait-il commencé, alors qu'il se rapprochait de la fourgonnette : Sergio n'était pas au courant de ma survie. Alors, arrêtez de vous morfondre.

Elle avait semblé se sentir mieux. Un poids venait de lui être retiré. Berlin l'avait caché dans la fourgonnette et s'était dépêché de rejoindre sa voiture.

Berlin laissa échapper un ricanement avant de lui assurer que la mission était un succès. Lisbonne était sauvé et ils allaient entrer dans la phase finale du plan. Berlin espérait de tout cœur que Sergio ne lui en voudrait pas longtemps pour ce qu'il allait faire. 

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