chapitre 8

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- Je ne vous direz rien rétorqua aussitôt Lisbonne, ses yeux remplis de haine vers l'inspectrice.

Suarez, qui se trouvait toujours derrière la prisonnière, échangea un regard avec Tamayo. Il était mal à l'aise dans la pièce, à devoir interroger une ancienne collègue de travail. Tamayo sembla comprendre son malaise et hocha la tête, lui donnant le signal qu'il attendait. Alors, il sortit et rejoignit les informaticiens devant l'écran de contrôle. Il se passa une main sur le visage, en soupirant. Son esprit était ailleurs c'est pourquoi il ne remarqua pas la femme brune qui l'observait du coin de l'œil, assise une rangée plus loin. Elle avait une vue imprenable sur l'interrogatoire.

- Je n'en doute pas, vous semblez en bonne entente avec ce cher Professeur ricana Sierra, reprenant la conversation après le départ du policier : cependant, est-ce qu'il vous a parlé de son demi-frère ?

Raquel avait une réponse toute prête face à la négociation mais là, elle se retrouva désarmée.

- Vraisemblablement, non déduisit-elle, en voyant le regard interrogatif de l'ancienne inspectrice de police : il semblerait que vous lui fassiez plus confiance que lui ne le faisait

- Je peux savoir à quoi rime tout ce cirque ? s'énerva Raquel, tout en sachant qu'elle rentrait dans son jeu : Fonolossa est mort !

- c'est bien ce que je pensai souria Sierra, impitoyable : Tamayo, l'enregistrement

Il lui tendit une tablette et Sierra la prit. Elle pianota un instant avant de la tourner et de faire défiler la vidéo. Son visage affichait un air de pitié mais ce n'était qu'une façade. Intérieurement, elle se réjouissait de la situation.

Je m'adresse à nouveau à vous non pas en tant que Dali, mais en tant qu'être humain...

Raquel dévora la vidéo des yeux jusqu'à la fin. Elle voyait le visage de Sergio et son cœur se serra. Ses yeux étaient emplis de haine. Elle ne l'avait jamais vue comme ça et elle comprit que c'était à cause d'elle. C'était sa faute si le plan tournait au drame, sa faute et elle s'en voulait. Il lui avait dit pourtant, qu'elle était sa seule faiblesse, la seule faille d'un plan parfait et minutieux. A cause d'elle, ce braquage c'était transformé en vengeance. Quand il prononça son nom, les larmes commencèrent à couler sur sa joue. Que n'aurait-elle pas donnée pour se jeter dans ses bras et ainsi, lui prouver qu'elle était toujours en vie. Qu'il devait arrêter les bêtises et se reconcentrer sur le braquage. Soudain, elle se figea. L'homme en combinaison rouge derrière lui, s'avança et enleva son masque de Dali et Raquel reconnut sans mal Berlin. La vidéo se coupa sur le sourire mesquin du braqueur censé être mort.

Raquel se sentit trahis. Trahis, déçus et en colère. Comment Sergio avait-il pu lui cacher une chose pareille ? Elle se rappelait toute les fois où elle était auprès de lui pour le serrer dans ses bras et le soutenir dans son deuil. Tout ça était faux ? Il lui avait menti ?

- Cette vidéo a été diffusée sur l'ensemble du pays il y a quelques minutes. Il nous a déclaré la guerre Raquel, à croire que c'était son but depuis le début. Il pourrait faire des victimes innocentes dans sa quête de vengeance. Nous avons besoin que vous coopériez, pour l'en empêcher. Nous pourrons aussi parler en votre faveur devant le juge, vous échapperez peut-être même à la prison. Alors ?

Dans l'esprit de Raquel, tout devint flou. Elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Elle s'embrouillait avec les paroles de Sierra. Sergio voulait la guerre depuis le début ? Mais, elle le connaissait mieux que personne et jamais il ne ferait une chose pareille. Et, comment serait-il parvenu à monter ce plan dans son dos ? C'était impossible ! Dans ce cas, comment expliquer le retour de Berlin ?

D'un autre côté, elle avait fait un choix. Elle l'avait fait par amour et n'était pas prête à y renoncer. Raquel savait dans quoi elle s'engageait avant même de faire son choix. Alors, elle releva la tête, sécha ses larmes et plongea ses yeux dans ceux de l'inspectrice.

- Si le Professeur vous a déclaré la guerre, c'est de votre faute ricana-t-elle, déstabilisant Alicia : Vous avez pris des risques, à vous, maintenant, d'en subir les conséquences.

- Vous réfléchissez à ce que vous dîtes ? S'enquit l'inspectrice, feignant l'indignation

- J'ai fait mon choix rétorqua Raquel, lui offrant son plus beau sourire

Derrière Sierra, Tamayo soupira de mécontentement. Son plan n'avait pas l'air de se dérouler comme prévu et alors, elle devrai répondre de ses actes. Mais, l'inspectrice n'avait pas utilisée l'ensemble de ses cartes.

- Vous avez fait votre choix répéta-t-elle, en prenant une grande inspiration : très bien. C'est votre décision et je la respecte. Je tiens tout de même à vous faire comprendre que votre coopération aurait pu vous faire éviter trente ans de prison.

Elle se tut, observant la réaction de sa captive. Raquel resta impassible, gardant son sourire et ses yeux remplis de haine rivés vers elle.

- C'est ce que vous voulez ? Finir vos jours en prison ? Et ne plus jamais revoir Paula ? Continua l'inspectrice, sachant pertinemment qu'elle venait de toucher un point sensible : car si vous allez en prison, qui s'occuperas d'elle ? La garde sera remise à un parent, soit Alberto, votre ex-mari. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?

Le sourire de Lisbonne s'effaça et ses convictions avec. Son choix était purement égoïste. Elle n'avait pas un seul instant pensé à sa mère, ni à Paula, son unique fille.

Sierra posa alors un dossier sur la table. Elle l'ouvrit et en sortit des photos qu'elle déposa près de Raquel.

- Nous savons ou vous l'avez caché. Nous savons ou elles sont, Paula et votre mère

L'inspectrice prenait un malin plaisir à jouer avec elle. Elle n'avait pas une once de sympathie. Bien sûr qu'elle ne suivait pas le protocole mais il fallait l'admettre, le résultat était bien plus jouissif.

- Je vous laisse méditer là-dessus termina Alicia Sierra, en se levant pour sortir, Tamayo sur ses talons.


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