Chapitre 25

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L'inspectrice Alicia Sierra n'était pas du genre à écouter les ordres. C'est pourquoi, juste après qu'on l'ait contraint de rester à domicile, elle rassembla ses affaires les plus utiles et s'échappa par la fenêtre. Sa cavale n'était pas quelque chose qui l'angoissait, au contraire, elle se sentait enfin libre et non enchainé par des lois absurdes qui favorisaient les vies humaines plutôt que de tout faire pour attraper des criminels.

Dit comme ça, on pourrait croire qu'elle a tout d'une psychopathe et se demander comment son enfant survivrait avec une mère pareille mais cela n'a aucune espèce d'importance pour la femme enceinte. Tout ce qui comptait pour le moment, était de retrouver le cerveau du braquage, celui qui est à l'origine de sa perte de fonction et qui se permet de faire le malin face aux forces de l'ordre.

Une casquette lui recouvrant la tête, elle se faufila hors de la vigilance policière pour atteindre, plusieurs mètres plus loin, une voiture. Elle savait être prévoyante. Cette voiture était ce qu'on pourrait qualifier de « voiture de secours en cas d'urgence absolu »

Elle vérifia que personne ne l'observait et entra dedans. Elle fouilla immédiatement dans la boite à gant pour trouver son arme de rechange et un téléphone jetable. Elle se félicita d'avoir pensée à ajouter de quoi manger.

Elle prit son téléphone et composa un numéro.

- Allô ? grogna une voix

- J'ai besoin que t'accèdes à un dossier demanda l'inspectrice, sans prendre la peine de saluer son interlocuteur.

- Putain Alicia, tu déranges !

- Je te rappelle que tu me dois une faveur

Un soupir puis l'autre accepta.

- Dis-moi si Tatiana Gomez a des enfants ordonna-t-elle, ses yeux scintillant d'excitation

- Hum j'espère que tu vas pas m'attirer d'ennuis. J'ai son dossier sous les yeux mais je ne vois rien qui dit qu'elle a des enfants.

- Bien

Elle raccrocha et son sourire s'étira. Tatiana avait donc mentit, confirmant ses doutes. Cette policière était un agent double qui transmettait des informations au Professeur. Elle avait voulu voir Raquel mais elle était sur le chemin et l'en avait empêché. Sierra devina que ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne retente sa chance et, si elle suivait son instinct, elle dirait que ça aurait un quelconque rapport avec sa libération.

Guidée par sa logique, elle alluma la radio d'information. Toutes parlaient du transfert de Raquel Murillo, retenue prisonnière devant la banque d'Espagne.

- Le Professeur vient de dévoiler son plan réfléchit-elle à voix haute : il a causé son transfert dans le seul but de la libérer. Et, comme la plupart de nos forces sont retenus dans la forêt à plusieurs lieux d'ici, le convoi est en sous-effectifs. Mais, il est donc en position de faiblesse, il sera concentré sur l'opération et ne verra pas que je me rapproche de lui.

Il faut que je trouve ou est allé Tatiana lorsque Tamayo a ordonné à tous les occupants de sortir conclut-elle.

Une tâche qui était pourtant simple devenait ardu étant donné le peu de ressource dont elle disposait. Elle aurait pu recourir à la reconnaissance faciale, procéder à l'interrogatoire ou encore demander des renforts et interroger les passants mais tout ceci, en plus d'être totalement hors de portée au vue de sa situation actuelle, lui prendrait un temps fou. Toutefois, l'inspectrice possédait un instinct aiguisé grâce à ses nombreuses années d'expériences dans la profession. Elle avait toujours était douée pour démasquer un menteur ainsi que pour cacher des choses par la même occasion. Sa main vint fouiller la poche de son gilet pour en sortir un objet rectangulaire à écran tactile : le téléphone de Tatiana

Elle l'alluma mais l'appareil était protégé par un mot de passe, à sa grande déception. Cependant, elle n'était pas surprise. Qui ne protégeait pas son téléphone portable avec un mot de passe de nos jours ?

Deux possibilités s'offraient à elle : essayer de le deviner ou demander à quelqu'un de le trouver

Elle connaissait un informaticien pas loin de son domicile qui lui devait une faveur. Avec un peu de chance, elle arriverait jusqu'à lui avant que la police ne découvre sa fuite.

Sierra se regarda dans le rétroviseur. Elle avait pris soin d'enlever toutes traces de maquillage pour paraitre pauvre aux yeux de tous. Elle avait détaché ses cheveux et délaissé sa tenue stricte pour un simple gilet et d'un jean délavé. Si on l'a reconnaissait, elle était dans de sale drap mais le temps jouait en sa faveur. Il faisait nuit alors elle n'avait plus qu'à se méfier des réverbères.

Elle enclencha le contact et démarra.

Quelque part, sur une route souterraine de Madrid, alors que l'éclairage laissait à désirer et que la rouille envahissait l'infrastructure métallique, Berlin attendait. 

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