III

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On est à table. Diego est en bout de table, je suis à côté et en face de moi il y a Isam. Je suis sûre que c'est encore une idée de ma mère ou de Jemila. Depuis qu'on est petits leur rêve c'est que Isam et moi on s'entendent bien et qu'on ai une relation fraternelle. Inutile de préciser que ça n'arrivera jamais.

Yemma : Alors les enfants, prêts pour la rentrée ?

On dirait que les parents adorent plomber l'ambiance avec ce genre de sujet.
On répond tous un « ouais » mou et dépourvu d'enthousiasme.

Abi (=papa) : Oh allez ! Ça sera l'occasion de se faire de nouveaux amis, surtout toi Nayah...

Isam pouffe de rire.

Moi : Ça veut dire quoi ça ?

Isam : Que t'as pas trop de potes je crois.

Moi : Je t'ai parlé à toi ? On t'a contacté ?

Yemma : Nayah.

Abi : Nan tout ce que je veux dire c'est que à part Diego et Isam t'as pas de vrais amis...

Isam : Hein ?

Moi : Alors déjà Isam est l'inverse de ce que j'appelle « ami » et ensuite j'ai d'autres amis que Diego. J'ai Lina et Amira.

La vérité c'est que, même si ce sont des filles adorables, j'avoue que je ne m'amuse pas beaucoup avec elles. C'est pas de leur faute, on a juste pas les mêmes délires.

Je vois que mon père veut ajouter quelque chose mais il s'abstient, comme si il voulait pas me vexer. Je fais pitié maintenant. Il y'a un grand silence à table. Bonne ambiance...

Je regarde Diego qui est à ma gauche et qui me fixe avec ses yeux verts. Son visage parsemé de quelques taches de rousseurs est crispé parce qu'il se retient de rire. Il passe sa main dans ses cheveux châtains clairs et souffle très fort. Je jette un œil au métisse en face de moi et ses yeux noirs sont bloqués sur son assiette. Il triture ses bouclettes brunes au dessus de son crâne et tire fort dessus. Lui aussi il se retient de rire.
Et maintenant, j'ai aussi envie de rigoler. Puis d'un coup, je reçois un coup de pied dans la jambe. Je lève brusquement la tête et regarde la seule personne en face de moi.

Moi : Aïe !

Tout le monde tourne la tête vers moi.

Isam : T'as quoi ?

Il se fout de moi en plus. En guise de réponse, je lui donne également un coup de pied.

Isam : Aïe ! Putain mais ça va pas !

Jemila : Bon il se passe quoi encore ?

Moi : Il m'a donné un coup de pied !

Isam : Quoi ?! N'importe quoi c'est elle qui vient de m'en donner un !

Moi : Oui parce que TU m'en as donné un !

Yemma : Bon ça suffit ! Vous deux, sortez de table et allez dans la chambre !

Isam : En mode on est punis là ?

Jemila : Tais toi et fais ce qu'elle dit point !

On sort de table et on va dans cette chambre qui n'est même pas la notre. Je souffle d'agacement en m'asseyant sur le fauteuil pendant qu'il rigole en se posant sur le lit.

Moi : Rigole pas toi, j'ai encore faim.

Isam : T'as assez de stock là.

Il regarde mon ventre.

Moi : Tu veux tacler qui là ? Tes petits molets, même moi je suis plus stock.

Isam : Ta gueule Zileb.

Moi : Alors pour commencer, me redis plus ta gueule si tu veux pas que j'te fasse du mal, et ensuite pour toi c'est mademoiselle Zileb.

On se lève tous les deux et on se met face à face.

Isam : Tu crois tu fais peur à qui ? Même ton strabisme il a plus de charisme.

Hein ? Ça veut rien dire.

Moi : Ta gueule, j'ai pas de strabisme.

Isam : C'est ce que tu dis mais tes yeux disent le contraire.

Moi : Quand on est taillé comme une cuillère on vient pas ouvrir sa bouche.

Isam : Comment ça une cuillère ?

Moi : Frère t'es tout fin et t'as un tête plus grosse que...que Naza !

Je sais pas pourquoi j'ai dis ça j'ai paniqué.

Isam : Cours avant que je te balaye tes morts.

Je lui lance un sourire provocateur.

Isam : Ok.

Et il me balaye.

Moi : AH ! Mais t'es sérieux là ?!

Tout ce que ça provoque c'est son rire.

Isam : Bon aller je retourne manger moi.

Il s'apprête à partir pendant que je suis à terre mais dès qu'il fait un pas je mets ma jambe en travers de son chemin et lui fais un croche pieds.

Isam : Tu préfères des lilas ou des roses pour ton enterrement ?

Diego entre à ce moment là.

Diego : Wesh on vous entend depuis tout à l'heure. Vous avez fini ?

Je me redresse et reste assise par terre pendant que l'autre se relève.

Moi : Il m'agresse et me persécute.

Isam : Elle parle mal de mon corps d'athlète.

Diego : Ouais bon après je vous ai pas demandé de raconter votre vie.

Isam le tchip et je sors pour aller voir si on a besoin de moi pour débarrasser.

Ismayah Où les histoires vivent. Découvrez maintenant