Chapitre 32 : Le piège

266 21 0
                                    

« Nous voulons tous être aimés,

à défaut, être admirés,

à défaut, être redoutés,

à défaut, être haïs et méprisés.

Nous voulons éveiller une émotion chez autrui quelle qu'elle soit.

L'âme frissonne devant le vide et recherche le contact à n'importe quel prix. »

Poème du suédois Hjalmar Sôderberg

Pdv Thysia

Poséidon m'avait installée sur son trône et tentait de stopper mon hémorragie sans se douter un seul instant de ce que je préparais. De ce que Lyssa et moi préparions. Je sentais une légère douleur, là où Markos avait plongé sa lame. Mais, grâce à mon pouvoir et celui de Lyssa, elle était légère.

Il ne s'y attendait pas, avait bien trop confiance en moi pour penser que je pourrais le trahir. Et en soi, il avait raison. Jamais je ne pourrais lui faire de mal. Jamais nous ne pourrions lui faire de mal car, tout comme moi, Lyssa ne pouvait se détacher de lui. Elle le haïssait autant qu'elle l'aimait. Il était notre seul point faible, le seul capable de nous stopper.

C'est pour cette raison que nous devions le mettre hors d'état de nuire avant les autres.

Les autres... ils étaient inoffensifs. Aucuns d'eux n'auraient le temps d'intervenir. Ils seraient trop occuper avec Mélyne et Markos pour s'intéresser à la pauvre déesse blessée que nous étions. D'autant plus qu'Artémis et Athéna seraient incapables de se battre. Lyssa eut un rire moqueur.

- Elles sont faibles, se moqua-t-elle dans ma tête.

- Quand veux-tu que nous attaquions ? demandais-je sans faire attention à son commentaire.

- Bientôt, répondit-elle dans un murmure.

Je sentais sa joie couler dans mes veines. Elle était enfin sur le point d'obtenir ce qu'elle voulait.

Je me rappela alors un poème que j'avais lu quelques années plus tôt. Si je me souvenais bien il parlait du fait que chaque personne voulait être considérée. Que se soit avec de l'amour ou de la haine, chaque personne sur cette terre voulait être reconnue. C'était exactement ce que voulait Lyssa. Elle voulait qu'on la voit. Qu'on la connaisse. Et, si personne ne pouvait l'aimer, alors elle serait crainte, haïe. Mais plus jamais elle ne serait laissée dans les ténèbres sans fin de l'oublie.

Je songeais brusquement à quelque chose.

- Si tu les tues tous qui se souviendra de toi ?

Lyssa remua dans ma tête.

- Les hommes. Je vais tuer les dieux car ils m'ont effacée de la mémoire des hommes et m'ont laissée seule au fin fond du Tartare. Jamais je ne leur pardonnerais. Et je vais tuer une partie des mortels car ils sont bien trop nombreux à peupler cette planète.

- Et la paix ? Comment la trouveras-tu ?

Lyssa éclata de rire.

- Je vais anéantir les émotions des hommes qui resteront en vie. S'ils ne ressentent rien, plus aucunes émotions ne me parviendra. Et je serais enfin libérée de la douleur.

Je frissonna, quelque chose en moi me chuchotant que Lyssa ne me disait pas tout. Je devais me rappeler quelque chose, je le savais. Mais quoi ?

- Tu as froid ? demanda Poséidon en me sortant de mes pensées.

La Protégée Des OcéansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant