Chapitre 33 : Dernier adieu

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"Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants."

Jean D'Ormesson

Pdv Thysia

Lorsque ma vue se stabilisa, après que j'ai été aveuglée par une vive lumière blanche, je me redressa tout doucement, prête à ressentir la douleur traverser mes membres.

Mais je ne sentis rien. Aucune douleur. Aucun pouvoir.

Pas même les battements de mon cœur.

Je posais une main sur ma poitrine et me rendis compte que, si je ne sentais pas les battements de mon cœur, c'était parce qu'il ne battait pas.

Alors que je tentais de lutter contre l'effroi qui m'envahissais après cette prise de conscience, mon attention alors fut attirée par un bruit de sanglots.

Je redressais la tête et vit une femme prostrée au sol, les genoux remontés contre sa poitrine, ses bras enserrant fermement ses jambes et sa tête coincée contre ses cuisses. Puis j'avisa ses cheveux d'un blanc immaculé et j'écartillais les yeux.

- Lyssa ? demandais-je.

La femme redressa la tête, le visage traversé par un flot continu de larmes.

Et c'était bel et bien Lyssa.

- Je ne les entends plus, murmura-t-elle. Je ne les entends plus.

Elle avait les yeux écartillés et les pupilles dilatées. Et elle semblait bien loin de la déesse sombre que j'avais connue.

Sans me relever totalement, je m'approchais d'elle et posais les mains sur ses épaules.

- Qu'est-ce que tu n'entends plus ? interrogeais-je.

- Les voix, répondit la déesse dans un murmure. Les voix se sont tues.

Et je compris alors que ses larmes étaient des larmes de joie. Lyssa continua :

- Je n'entends plus toutes les émotions. Je n'entends plus Chaos. Je suis libre.

Elle s'étrangla.

- Je suis en paix. C'est comme si j'étais redevenue celle que j'étais avant.

Je me laissais tomber à côté d'elle, figée. Il n'y avait qu'une seule explication à tout ça.

- On est mortes, murmurais-je.

Lyssa se redressa brusquement.

- Quoi ? s'exclama-t-elle.

- On est mortes, répétais-je.

Elle secoua la tête.

- Non. C'est impossible.

Je la regardais avec tristesse.

- Réfléchis Lyssa. Comment expliques-tu que la folie t'as brusquement quittée ? Que nos cœurs ne battent plus ?

Elle porta une main à son cœur, ébahie.

- Mais... Comment ?

Je secouais la tête.

- Je ne sais pas. Peut-être que c'est à cause des artefacts.

Elle fronça alors les sourcils.

- Mes enfants. Tu as tué mes enfants.

Je me tendis et sentis les larmes me monter aux yeux.

- Je suis désolée, murmurais-je.

Alors Lyssa réagit d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Elle posa une main délicate sur mon bras et m'adressa le sourire le plus doux que j'avais jamais vu.

La Protégée Des OcéansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant