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— T’es où Poulette ?

J’eus tout juste le temps de m’enrouler dans une serviette au sortir de la douche que Margot déboula dans la chambre.

— Tu m’as trouvée on dirait, grognai-je.

— Réveil difficile, hein Poulette ?

Je la regardai, surprise par son petit air satisfait, me doutant que ce qu’elle allait dire ne me plairait pas forcément.

— Bah oui. Il est plus de midi et t’as pas ouvert la librairie, Aline ne t’a pas vue faire ta commande de pâtisseries pour tes lardons du mercredi après-midi, sans oublier que mon patron est carrément furax aujourd’hui. Donc, CQFD, il y a une couille dans le potage.

— Quelle élégance, marmonnai-je en attrapant des sous-vêtements propres et une robe dans la penderie.

— O.K., je n’ai pas de mérite. On t’a vue pas très fraîche hier soir.

Je me relevai, soudainement plus attentive.

— Qui ça, on ?

— On s’en fout du on. Tu sais bien que l’info circule vite ici. Mais putain ! La douce et sage Émilie complètement bourrée ! J’aurais aimé voir ça, rit-elle.

Rire que je ne partageai pas, morte de honte. Je me rassis sur le bord du lit, la tête entre les mains, dépitée.

— Bon, alors ! Raconte, me pressa Margot.

— Je ne me souviens pas de la soirée. Juste que j’allais manger et que ton boss est venu gâcher mon repas. Il y avait un type dans le restaurant avec qui j’ai discuté et bu quelques verres et ton patron n’a pas vraiment apprécié. D’ailleurs, je crois même que je lui ai dit d’aller se faire foutre.

Le souvenir remonta, sans que je ne m’y attende, ce qui accentua mon malaise.

Et merde ! Je l’avais insulté et cela ne l’avait pas empêché de m’aider.

— Et… ?

— Et je me suis réveillée dans son lit.

— Oh putain !! J’y crois pas. Je l’adore ce type !

— Ne t’emballe pas. Le réveil a été brutal et loin d’être tendre. S’il avait pu me cracher à la figure, il l’aurait fait.

— Là aussi, on s’en fout ! Ma copine qui se réveille dans le lit d’un homme, ça vaut bien les gros titres !

— Margot, s’il te plaît… Je me sens suffisamment mal, n’en rajoute pas. Je me suis excusée, mais il me les a renvoyées aussi sec. Apparemment, j’ai failli repartir avec l’autre gars, mais ton patron m’en a empêché. Et pour couronner le tout, j’ai été à deux doigts de lui vomir dessus.

Je levai la tête vers Margot, mais lorsqu’elle vit mes yeux embués de larmes, son euphorie retomba comme un soufflet. Elle vint s’asseoir à mes côtés et me prit dans ses bras dans lesquels je me surpris à me laisser aller.

— Ma Lili, qu’est-ce qui se passe ?

Mon Dieu ! Si je le savais…

— Vous vous êtes parlé depuis l’autre jour ?

Je secouai la tête négativement.

— Je ne pense pas qu’il ait très envie de me voir, encore moins me parler.

— Alors pourquoi il est tendu comme la ficelle d’un string ?

Sa remarque m’arracha un sourire malgré tout.

L'envol fragile du papillon  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant