PDV Néa
Quatre ans. Presque quatre ans qu'Oseron est partie en fumée, presque effondrée. Presque trois ans que j'ai assisté à un véritable massacre. Depuis, de jours en jours, notre ville perd de l'altitude. Les dieux et les scientifiques cherchent un moyen de maintenir la cité en vol mais à part les techniques démoniaques rien ne marche et aucune solution n'a été trouvée. La plupart des archanges de la noblesse ont fui, par peur d'être vus comme des alliés de Rafael, l'ancien régent. Et nous, ceux qui sommes restés, avons vu Oseron être reconstruite, puis être peuplée de plus en plus de dieux, qui ont repris l'administration de la ville dans la but de nous apporter notre aide tant que nous ne serons pas entièrement autonomes. Les dieux dans les rues, des dieux dans les journaux, des dieux jouant les touristes. Des guerriers divins à tous les coins. Nous étions complètement sous surveillance. Ils n'étaient pas là pour nous aider, mais pour prendre le contrôle de la ville. Et ça tous les habitants l'avaient compris. Mais que faire ? Ils étaient immortels et tout puissants. Nous étions affaiblis, sans chef, désorientés et n'avions aucun allié dans le Laurus. Nous étions sous leur entière domination.
Ils reconstruisaient Oseron à l'image de leurs villes, avec des immeubles gigantesques et majestueux, brillants, dorés, sans aucun charme de la modestie archange ou même aucun respect pour nos coutumes. Pour notre famille. En me dirigeant vers chez moi, j'ai sorti mon BO, l'avant dernier modèle, pour écouter des chansons elfiques. On n'est pas les meilleurs en musique, à Oseron. Ni même en technologie. Notre art n'est pas le plus beau, et même si avant on était au firmament du Laurus, maintenant on nous voit comme des arriérés naïfs. Dépourvus de la grande sagesse qui jadis nous caractérisait, du savoir étendu et sacré qui faisait notre essence. Je pense que même des archanges croient en ce point de vue.... En survolant près d'un Edel, une sorte de petite plate forme blanche immobile volante, j'ai vu que des dieux étaient en train d'ériger des statues de leurs personnalités importantes. Évidemment tous sauf le roi éternel, dont on ne peut reproduire la grandeur par l'art. Aux pieds du chantier, qui avançait à une vitesse inouïe (ils n'étaient pas la ce matin mais avaient presque fini, la magie est vraiment extraordinaire. Dommage que les archanges ne peuvent pas y accéder) se trouvait un démarcheur archange, derrière lui se trouvaient des hologrammes félicitant des scènes épiques prenant place à différentes époques avec des personnages lumineux sensés être des dieux :
-... Seuls les immortels peuvent nous sauver ! Nous sauver de nos souillures démoniaques ! Notre famille a besoin de leur lumière !
Je suis passée devant lui sans réagir. Comme tout le monde. Mais on savait qu'il avait raison. Sans les dieux, Oseron serait détruite depuis longtemps. Juste que... Tout ça... Ça tournait en domination, en contrôle forcé. En colonisation. Partout je voyais des affiches annonçant la construction d'un nouveau bâtiment, beaucoup trop cher pour les archanges lambda. Des bâtiments divins. Il n'y avait plus de plaisir à voler simplement et à se promener dans Oseron. Ma ville avait perdu de sa beauté. Je suis passée devant un groupe de guerriers divins avec le badge, avec deux signes en forme de V noirs croisés. Des gardes des Aeren. Les Aeren sont la famille divine devenue responsable de la gestion d'Oseron, leur chef est un des dix dieux formant la légion dorée : Digfurd Aeren. Ça rendait les membres de leur clan ainsi que leurs gardes intouchables, plus même que les dieux normaux. J'ai baissé les yeux devant eux. En signe de soumission. C'était devenu un réflexe. Au contact des dieux, on ressent comme une pression incroyable sur nous même. Comme si notre corps allait exploser si on ne se soumettait pas. J'ai accéléré ma vitesse de vol jusqu'à chez moi, un bâtiment typiquement archange, comme ceux qui commencent à disparaître petit à petit. Un immeuble blanc, loin de la brillance de l'or et du chrome divin. Loin de leur modernité aussi. J'ai atterri sûr le balcon fleuri, que ma mère entretenait avec le plus grand soin. Des fleurs à des dizaines de millier de mètres d'altitude, ça relève du miracle. Mais c'était ce genre de miracle que les cultures et les sciences archanges peuvent permettre. Une culture mourante. Préoccupée, je suis entrée dans notre grande salle à manger. Les pièces à la mode archange sont espacées, histoire de laisser respirer nos ailes. Après on peut aussi s'appliquer du Goum, une crème pour les faire disparaître et les rendre intangibles. Mais ne pas sentir le poids de mes ailes dans mon dos me fait me sentir mal à l'aise et en manque d'équilibre. Je me suis dirigée directement dans la chambre de mon frère. Il lisait un livre, assis dans son fauteuil, sur son balcon. Toutes les chambres archanges avaient un plafond extrêmement élevé, étaient spacieuses et devaient obligatoirement avoir un balcon. Sachant que nos ailes ne commencent à pousser qu'à partir de nos 10 ans, c'est une mise en condition extrêmement précaire. Mon frère, Damian, avait... Eu quelques problèmes, par rapport à la poussée de ses ailes. Elle a eu lieu extrêmement tôt, à ses 7 ans, alors que son squelette était encore fragile. Ça lui a endommagé la colonne vertébrale, lui paralysant le bas du corps. On a dû lui amputer ses ailes par chirurgie avant qu'elles ne continuent de pousser et détruisent le reste de son dos. Il était un archange sans ailes. Il y avait un terme pour ça. Un néphilim. En soi ça n'avait rien de ra baissant mais pour nous ce mot avait une connotation insultante. En m'entendant arriver, il fit tourner son fauteuil. Avant il en avait un fonctionnant grace à la science moderne archange, dirigé par la pensée, mû par une forme d'énergie qui s'avéra plus tard être une variante d'énergie démoniaque. Rafaël ayant été le chef de tous nos instituts de recherche, la plupart de nos appareils fonctionnaient avec sa science. Et donc la plupart des technologies qu'on utilisait tous les jours ont été détruites par les dieux. Et mon pauvre frère s'est retrouvé à devoir utiliser sa bonne vieille huile de coude pour se mouvoir. Il posa son livre ouvert sur ses genoux. À le connaître, c'était sûrement un trux sur la magie. Il en était fan. C'était devenu une obsession. Mais nous étions des archanges. Devenir mage était déjà difficile pour des mortels normaux, alors nous qui n'avions même pas de joyau de lumière, c'était impossible. Enfin... Peut être pas depuis la soudaine augmentation du taux d'énergie dans l'air ces deux dernières années. Il m'a regardé, interrogatif. J'ai baissé les yeux. Azraël avait peu de chances de survivre. Comment lui dire ça ? Comment annoncer une mauvaise nouvelle aussi grave à un adolescent de 14 ans ? Le problème, c'est que mon frère est intelligent. D'une intelligence inouïe. Il a deviné directement. Il n'a rien dit. Peut être analysant chaque mot qu'il conviendrait de dire. Peut être analysant des propres émotions. J'ai fermé les yeux pour ne pas pleurer. Mon coeur se serra. J'ai entendu ses roues grincer. Puis j'ai senti sa main prendre la mienne. Il souriait, pour me rassurer. Honnêtement, en ce moment, il y avait tellement de choses dans ma tête... Que tout a explosé en une fois. J'avais peur pour mon peuple. Était ce anormal ? Mais que pouvais-je faire, moi, une adolescente archange de 16 ans, pour changer les choses ? Face à ces puissances vertigineuses, je n'étais rien du tout. Ça devait être comme ça que les autres archanges se sentaient aussi.
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Les Immortels : La révolution du ciel, Tome 6
Fantasy"-Notre ville et notre peuple sont en pleine décadence, seuls les dieux peuvent nous sauver, nous devons nous soumettre car eux seuls détiennent le pouvoir de nous faire renaître !!" s'emporta le démarcheur sur la grande place. Personne n'osa faire...