Pdv AndorraJe l'ai regardé. Dans son regard il n'y avait aucune hésitation. J'y voyais une expression qui s'installait souvent sur son visage ces deux dernières années : une expression satisfaite, légèrement lassée, signe que tout se passait toujours comme il le prévoyait. Que dans sa tête, dans un coin, se trouvait un plan minutieux, ou plutôt des milliers de plans minutieux, des milliers de chemins qu'il prenait en sachant très bien où ça allait le mener. Sauf que nous ne savions pas. Nous ne savions jamais ce qu'il avait en tête. Lui par contre était au courant de tout à chaque instant. Et cela avait créé comme une distance entre lui et nous. Peut être était-ce involontaire, mais cette distance existe. Elle est la chaque fois qu'il fait une crise, que son esprit agonise à cause de toutes les informations qui lui parviennent, qu'il hurle des nuits durant qu'il souffre et qu'il sent que son humanité le quitte peu à peu. Lorsque, sans répit, il appelle la mort pour qu'elle vienne enfin achever ses souffrances, en se crispant et se débattant dans son lit après avoir ressenti encore et encore la douleur et la souffrance de millions, de milliards de gens simultanément. Et nous ne pouvons rien faire. Rien à part le soutenir dans ce combat qu'il mène. Qu'il se force de mener. En sortant nuit et jour pour sauver qui il peut, pour essayer d'atténuer sa douleur. Je dois l'admettre. Je l'aime, et jamais je ne l'abandonnerai, jamais je ne le laisserai souffrir sans rien faire. Mais le Blake devant moi n'est plus le même que le Blake d'il y a deux ans. Peut être qu'il ne voulait pas changer à ce point la. Sauver des vies de cette manière. Incarner l'espoir en se sacrifiant constamment, porter les destinées de tout l'Univers sans même en avoir une. Parfois je me sens coupable d'avoir fait moi même le choix de sacrifier un futur où nous aurions pu être heureux.
J'aimerais pouvoir vous dire que j'ai toujours eu une grande envie de revenir à Oseron pour arranger les choses, en tant que membre de la famille royale. J'aimerais pouvoir vous dire que je n'ai pas naïvement confié la gestion du problème à mon père adoptif et mon frère adoptif après la bataille contre Deus. Que je n'ai pas consacré ces deux dernières années de ma vie à vivre librement dans la société humaine, à avoir mon diplôme, à commencer ma vie étudiante en intégrant une école militaire, à mener une vie paisible couplée à mon quotidien de gardienne masquée. Mais c'est le cas. Et Blake avait toujours fait en sorte que ça le soit. Même si je n'en voyais pas l"utilité il voulait que je vive. Chose impossible, parce que dans ma tête j'avais sa souffrance à lui. Et puis j'ai vu ces deux archanges se prosterner devant moi. J'ai ressenti de la culpabilité. De la honte. Et maintenant voilà qu'ils se prosternent encore devant mes ailes. Et je me suis rappelée de mon rôle. Une gardienne, mais aussi une archange. Une archange avec un devoir envers son peuple. La voix de Blake surgit dans ma tête :
"C'est l'occasion d'en découvrir un peu plus sur toi. Sur tes origines. Et pour faire enfin un peu connaissance avec Lisa. "
Lisa ? Quel lien avec Lisa ? Elle est aussi entrée à l'école militaire, mais en section médecine... Je ne vois pas trop pourquoi elle doit venir... Puis je me suis rendue compte que les trois archanges étaient encore en train de se prosterner :
-Attendez attendez, Relevez vous. Je suis une archange de sang royal, c'est évident que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver mon peuple. Vous voir vous prosterner devant moi me met franchement mal à l'aise.
-Mais... Une archange royale ici... Comment est-ce possible ? demanda le garçon qui s'appelle Damian je crois.
-C'est une longue histoire... ai-je répondu.
-Longue histoire que vous vous raconterez pendant votre excitante aventure. Allez, des vies sont en jeu et moi j'ai un truc à régler aussi de mon côté. J'ai rendez-vous au Dévonium là, donc dépêchons, dépêchons. intervint Blake.
Ce ton un peu agaçant et légèrement comique, il le prend beaucoup." Le meilleur moyen de ne jamais d'énerver c'est de tout tourner au comique "m'a-t-il dit un jour. Pour repousser ses pulsions violentes de monarque berserker ainsi que sa fureur divine, il tourne tout en dérision. La pierre philosophale l'empêche d'utiliser la magie mais elle est constamment à deux doigts de craquer. Un seul faux pas et tout pourrait partir en vrille.
-Attendez ! Je veux venir ! dit alors Lisbeth en se mettant devant Blake.
Son regard ne ferait pas penser à une fille de 10 ans. C'est fou comme on dirait une petite Euthania. Sa manière de se tenir, sa façon de se battre... C'est sans doute chez elle que le traumatisme de sa mort a été le plus profond.
-Que dira Apollon ? demanda Blake.
C'est vrai que maman n'allait pas approuver qu'elle rate des jours de cours comme ça... Nous encore ça va mais elle est encore en primaire...
-Tu pourras arranger le coup... dit elle.
-Je te signale que je suis juste l'être le plus puissant ayant jamais existé, je vais pas risquer de tenir tête à Apollon, je suis peut être immortel mais je suis pas suicidaire. répondit Blake.
-Ca me tient beaucoup à coeur... insista Lisbeth.
Une affaire d'oppression de la part des dieux... C'est vrai que ça devait sonner une corde sensible chez elle, ancienne esclave. Blake la regarda et lui mit l'index sur le front :
-Je te laisse un joker alors, mais c'est une exception. Allez, il est temps d'y aller. Moi je suis pressé.
Il claqua des doigts et son énergie nous enveloppa à une vitesse incroyable. Lisa soupira :
-Il refait le coup.
-J'ai bien peur que oui. ai-je dit.
Et soudain nous fûmes téléportés, tous les 7, dans l'antre de la grande mage.*****
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Les Immortels : La révolution du ciel, Tome 6
Fantasy"-Notre ville et notre peuple sont en pleine décadence, seuls les dieux peuvent nous sauver, nous devons nous soumettre car eux seuls détiennent le pouvoir de nous faire renaître !!" s'emporta le démarcheur sur la grande place. Personne n'osa faire...