Les Immortels : La révolution du ciel, Tome 6

Chapitre 36 : Des monstres

                                Pdv Thay

J'ai regardé mes tripes sombrer lentement dans la cuvette des toilettes, mélangées à un peu de mon sang. Mon estomac faisait des bruits bizarres, signe que ce n'était encore que le début. Mon mal de crâne me torturait. Ma vision était trouble et le goût du sang restait dans ma bouche. Je suais à grande goutte. Les contractions violentes de mon ventre me faisaient mal. La douleur ne faisait haleter.
-Ton corps rejette toute nourriture ingérée, tout ce qui lui est étranger. Si tu as de la chance le rejet s'arrêtera là, sinon les choses vont empirer. Je peux te donner des pilules analgésiques pour stopper momentanément ta douleur mais la transformation continuera au fur et à mesure de la journée. Quelques effets de l'opération devraient déjà s'opérer. Tes yeux qui s'habituent plus vite à l'obscurité, tes oreilles et ton odorat qui ont une plus grande portée. Il faut que l'énergie démoniaque afflue dans ton sang et parcoure tout ton corps. Je te suggère donc de rester conscient et en mouvement pour t'habituer, surtout si tu veux participer à l'opération qui aura lieu dans un peu plus de 10 heures. me disait Sined de l'autre côté de la porte.
Mes vomissements m'empêchaient de me concentrer pleinement sur ce qu'il disait. Ma tête me tournait. Je sentais mon corps dépérir. Mes cellules crier d'agonie. J'avais des frissons constants, des spasmes, des crampes même. Je ne pouvais pas rester conscient dans ces conditions. Mon esprit sombrait peu à peu. Soudain la porte des toilettes s'ouvrit, Danielle entra, me prit par le bras et me força à sortir dehors, elle me plaqua contre un mur et me donne un crochet violent sur la joue droite. La douleur fulgurante me dit retrouver mes esprits :
-Concentre toi ! me dit-elle.
-Aaaaah... fut tout ce qui pût sortir de ma bouche.
Elle rajouta un crochet, puis un autre, puis un coup de genoux dans le ventre. Je résistais de toutes mes forces, instinctivement, comme on m'avait appris à l'entraînement.
-C'est bien ! Concentre toi ! Utilise tes forces ! Ne pense pas à la douleur ! Fais-en ton amie, la seule qui sera toujours avec toi, c'est cette douleur ! Utilise la comme ça ! s'exaltait Danielle en me tabassant de plus belle.
Elle me releva de force :
-Regarde toi ! Tu n'as aucune séquelle ! Aucune blessure ! Tu sais pourquoi ? Parce que tu es un des nôtres maintenant ! Un monstre... Cette douleur c'est le signe que tu es un monstre... Et les monstres doivent souffrir, toujours souffrir, cette douleur c'est ta force, ce qui te poussera à vivre, à combattre. La douleur, c'est ce qui pousse les monstres à tuer !
Elle me souriait frénétiquement, ses yeux brillaient d'un rouge sang :
-Frappe moi ! me dit-elle
-... Que... Quoi ?
-FRAPPE MOI !! Hurla-t-elle en me donnant un direct dans le nez.
Elle me tabassa de plus belle en hurlant "FRAPPE MOI !!  FRAPPE MOI !!". Ses coups devenaient de plus. J'ai fini par réagir presque inconsciemment, mû par l'habitude des entraînements, je me suis dérobé et je lui ai mis un direct dans le ventre qui l'a éjectée dans le mur dans un bruit assourdissant, détruisant presque la paroi. Pendant un instant, pendant un bref instant, la douleur dans mon corps avait disparu. J'avais ressenti quelque chose d'intense, extrêmement court mais intense. Une sorte d'extase au creux du ventre. Une extase qui avait explosé, pris tout mon corps comme une flamme, puis disparu aussi brusquement qu'elle était apparue. Et maintenant la douleur revenait. Danielle ricana:
-Tu vois ce sentiment ? Tu vois ce que tu ressens la ? C'est la trépidation des combats... Tu souffriras à chaque fois que tu ne te battras pas. Tu te sentiras mal tant que tu n'auras pas blessé quelqu'un. Tu as faim de violence... De destruction. Ça te nourrit. C'est devenu ta drogue. C'est utiliser ta force qui te soulage, maintenant. Et ça deviendra plus important que tout, plus même que ta propre vie. C'est ce que tu es maintenant, un démon. Tu n'as plus que ça.
Et elle partit dans un fou rire terrifiant pendant que je la contemplais. Je ne savais que ressentir face à elle. Elle me semblait perdue. Elle était peut être folle, mais même si ces mots étaient enveloppés d'une certaine folie, rien ne m'otera l'idée qu'ils étaient surtout empreints d'une tristesse insondable.

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