Les Immortels : La révolution du ciel, Tome 6

Chapitre 72 : Sombrer dans les ténèbres

                            Pdv Andorra

Je me suis retrouvée comme entourée par les ténèbres les plus insondables. Je ne voyais rien. J'étais confuse. Mes sens étaient comme engourdis... Des voix lointaines me parvinrent :"Rathaes... Rathaes... Mademoiselle Andoreis Rathaes..."
Et je me suis soudainement retrouvé devant un souvenir. Une scène de mon enfance, ou mon instructeur me félicitait devant tous les autres petits dieux de mon groupe d'apprentissage.
"Mademoiselle Andoreis Rathaes ici présenté vient d'obtenir le meilleur résultat au dernier test d'aptitude, rien d'étonnant pour une membre de la famille royale, un être destiné à atteindre les plus hauts sommets de notre monde". Je me sentais fière de ses compliments. Je pensais que j'étais vraiment spéciale, je souriais de toutes mes petites dents de gamine. Et au fur et à mesure de mon apprentissage, je n'ai reçu que ce genre de remarques. Jusqu'à ce que je me rende compte que ce n'était pas à moi qu'ils rendaient hommage. Mais à ma famille. À ma lignée. Enfin... À ma famille adoptive. Je n'étais qu'un simple élément d'une chaîne dorée. Sans jamais être plus. Mon ego ne pouvait pas le supporter. Je détestait les instructeurs. Les autres dieux aussi. Tous ces hypocrites qui m'entouraient. Et je me croyais spéciale de ressentir ça, de contester le système rien que dans ma tête. J'étais satisfaite. Puis j'ai été ramenée à la réalité. La très très dure et cruelle réalité. Celle qui n'avait de pitié pour personne. Sombre, macabre, que subissaient toutes les personnes vivant en dehors de Milderon. J'ai compris que mes problèmes de princesse n'étaient rien. Et que face à ce monde... J'étais impuissante. Je n'étais rien. Ça me rendait furieuse. Ça me désespérait. La mission pour la larme d'archange n'a été que succession de déceptions, de pleurs, de frustration, de stress devant notre manque de contrôle de la situation. Cette angoisse permanente dans la vie où on ne sait pas face à quel obstacle insurmontable on allait faire face... Je déteste ça. Je voulais me donner la force de combattre la réalité. Mais tout ce que j'ai été foutue de faire c'est oublier Blake, me disputer avec lui pour le projet Athanatos, me faire sauver par lui face à Deus... Je n'ai jamais pu accomplir de grands changements. Quand j'y pense, les ambitions de la jeune et naïve Andorra étaient encore présents en moi. Cette envie de grandeur acharnée. Ce désir de jouer un rôle majeur, de pouvoir changer les choses, de me lever face au monde. Tour ça pour quoi ? Pour que ma seule présence cause la destruction de ma ville d'origine, mette mon peuple en danger. "Tu as tout raté, Andorra". Cette pensée surgit brusquement, dans les ténèbres, sans aucun signal. Elle me fit extrêmement mal, mais je ne savais pas exactement où. "Tu n'as pas agi en souveraine", "Tu as condamné ton peuple à la destruction", "Tu as déshonoré tes parents", "Tu n'es pas digne, tu es faible","Plus faible que tout". Je ne devais pas céder. Ne pas céder à l'angoisse, au désespoir et à la colère. Cette frustration profonde n'aura pas raison de moi. Jamais plus... Ça ne devait pas finir comme dans la quête pour la larme d'archange. Je ne pouvais pas laisser les autres me sauver à chaque fois. Je ne pouvais pas me laisser aller en attendant que Blake sauve la situation. Comment je pourrais me tenir à ses côtés si il devait toujours se mettre devant moi et me protéger de mes peurs et mes doutes ? Je devais les affronter moi-même. "Tu ne le mérites pas". Celle-ci fit bien plus mal que les précédentes. Parce que j'ai eu plus de mal à la contredire. "Tu n'as pas su atténuer sa souffrance. Tu n'as pas su être là au bon moment. Tu ne peux rien lui apporter". Le sol se déroba sous mes pieds, je me suis sentie sombrer. Mes doutes les plus profonds venaient me désarçonner. "Tu es faible, et tu ne peux rien y faire. C'est pour ça qu'il va te laisser. Que tout ce à quoi tu tiens va disparaître. Que tous vont t'abandonner. Tes parents sont morts et tu n'as pas cherché à découvrir leurs origines. Tu as délaissé ton royaume en flammes aux dieux. Face aux crises de douleur effroyable de Blake tu n'as rien fait. Tu as laissé Lisa et Lisbeth s'enfuir seules et voilà le résultat. Tout cela n'a été que le fruit de ton impuissance"
Mes sens se faisaient de plus en plus engourdis. Que m'arrivait-il ? Les ténèbres de faisaient de plus en plus présents. Je me sentais me faire engloutir... Encore un échec ? Encore une fois... Mes angoisses avaient eu raison de moi... Suis-je condamnée à ne jamais pouvoir réussir quoi que ce soit ? À ne jamais pouvoir surmonter ce qui me torture seule ? La dernière chose que je pus percevoir fut un souvenir, avec la voix de Blake :
"Qu'est-ce qu'un démon ? Un être maléfique ? Une abomination ? Un monstre ? Les démons sont nés de la solitude de Deus. Ils sont nés du désespoir, nés des ténèbres. Ils sont éternellement vides, affamés. Ils errent dans l'Univers en quête de satiété, tourmentés par le désespoir et la solitude dans laquelle ils sont nés, sans jamais réussir à s'en débarrasser. Un démon est fait de désir, d'un désir profond, viscéral. Un désir qu'il est prêt à tout pour assouvir. La source de son pouvoir, comme la magie, est sa volonté. Mais sa volonté se rallie avec sa faim terrible. Renforçant son envie de consumer, de dévorer tout ce qui l'entoure. Et lorsqu'un démon est entouré de ses ténèbres, lorsqu'il est forcé de faire face à sa faim sans pouvoir y échapper, qu'il se laisse engloutir... Une calamité en naît. Les démons de rang D à B sont dénués de conscience, n'agissent que sur instinct. Mais les plus dangereux sont les démons de classe A, conscients et intelligents avec une faim bien plus énorme à contenter. Ensuite viennent les démons comme toi, comme nous, comme celui qui se cache en toi et qui n'attend que le moment propice pour sortir. Les démons de classe S. Et lorsque ceux là sont de sortie, ils ne peuvent qu'apporter désespoir et destruction dans ce monde."

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