𝟹𝟼. 𝙿𝙰𝚂𝚃 〣 𝚄𝚗𝚎 𝚋𝚘𝚞𝚝𝚎𝚒𝚕𝚕𝚎 à 𝚕𝚊 𝚖𝚎𝚛

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Mai.
Taehyung était un peu nerveux à l'idée de se rendre à la clinique. Quand il avait finalement confié à Jimin qu'il étudiait sérieusement sa proposition, ce dernier avait sauté au plafond, et laissé éclater sa joie au téléphone. C'était fou comme son propre bonheur passait avant le sien : Jimin semblait aussi heureux que sa la bonne nouvelle l'avait concerné lui. Il pensait à Yoongi en cet instant, qui dispensait ses cours de piano et qui n'avait pas pu être présent. Au lieu de cela, c'était sa mère qui était présente à ses côtés, et qui serrait fort sans main de libre dans la sienne.

- Ça va aller mon chéri, murmura-t-elle.

Taehyung se doutait bien, que tout allait aller. Mais il ne pouvait pas empêcher son genou droit de tressauter à mesure que les secondes, puis les minutes défilaient.

- Maman...
- Oui Tae ?
- Imagine que ça soit vrai...
- Ce serait formidable mon ange.

Et elle passa une main réconfortante dans ses cheveux. Taehyung esquissa un sourire, ne doutant pas un seul instant que sa mère faisait de même, et reporta son attention sur les tâches sombres qu'il percevait un peu partout autour de lui.

Il n'avait jamais été très friand des ambiances hospitalières, médicales en règle générale. Cela lui rappelait bien trop de souvenirs d'enfance où il se rendait presque chaque semaine chez une spécialiste pour étudier la dégradation de sa vision périphérique. Il se souvenait encore avec précision quand il avait appris, si jeune, que sa vision ne se stabiliserait sans doute jamais. Que les chances pour qu'il voit jusqu'à la fin de sa vie étaient infimes. Sa mère avait fondu en larmes ce jour-là, et son père l'avait pris dans ses bras pour le rassurer. Taehyung n'avait pas totalement compris, à ce moment-là, qu'ils étaient réellement triste pour lui : l'enfant qu'il était avait bien cru que le médecin disait cela pour lui faire peur. Et puis son père lui avait acheté une nouvelle canne, en lui disant qu'il pourrait l'utiliser jusqu'à son adolescence et il avait compris : il était condamné.

Il n'avait pas pleuré ce soir-là, ni les suivants. Taehyung s'était juste demandé pourquoi lui, et pas quelqu'un d'autre. Avant de se faire la réflexion que ce potentiel quelqu'un d'autre ne méritait pas plus que lui d'être à sa place. Non, Taehyung n'avait pas pleuré sur son handicap pendant des années. Il était né comme ça, et malgré les moqueries de ses camarades de classe dès la petite enfance, il avait gardé la tête haute. La première fois que Taehyung avait éclaté de rage et de pleurs envers lui-même était à sa rentrée au lycée. Quand il avait réalisé que le monde autour de lui changeait radicalement, et qu'il était de moins en moins apte à le voir. Quand il rentrait, exténué après une journée de cours à avoir gardé la tête haute malgré les œillades qui lui étaient délivrés. Il avait réalisé, un soir, qu'il voyait de moins en moins le monde qui l'entourait, et il avait éclaté en sanglots. Il ne l'avait jamais dit à ses parents, pour ne pas les inquiéter. Ce soir-là, c'était Jimin qui l'avait consolé au téléphone. Jimin avait toujours eu les bons mots.

Jimin avait toujours été son ancre, tout le temps, dans toutes les circonstances.

- Taehyung, ça va ? Tu es sûr ?

Sa mère avait remarqué sa nervosité.

- Tu veux que j'aille t'acheter une barre chocolatée ? Quelque chose aux fruits ?
- Non merci maman, c'est gentil.

Sa mère avait toujours eu tendance à le materner dans de pareilles situations, et Taehyung ne lui en avait jamais voulu. Sa mère était une personne en or, il le savait très bien. Une mère qui avait fait le choix de n'avoir qu'un fils au lieu de deux enfants, comme elle l'avait souhaité de base avec son époux. Elle avait sacrifié son rêve, son mari avait fait de même pour pouvoir l'élever et le supporter au mieux. Ils n'avaient pas voulu se laisser déborder par un deuxième enfant, de peur qu'il prenne trop de place au détriment de leur petit Taehyung.

COULEURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant