COULEURS

𝙸𝙽𝚃𝙴𝚁𝙻𝚄𝙳𝙴 〣 𝙱𝚛𝚘𝚞𝚒𝚕𝚕𝚊𝚛𝚍 𝚜𝚎𝚗𝚝𝚒𝚖𝚎𝚗𝚝𝚊𝚕 𝚙t.𝟸

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Novembre, le lendemain de la soirée.

Jungkook avait envie de vomir. Il se sentait mal depuis la soirée de Jin. Et Il n'avait pas quitté son appartement du lendemain. Il avait annulé tous ses plans. Il avait envoyé balader Iseul qui avait tenté de lui téléphoner à maintes reprises. Quand son réveil lui indiqua que déjà, il était midi passé, il se décida à enfin quitter son lit. D'un geste rageur, il arracha ses draps qu'il jeta en boule dans un coin de la pièce. Il devait laver tout ça au plus vite. Tout. Tout ce qui sentait encore lui. Et puis, Jungkook se dirigea dans sa salle de bain, le dos douloureux, les traits tirés et des cernes bien marquées sur son joli visage. Il s'y enferma, entra dans sa douche minuscule et alluma l'eau tiède. Il se frotta pendant de longues minutes, essayant d'ignorer les petites griffures sur ses côtes, et le suçon qu'il avait juste là, sur son ventre. Il ne l'avait pas raté. Jimin ne l'avait pas raté.

Et cette nouvelle constatation le fit panteler. Il se rattrapa in extremis à son lavabo, non loin de là, et ferma les yeux un bref instant. Comment avait-il pu en arriver là, hein ? Jeon Jungkook ne se reconnaissait plus. Il s'accroupit, le pommeau de douche toujours entre les mains. Un gémissement empli de douleur quitta sa bouche et il pleura. Encore. Jungkook n'avait pas pleuré ainsi depuis des années. Plus que jamais, il se sentait pathétique. Plus que jamais, les mots de son père lui revenaient à l'esprit. Un raté. Un putain de raté. Voilà ce qu'il était. Et ce lendemain de soirée en était la preuve ultime.

Il ne sut pas combien de temps il resta là, à sangloter accroupis sous le jet d'eau trop tiède, mais il lui sembla que son corps se détendait déjà un peu plus. Jungkook attrapa une serviette, se sécha, évitant avec soin de croiser son regard dans le reflet du miroir, et sortit de sa salle de bain. Il avisa le tas de linge au fond de sa chambre, baissa les yeux, soupira, et le prit du bout des doigts, pour les mettre dans la machine à laver. Et puis, ce fut là qu'il le vit. Son sweat-shirt. Il avait oublié un vêtement chez-lui. Jungkook attrapa le vêtement, avec la furieuse envie de le piétiner, de le déchirer, mais il n'en fit rien. Au lieu de quoi, il s'assit sur le bord de son lit, et jeta un regard vide au vêtement qu'il tenait entre ses mains. Il ne lui rendrait jamais, et il le savait. Parce qu'il refusait de croiser à nouveau le regard de ce garçon. Parce qu'il refusait même d'en entendre parler.

Pourtant, quelques secondes plus tard, c'était dans ce même vêtement que Jungkook avait enfoui son visage, respirant cette odeur si singulière que portait Jimin. Il ferma les yeux, bascula en arrière sur son lit et sentit de nouveau les larmes lui monter aux yeux. Il se haïssait d'être autant à fleur de peau. Mais il le sentait à nouveau. Contre lui. Sur lui. En lui. Il se souvenait avec précision – et cela l'effraya – des sensations de sa bouche sur la sienne. Du dernier baiser qu'ils avaient échangé avant qu'il ne le quitte. Il l'avait presque supplié de rester. Jungkook se donna une claque violente. Depuis quand. Depuis quand était-il comme ça ? Il respira à nouveau dans le vêtement, laissant les souvenirs de la veille l'assaillir de toute part. Il l'avait laissé le toucher, faire ce qu'il voulait de lui. Jamais Jungkook n'avait autant apprécié être dans cette position-là au début. Il aimait dominer les échanges, mais avec lui, tout avait été différent. Et puis, Jimin lui avait fait toutes ses choses, ses choses qu'il avait désirées à l'instant même ou son regard avait croisé le sien, il devait bien le reconnaître.

Jungkook resta ainsi le reste de sa journée. Il ne bougea pas, ne se leva pas. Il ne mangea pas non plus, il savait que son estomac ne pourrait endurer aucun repas. Il fini par s'endormir au beau milieu de l'après midi, le sweat-shirt de Jimin dans ses bras, qu'il serrait contre lui, comme un doudou. Il voulait simplement oublier. La douleur qui tiraillait tout son être. Son humiliation de la veille. Les paroles de Jimin. Tout. Il voulait oublier jusqu'à sa propre existence.