17 ans. Intelligente. Fille du prof principal. Naïve. Sale boursière. Pauvre vierge.
C'est ainsi que l'on décrit Génésis.
18 ans. Millionnaire. Futur héritier des plus grandes entreprises pétrolières. Beau. Mystérieux. Invincible.
C'est comme cela q...
Je m'étais réfugié dans notre serre. Je pensais qu'ici, personne ne me retrouverait. Et pourtant, elle seule me connaissait comme moi même. J'avais les mains sur mes genoux et ils étaient ramenés vers moi. Je n'aimais pas cette maison. Je la détestais. On venait d'y emménager car notre ancienne résidence avait prit feu. Mon père avait mit le feu alors que nous étions à l'intérieur. Puis, il a prit la fuite. Heureusement nous avons pu nous enfuir à temps mais ma petite sœur a périt à l'intérieur.
- Je t'ai trouvé. Me lance-t-elle, ses yeux bleus analysant ma réaction. Pas besoin de te cacher ici.
La jeune fille en face de moi approcha. Elle s'assit à mes côtés comme d'habitude.
- Comment m'as-tu trouvé ? M'étonnais-je.
La serre était le seul endroit que j'aimais. Le seul que j'avais adoré. Elle était remplit de fleurs et de plantes de variétés immenses et magnifiques. Surtout que mon perroquet vivait ici, au milieu d'autres oiseaux tout aussi exotiques. Et la serre était à côté de notre écurie.
- Pense à de meilleures cachettes la prochaine fois Ézékiel ! Me lance Génésis épuisée. Regarde ce que je t'ai ramené !
Elle ouvrit ses mains et je vis des biscuits. Elle les avait volé ? Pour moi ?
Depuis que ma mère s'était remariée avec ce Jean-Baptiste, plus rien allait. Il me détestait. Il me privait de manger comme maintenant, il me disait toujours quoi faire. Il me traitait comme son esclave et me demandait souvent de faire des tâches ingrates.
- Je me suis dit que je ne pouvais pas te laisser sans manger. Alors j'ai prit ça à l'insu de ton beau-père.
- T'aurais pu te faire prendre et il m'aurait interdit de te revoir Génésis.
Elle haussa les épaules assez blasées. Je la regardais tendrement avant de l'arracher les biscuits des mains. J'engloutis tout dans ma bouche avant de me rappeler qu'elle en avait aussi prit pour elle.
- Mais et moi ? Se plaignit elle assez vite.
- Tu pourras en prendre d'autres ?
- T'es qu'un égoïste né ! T'as tout mangé. S'exclama-t-elle, ce qui me fit rire.
Elle se leva pour aller je ne sais où, mais se stoppa devant la beauté des fleurs. Je l'analysai. Ses yeux bleus, ses rougeurs, sa mèche derrière l'oreille.
- J'aime trop venir ici, il est là Alfonz ? Demanda-t-elle aussitôt en posant son regard sur moi.
Immédiatement, je perdis pied mais ne lui montrai pas. J'étais habitué à garder mon calme.
- Oui, il est dans sa cage. Ça te dirait de lui donner à manger ?
Elle regarda dans tout les sens si un des domestiques de mon beau-père n'était pas dans le coin. Monsieur ne voulait pas que je vois Alfonz mon perroquet, non il préférait que je fasse des travaux manuels. Il avait menacé de le laisser mourir mais je venais toujours lui donner à manger en cachette.
- Oui, allons-y mais on le fait discrètement.
*
Je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'arrêtais pas de ressasser ce que j'avais fait, hier. J'avais ressenti une telle colère comme je n'avais jamais ressenti avant. Je ne me pensais pas capable de faire une chose pareil. Je pensais que je saurais garder le contrôle. Je me suis lacéré les cuisses et les côtes puis j'ai prit mes anti-dépresseurs. Un traitement que je prends depuis petit, depuis cette journée.
L'image ne quittait plus mon cerveau. À chaque fois, je la revoyais, hésitante, encore et encore. Dès que je fermais l'œil, elle était là, me regardant, me fixant, hésitante. Je l'entendais crier. J'entendais le bruit sourd de son corps sur la voiture et s'écrasant à quelques mètres. Encore et encore. J'ai l'impression que quelqu'un s'amuse à remettre la vidéo en arrière, encore et encore.
Cette nuit, j'ai bu plus de 2 somnifères, bu 3 cafés ensuite, j'ai couru, j'ai marché mais je me sentais si... seul. J'ai passé des coups de fils mais beaucoup ne répondirent pas et le sommeil ne venait pas non plus.
Il était 3h du matin. Je suis alors resté devant ma baie vitrée, regardant tous ces grattes-ciel remplis de lumière au loin. J'ai regardé les baraques de riche de mes voisins. Et je me suis ensuite concentré sur le lustre en cristal qui jonchait au dessus de mon lit. Bizarrement, face à cette immense baie vitrée de ma chambre au troisième étage, je ne me sentais plus aussi dominant. Je regrettais la présence de Cassy, un peu. Je me sentais sale, je me sentais salit, j'avais l'impression que j'avais les mains remplis de sang, le sang de Génouille que j'arrivais pas à laver.
J'avais repoussé toutes les filles cet après-midi, j'ai refusé de m'amuser avec elle.
Je revoie encore le visage de Jayce. Un regard remplit de haine, une haine envers moi. J'avais tout perdu, ma scolarité, mon meilleur ami, mon avenir et en plus, j'étais devenu un meurtrier.
Je m'assis face à mon immense baie vitrée baignée seulement de la lumière de la lune. Au loin, des sirènes de police se faisaient entendre. La vue était magnifique. Toutes ses lumières, ce silence cassé par certains bruits parfois, cette lune, toutes ces baraques de bourges. J'avais envie d'être ailleurs. J'avais envie d'être une autre personne. Je pensais que toute ma colère se volatiliserait une fois qu'elle serait morte, mais c'était le contraire et je me sentais si vide, si sale. Si perforé par la rancune.
Je pensais que je serais heureux. Je le pensais vraiment. Je le croyais vraiment. Et je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas le cas.
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