Chapitre 66.

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Génésis

Exactement deux jours étaient passés. J'inspectais une dernière fois ma tenue devant l'entrée avant de me rendre compte que ce geste était devenu presque automatique. Je dépoussiérais ma robe pour essayer d'enlever les mèches de cheveux que l'œil avisé d' Ézékiel Donovan pouvait remarquer.

J'évitais aussi de me ronger les ongles pour esquiver des remarques désobligeantes sur ces derniers. Je tirai sur ma queue de cheval et passai mon cerveau en mode zen. Je sonnai et me plaçai droite dans l'attente d'entendre la voix de Morah ou de Max dans l'interphone. Lorsque j'eus fini de m'identifier, le portail s'ouvrit et je vis Joseph, le gardien, me faire un signe de la main que je lui rendis. Je traversais l'allée de la résidence Donovan avec une boule dans la gorge. La même qui me suit à chaque fois que je pénètre l'antre du loup.

Une fois que Morah m'ait ouvert la porte chaleureusement, je me dirigeai d'un pas presser vers le salon que je surnommais la salle d'attente. Le cuir blanc était toujours clean. La salle à manger derrière était toujours ornée de couverts en porcelaine comme si personne n'y avait jamais touché.

Une jeune fille descendit de l'étage. Elle avait l'air pressée. Son accoutrement prouvait qu'elle n'avait pas fini de s'habiller correctement. Elle était presque terrorisée et essayait de s'extirper hélico-presto. Cela n'annonce rien de bon. Son regard sombre m'interpella un moment mais elle se dépêcha de s'en aller.

- Vous pouvez y aller. Monsieur va vous recevoir. M'annonça Morah, alors que j'étais perdue dans mes pensées.

Je me levai et enfouis mes mains dans les poches de mon manteau rouge corail. J'avais fait du shopping récemment et j'ai acheté des choses un peu plus cher. Juste pour ne pas subir les moqueries de ce crétin d'attardé mental. Je saisis mon sac et suivis Morah à travers le couloir qui menait au bureau. Ézékiel passe vraiment toute sa vie dans son bureau.

- Vous pouvez entrer. Termina Morah avant de s'éclipser.

Je la remercie et pénétrai dans l'immense bureau d'Ézékiel. J'avalai ma salive, anxieuse. Je laissai mes bottes résonner dans la pièce alors qu'un silence terrible régnait en maître.

- Bonjour Ézékiel.

Ézékiel qui jusqu'à là gardait la tête baissée, déposa enfin ses billes semi-vertes dans les miennes. Son regard était différent de d'habitude. Lui qui avait comme tradition de m'attendre avec une parole dégradante pour me la jeter dès que je franchissais le pas de la porte, demeura muet. Il me reluqua en quelques secondes avant de replonger son regard dans son Mac.

- Je... je t'apporte la dissertation que j'ai terminé. Bégayais-je. Je tiens aussi à te déposer au passage les arguments qui pourront être utilisé pour... pour le prochain concours.

Fidèle à lui-même, Ézékiel demeura stoïque. Aucune once d'émotion ne traversait ses billes. Cette ambiance me fit frissonner. Je sortis alors les documents et les lui tendis. Il ne trouva même pas utile de me regarder et continua de fixer son ordi de façon intéressé. Je décidai alors de poser délicatement les documents sur la table, la main tremblante.

- Tu... tu es prêt pour la soirée de ce soir ? Bafouillais-je essayant de chercher la source de ce mutisme.

Ézékiel soupira en imitant une grimace agacé.

- Tu connais la sortie. M'obligea-t-il.

Alors que je crus que l'atmosphère était déjà bien pesante, Ézékiel jugea enfin bon de me regarder. Ce qui me fit sursauter mal à l'aise. Son regard était vide. Juste vide. Comme s'il avait arraché toutes émotions. Comme s'il avait été affligé et qu'il n'avait plus la force de lutter. Je baissai aussi vite le regard, gênée par cette échange visuel.

Sans Rancune 1 ( Terminée )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant