Chapitre 44 : Ryan

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Louisville ~ Le réveillon

J'attendais ce moment depuis mon réveil. J'avais passé ma journée à travailler après avoir attendu la livraison de tous mes meubles dans mon nouvel appartement et aménager l'espace, toute la matinée. Je voulais un endroit où l'inviter à dîner en toute intimité, ne souhaitant pas la partager à d'autres, dans un premier temps. Nous allions nous retrouver et j'avais bien l'intention de la garder que pour moi lorsque nous aurions du temps de libre. Sans la connaître, elle me manquait. Le sentiment de retrouver un être cher m'habitait.

Je me garais devant une petite maison, clôturer par une barrière haute sur un jardin fleuri, derrière la voiture de mes parents. Ils ne tardèrent pas à sortir du véhicule alors que je me figeais. J'avais attendu ce moment toute la journée mais voilà que je me retrouvais en proie à l'angoisse. La petite fille que j'avais rencontrée, des années plus tôt, était devenue une femme. Cette femme était la personne qui allait transformer ma vie pour toujours et même si j'attendais cela depuis longtemps, il n'était pas facile de se lever de mon siège. Et si je ne lui plaisais pas ? Et si elle avait très mal vécu ces bonds dans le temps et s'en retrouvait traumatisée ? Aurait-elle pu développer une certaine rancune envers moi ?

Un coup sur ma vitre me rappela à la réalité, m'obligeant à refaire surface. Mon père me fit signe de baisser ma vitre. Je m'exécutais.

- Que se passe-t-il, mon fils ?

- J'ai besoin d'une minute, dis-je les yeux rivés sur la maison.

Elle se trouvait à l'intérieur de celle-ci et ne savait sûrement pas que celui qu'elle voyait dans ces voyages, arrivé à elle.

- Vous allez vivre quelque chose d'extraordinaire, mon garçon. Tu devrais en être heureux.

- Mais je le suis, papa. Il est juste difficile de faire ce pas sans savoir ce qu'elle pense.

J'avais parlé à mes parents de mes soupçons sur Destiny, affirmant que j'étais sûr et certain, qu'elle était celle qui m'attendait. D'autant plus, lorsqu'ils m'avaient appris qu'elle avait été renverser par une voiture, au bord d'une route enneigée, un an auparavant. À cette idée, mes parents avaient été plus qu'heureux de considérer Destiny comme leur belle-fille. Ils appréciaient tant la jeune femme, qu'ils n'avaient pas attendue pour parler d'elle aux Hitman. Un couple d'amis qui faisait presque partie de la famille, depuis le temps qu'ils se connaissaient. Le couple connaissait toute l'histoire de mes parents et étaient extatiques par les circonstances de leur vie commune.

- Tout va bien se passer, Ryan, plaida ma mère qui nous avait rejoints.

- Ta mère à raison.

- Je veux autant que toi la voir, mon chéri. C'est ma belle-fille, s'extasia-t-elle dans un soupir rêveur.

Je secouais la tête. Elle était aussi énervée que moi à l'idée de revoir la jeune femme. Elle avait prié pour que je rencontre une femme comme elle, depuis des années, afin que je quitte Bri. Aujourd'hui, ses prières ont étaient entendus et elle en était ravie. De plus, elle aimait réellement Destiny. Elle n'avait pas eu la chance d'avoir de fille. Cela lui avait manqué et elle ne rêvait que d'une chose. En avoir une. Elle voyait en Destiny le moyen de rattraper ce manque et espérait qu'un jour, nous aurions une fille afin de la garder et la gâter. Elle allait un peu vite en besogne mais l'avenir qu'elle traçait dans son esprit, me faisait, également, rêver.

Je fermais les yeux, posait mon front sur le volant puis pris une profonde inspiration. D'un geste vif, je relevais la tête en ouvrant ma portière. J'étais devant un avenir parfait, je n'allais pas fuir maintenant, alors que j'attendais cela depuis si longtemps. Mon père se décala pour me laisser sortir. Ma mère me regardait, les yeux brillants et les mains presser l'une contre l'autre sur son cœur. Ils dévièrent leurs regards sur l'autre en se souriant avec le même amour auquel j'avais pu assister enfant et j'en fus jaloux, jusqu'à ce que je me rappelle que j'y avais aussi droit, une fois que j'aurais franchi le pas de la porte de cette maison.

- Allons-y. Je suis prêt.

Ils ne se firent pas prier. Le réveillon n'avait plus lieu dans nos esprits. Seul notre rencontre avec Destiny était devenue importante. Noël passait au second plan alors que cela était et resterait, pour nous, une fête très importante.

Nous remontions l'allée bordée de haies puis mon père sonna et une légère musique, peu commune, se fit entendre. Un couple, de l'âge de mes parents, ouvrit avec un grand sourire. Je pouvais retrouver dans le couple un peu de Destiny, en chacun d'eux, d'après les descriptions de ma mère et mon dernier voyage. La femme avec les cheveux noirs et un teint de porcelaine, sa bouche était aussi rouge que des cerises. Quant au père, il possédait des yeux d'un bleu hivernal. J'eus un léger aperçu de la jeune femme en cela. Je demeurais derrière mes parents, en retrait, afin de les laisser se saluer pour leurs retrouvailles.

- Maggie ! Marc ! Quel plaisir de vous revoir ! s'exclama ma mère, enchantée.

- Pour nous aussi, Theresa, mais ne restez pas là. Entrez, je vous en prie, souriait la femme de mes, tout nouveau, souvenir.

Elle n'avait pas beaucoup changé. Elle était toujours aussi jolie qu'à l'époque. Je me demandais si elle se rappellerait de moi si je lui parlais de ce fameux jour, au parc. Je pris la décision d'en lancer le sujet au cours du repas, en présence de mon ange.

- Les amis, je vous présente mon fils, Ryan, me présenta mon père.

- Je suis ravi de faire votre connaissance. Mes parents m'ont beaucoup parlé de vous, dis-je en tendant mon bras pour leur serrer la main.

Maggie dégagea ma main, d'un revers de la sienne, en souriant, et me prit dans ses bras.

- Pas autant de formalité entre amis, jeune homme, rigola-t-elle.

- Venez donc vous installez au salon. Nous ne sommes pas encore au complet. Notre fille n'est pas encore arrivé. Elle a dû encore finir tard à l'hôpital, se désola Marc.

- À l'hôpital, ne pus-je m'empêcher de répéter, pas informer de son métier.

- Oui. Destiny est infirmière au Central State Hopital. Elle travaille bien trop, ces temps-ci à mon goût.

Je savais pour ma part pourquoi elle travaillait aussi dure. Ces voyages avaient eu tendance à me rendre hyperactif pour tenter d'oublier que l'être aimé n'était pas à mes côtés. Cela était la partie la plus difficile à supporter dans cette histoire. Rencontrer, encore et encore, la jeune femme pour qu'elle me soit arrachée brutalement, avait été presque insupportable à vivre. Ce ne fut pas cela qui me fit tilter, néanmoins.

- Au Central State Hospital, vous dites ? m'inquiétais-je.

Ma mère mit une main sur ma cuisse et la pressa.

- Oui. Elle voulait aider ces services qui manquent très souvent de personnel et on peut dire que son travail lui plaît énormément. Elle dit se sentir utile.

- N'est-ce pas trop dangereux ? continuais-je, provoquant des regards profonds et perplexes.

- Non, rassurez-vous. Elle ne travaille pas dans le service des cas les plus graves. Elle est entourée de malades souffrant de trouble du comportement ou encore de dépressif à tendance suicidaire, expliqua son père, d'un œil perçant.

Cela me rassura considérablement. Il fallait dire que certains services de cet hôpital abritaient des personnes dangereuses, ayant commis des meurtres et viols.

Il était cohérent que je m'inquiète pour ma femme, après tout... pensais-je poussé par un instinct irrépressible de protection, alors que le père de la jeune femme me fixait intensément, presque soupçonneux.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant