Chapitre 1 : Destiny

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Louisville ~  Octobre 2020

Je levais les yeux sur le ciel voilé. Cette journée allait être maussade, l'orage menaçait.

Je soupirais en sortant de ma voiture après m'être garé sur le parking de l'hôpital. J'avais repris le travail deux mois auparavant et j'avais beaucoup de mal à avoir l'esprit au boulot.

Il y avait, presque, un an, que j'avais cru voir ma mort arriver. Par chance, l'homme qui avait perdu le contrôle de son véhicule, avait réussi à faire dévier sa trajectoire, si bien, qu'au lieu de me fauché à pleine vitesse, ce fut la calandre qui m'avait percuté l'abdomen. Ce fut le choc de ma tête heurtant le sol, lorsque je fus projeter deux mètres plus loin, qui m'avait le plus amoché. Cela avait entraîné six mois de coma et trois de convalescence. Depuis j'avais des moments d'absence mais cela ne devait pas m'empêcher de travailler. Je devais reprendre une vie normale. J'avais, cependant, beaucoup de difficulté de me remettre en course. Cela n'avait rien à voir avec mon accident mais plutôt avec la mort de Perry.

Lorsque mes yeux s'étaient ouvert pour la première fois, cela fut ma seule préoccupation. Je voulais parler à Greta. J'avais eu besoin de connaître les circonstances de sa mort. Cela était peut-être morbide mais je voulais connaître l'erreur que j'avais commise en le laissant seul dans sa chambre après lui avoir souhaité de passer une bonne nuit.

Il s'avérait que Perry avait réussi à cacher une lame de rasoir et s'était tranché les veines dès que la porte s'était refermé sur moi. Cela m'avait été insupportable. Par la suite, j'étais tombé dans un profond désespoir qui était parvenu aux oreilles de mon patron. Monsieur Collins tenait à son règlement. Il avait donc remonté les bretelles de tous mes collègues pour avoir passé sous silence mon attachement à mon patient.

Avec le temps, j'avais réussi à surmonter ce traumatisme et faire mon deuil de cet homme perdu dans un enfer qu'aucun de nous pouvait appréhender. De cette remise en forme, je me promis de prendre plus soin de mon cœur et garder une certaine distance envers mes patients même si cela ne serait pas aisé.

Mes parents furent d'un grand soutient durant cette période noire de mon existence. Ils avaient été omniprésents, se dévouant à mon entier rétablissement. Ils étaient formidables.

Je m'avançais vers l'entrée qui menait à l'accueil quand un étourdissement me prit. Lorsque cela se produisait, j'avais des flashs incompréhensibles qui apparaissaient devant mes yeux, comme si, pendant une fraction de seconde, je n'étais plus à l'endroit où j'étais.

Cette fois, je vis une prairie verdoyante parsemée d'immenses arbres. Un chemin de terre cahoteux. Un ciel bleu sans nuages. L'endroit était magnifique. Selon les médecins, cela n'était en rien inquiétant. Cela était certainement des souvenirs de mon enfance qui m'assaillait. Aussi, je n'y prêtais plus tellement attention et attendais que cela passe. Cependant, ces flashs se faisaient de plus en plus récurrents avec le temps. Lorsque cela arrivait, tout mon corps se figeait, mes yeux partaient dans le vague, mon esprit aussi. Le cerveau était une étrange machine complexe. J'aurais aimé, néanmoins, connaître la provenance de ses images aléatoires car les émotions qui les accompagner ne semblaient pas m'appartenir.

Durant le flash de la prairie, l'émotion qui primait avait été la fatigue. Je me sentais épuisée et triste puis plus rien, excepté moi. Je n'y comprenais rien et espérais que cela ne durerait pas éternellement.

- Salut Destiny, me salua Farod, le réceptionniste.

- Bonjour, comment vas-tu ?

- C'est plutôt à moi de te poser cette question.. Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

- Ce n'est rien. Je viens d'avoir un étourdissement, c'est tout.

- Tu es sûr que ça va aller pour aujourd'hui ? Je peux informer tes collègues que tu as dû rentrer chez toi, si tu veux.

- Non. Ça va aller. J'ai besoin de travailler même si ta proposition est tentante, plaisantais-je.

Cela le fit sourire alors que je passais à côté de lui pour atteindre les vestiaires du personnel. J'y croisais Iris.

- Bien le bonjour, jolie Destiny.

- Tu as l'air en forme, aujourd'hui, toi, lui souriais-je.

- Je te le fais pas dire. Mon rendez-vous d'hier soir s'est passé à merveille.

- Il s'appelle comment ? entrais-je dans son jeu.

- Matt, il est biologiste et c'est un amoureux des chiens. Tu te rends compte qu'il a tout pour me plaire, celui-là ? Il est parfait. J'espère que ça va marcher entre nous..

Iris était ma collègue la plus fleur bleue. Elle était amoureuse de l'amour et le rechercher activement sans jamais se décourager. J'étais persuadé qu'elle n'allait pas attendre bien longtemps. C'était une fille gentille, avec le cœur sur la main et pour ne rien gâcher, elle était magnifique.

- Il suffit de s'en donner les moyens.

- Que veux-tu dire ? demanda-t-elle curieuse.

- Si tu penses que cela peut marcher entre vous alors donnes-toi les moyens. Fait en sorte que ça fonctionne. Rends-toi disponible sans pour autant le harceler et surtout soit toi-même, conseillais-je en lui adressant un clin d'œil joueur.

Elle rigola et hocha la tête.

- Tu as raison. Aller au boulot.

Elle sortit de la pièce après m'avoir transmis toute sa candeur et sa bonne humeur. Je me sentais plus prompt à monter jusqu'au premier étage afin de commencer mon tour de garde.

Sur le chemin, je croisais plusieurs de mes collègues, à qui j'adressais un signe de main en guise de salut. Arrivée au premier étage, je passais ma carte magnétique dans la borne métallique, près de la porte et celle-ci s'ouvrir, dans un son électronique. Je la poussais et entrais quand un nouvel étourdissement me prit. Je portais mes mains à mon crâne et me figeai.

La prairie s'étendait à perte de vue. J'étais si fatiguée. Je me sentais si triste. Je ne voulais qu'une chose, me rouler en boule au creux de l'arbre qui se trouvait à ma gauche et pleurer toutes les larmes de mon corps.

Des souvenirs qui n'étaient pas les miens m'assaillirent.

Cela n'était pas normal. Les flashs ne duraient pas aussi longtemps habituellement. Je baissais le regard et vis que je portais une longue robe grise et marron. Les manches étaient longues et resserrés sur mes poignets. Je mourrais de chaud sous ce soleil d'été. Mes cheveux détachés étaient à présent attachés derrière mon crâne et cacher par un foulard gris. De nouvelles informations m'arrivèrent mais une seule me cloua sur place.

Je m'appelais Grace Woods.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant