Chapitre 11 : Destiny

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Louisville ~ Decembre 2020

Cela faisait deux jours depuis que ma rencontre avec Cora avait eu lieu et je me sentais toujours aussi perdue. Je savais que cela était de la folie de croire en ses paroles mais je ne pouvais les ignorer.

J'avais annulé mon rendez-vous avec le docteur Baron. Je commençais réellement à me poser des questions à propos de ces voyages. Arrivaient-ils vraiment ? Comment était-ce possible ?

Tout ce que Cora m'avait raconté était cohérent. Elle semblait réellement avoir vécu les mêmes tourments que les miens. Qu'en penser ? Allais-je, moi aussi, devoir passer par douze voyages avant que tout se termine ? Allais-je rencontrer cet homme ?

J'avais toujours été une femme terre à terre alors croire à tout cela était étrange mais je voulais y croire, ne serait-ce que pour ne plus penser que je perdais la tête.

J'avais pris deux semaines de congé, au risque de perdre mon poste. Je ne pouvais retourner au travail. Me montrer attentive aux patients n'aurait pas été de mon ressort. J'étais constamment dans l'appréhension. J'attendais, à chaque instant de mes journées, le moment où la sensation de m'évader de mon corps arrivait. Il n'y avait aucune constante dans mes voyages. Cela pouvait parvenir à tout moment. Comment pouvoir continuer à vivre normalement dans ces conditions ?

Deux jours d'angoisses mais rien ne s'étaient passés, aussi je commençais à me détendre. C'était dans ces moments-là, dans les films d'horreur, que le tueur apparaissait. Je ne doutais pas que cela allait arrivé aussi. J'étais préparé, cependant. Je savais que je ne pourrais pas y échapper et je l'acceptais. Je n'avais pas le choix. Que je luttais ou non, n'y changeais rien. Après être resté enfermée entre mes quatre murs, j'avais décidé qu'il était temps pour moi de prendre un peu l'air. Mes parents m'avaient appelé à plusieurs reprises, insistant pour me voir. Je leur avais alors annoncé ma visite imminente, le matin même. Je ne pouvais pas m'arrêter de vivre complètement. Cela les inquiéterait trop. J'avais réussi à rassurer Brooke, deux jours plus tôt, lorsque, inquiète aussi, elle avait émis l'idée de venir dormir quelques jours chez moi afin que je ne sois pas seule. Elle persistait à vouloir creuser du côté des voyages temporels, surtout depuis que je lui avais parlé de ce couple atypique. Elle était surexcitée par ce qui m'arrivait. Elle ne cessait de m'appeler pour me faire part de ses dernières découvertes. Elle avait fait des recherches sur le sujet. Elle avait trouvé beaucoup de témoignages, à travers les époques, de ces bizarreries. Elle semblait se passionner pour le sujet et se désolait de ne pouvoir le vivre. Si elle savait...

J'attrapais mes clés, mon sac et sortis de mon appartement pour me rendre dans le parking, au sous-sol de mon bâtiment. Revoir mes parents, qui m'entourerais d'amours avec bienveillance, me réconforterais. J'en avais besoin. Cela va sans dire que je ne leur avais pas parler de ce changement dans ma vie. Ils ne me croiraient pas. Ils étaient aussi cartésiens que moi. Les chiens ne font pas des chats, comme on disait. Je leur avais juste dit que j'avais encore besoin de temps avant de me remettre en selle dans le monde du travail. Cela n'était pas pour les rassurer. Ils n'étaient pas vraiment rassurés par la nouvelle. Ils s'étaient toujours montré surprotecteurs envers moi alors savoir que leur petite fille ne nager pas dans le bonheur, les angoisser beaucoup. C'étaient de bons parents. Je les aimait mais il fallait qu'ils cessent de me voir comme une enfant. Il leur faudrait bien, un jour, se rendre compte que j'étais une adulte à présent.

Je pris l'ascenseur et appuyais sur le bouton du parking puis vérifié que je n'ai rien oublier. Je n'avais plus la tête à penser aux petits détails de la vie quotidienne. Tout y était.

Mes parents vivaient à trente minutes de chez moi, je ne tardais donc pas à arriver devant leur petite maison de quartier. Ma mère m'attendait déjà devant la porte ouverte.

- Ma chérie, s'exclama-t-elle en marchant en ma direction.

Elle me prit dans ses bras puis recula pour m'observer. Ses sourcils se froncèrent.

- Tu ne dors pas assez, dit-elle mécontente avant de me scruter de haut en bas, et tu as maigri. Qu'est-ce qui se passe ?

Je soupirais devant son sens de l'observation.

- Je vais bien, maman.

- Ne me mens pas, Destiny Sue Perkins, me gronda-t-elle.

- Bon, d'accord. Nous pourrions, peut-être, entrer dans la maison avant que tu ne m'agresses de questions ?

- Je ne t'agresse pas. Je me fais simplement du souci, corrigea-t-elle en m'entraînant avec elle à l'intérieur.

Mon téléphone sonna au moment je pris place sur le canapé familial. Brooke tentait de me joindre. Je ne répondis pas. Je devais d'abord trouver un moyen de rassurer mes parents.

- Où est papa ?

- Dans le jardin. Je vais le chercher.

Je profitais de ce qu'elle parte pour envoyer un message à Brooke pour l'informer que je ne pouvais décrocher et que je la rappellerais plus tard.

- Ah, ma fille, s'exclama mon père, suivi de ma mère, lorsqu'il entra dans le salon, le pantalon plein de terre.

- Je vois que le jardinage devient une véritable passion pour toi, papa, plaisantais-je.

Il écarta les bras, le regard pétillant.

- Comme tu peux le voir. J'y suis depuis neuf heures, ce matin.

Ils s'asseyaient face à moi et j'avais l'impression d'avoir de nouveau dix ans, lorsque j'allais me faire disputer. Les yeux de mon père se firent plus sérieux.

- Tu n'as pas l'air en forme, Tiny.

- Je suis un peu fatiguée mais ça va.

- Je t'ai toujours dit que tu ne savais pas mentir, Destiny. Alors parle, maintenant, exigea-t-il avec douceur.

Je baissais la tête, prise en faute de mensonge. Je n'allais pas bien, non. Ils avaient raison mais devais-je le leur confirmer ? Certainement pas. Mes parents étaient les personnes les plus merveilleuses au monde à mes yeux. Ils se saigneraient pour m'apporter tout ce que je désirerais. Ils ne méritaient pas que je l'ais inquiètes, outre mesure.

Je relevais la tête, prête à nier, seulement lorsque mes yeux se posèrent sur eux, tout était trouble.

Je savais que cela était les prémices de mon départ. Les tremblements ne tardèrent pas à arriver dans un second temps. Mon souffle s'accéléra. Mes yeux se fermèrent dans un spasme puis je me sentis aspirer loin de mon corps... J'étais repartis pour une nouvelle aventure franchement pas désirer...

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant