Chapitre 9 : Destiny / Carolina

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Italie ~ Juin 1919

Je ne sus combien de temps je dormais lorsque je sentis une secousse sur mon épaule. J'ouvris, instantanément, les yeux pour tomber sur Livia, l'infirmière en chef. Elle avait le teint livide, presque verdâtre. Je me relevais, inquiète.

- Que se passe-t-il ? Vous n'avez pas l'air bien.

Elle baissa la tête et semblait attristée.

- C'est le patient Alino...

Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc de ce nom prononcé. Je lui pris le visage en coupe afin qu'elle me regarde.

- Qu'est-ce qu'il y a avec Fosco ?

Elle tenta bien de parler mais en fut incapable alors elle secoua la tête tristement et me prit dans ses bras.

J'avais demandé à être réveillée à la moindre nouvelle concernant ce patient. Il y avait, bien sûr, eu des interrogations suite à ma demande. J'ai bien dû expliquer que je tenais énormément à ce patient, sans entrer dans les détails. Elles avaient compris, néanmoins, mon attachement pour lui. Cela se lisait sur mon visage. J'avais certainement eu l'air d'une épouse anéantie par l'état de santé de son mari.

Par ce geste, je compris. Résolue à le constater de mes yeux, je me dégageais de son étreinte et courus en direction de la grande salle, accueillant les malades de ma section. Son lit était vide. Seuls ses draps défait attester de sa récente présence.

Je tombais à genoux, les yeux rivés sur son lit en priant faire un mauvais rêve mais cela était la réalité, du moins celle que mon cerveau avait décidée. La douleur de la perte était pourtant bel et bien réelle. Pourquoi me faire endurer cela ?

Alors que les larmes souillaient mes joues, j'avançais, à quatre pattes, incapable de me relever, jusqu'à l'endroit où il reposait encore, quelques minutes plus tôt. J'enfouissais le visage dans ses draps pour m'imprégner de son odeur puis les tremblements distinct me secouèrent de l'intérieur alors que je poussais un cri de désespoir.

Dans un sursaut, je me retrouvais dans ce petit restaurant de quartier, face à mon amie. Des larmes sillonnaient mon visage. Brooke leva le regard sur moi.

- Ça ne va pas, ma puce ? s'inquiétait-elle.

Je secouais la tête, incapable de parler sans m'effondrer. Elle se leva pour venir s'asseoir près de moi et me prit dans ses bras, le temps que je me calme.

En tant que membre du corps médical, je devrais savoir que le cerveau pouvait jouer des tours mais comment relativiser lorsqu'il me faisait vivre de telles tragédies ? J'avais l'impression de perdre la partie de mon âme la plus vitale. Je pris une profonde inspiration et ravalais ma peine afin de ne pas trop inquiéter mon amie.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? me demanda-t-elle lorsque je me détachais de son étreinte.

Je secouais la tête. Je n'avais pas envie d'en parler. Je voulais seulement guérir de ce mal.

- Tu vas bien ?

- Ça va aller, mentis-je en expirant doucement.

Embêtée, elle regarda sa montre puis moi. Je savais qu'elle devait retourner travailler et j'en fus reconnaissante au temps. J'avais besoin d'être seule. Je voulais simplement rentrer chez moi et me rouler en boule sur mon canapé tout en m'efforçant d'oublier ce qui venait de se passer.

- Va bosser, Brooke. Je vais rentrer à la maison et me reposer. Ça ira mieux demain, tu verras.

Elle était vraiment ennuyée de me laisser seule mais elle ne savait pas à quel point cela me serait bénéfique. Elle se leva, attrapa son sac au passage et m'embrassa sur la joue.

- Je t'appelle ce soir, d'accord ?

- Oui mais cesse de t'en faire. Je vais bien. Je manque de sommeil, c'est tout, tentais-je de la rassurer.

- Très bien, soupira-t-elle peu convaincue.

Elle partit dans un signe de main, après avoir encore hésité un moment, et je pus respirer correctement de nouveau. Si les images que m'envoyait mon esprit étaient toutes de cette teneur, je ne pensais pas y survivre. Cela était beaucoup trop douloureux. J'allais boire la dernière gorgée de café laisser dans ma tasse et partir quand deux silhouettes se postèrent près de moi. Je relevais la tête sur une jeune femme métisse, aux yeux pétillants de malice et un homme, qui ferait pâlir un quarterback. La fille m'adressa un grand sourire prévenant alors que l'homme semblait plus réserver.

- Bonjour. Je m'appelle Cora et lui, c'est Dalton. Est-ce qu'on peut s'asseoir avec toi quelques minutes ?

Interloquée par leur intrusion, et toujours perdu entre la réalité et mon imaginaire, je ne répondis pas tout de suite ce qu'elle prit pour une invitation, de toute évidence, puisqu'elle prit place face à moi, la seconde qui suivit. Son copain la suivi.

- Je suis désolée de te déranger aussi soudainement, s'excusa-t-elle sans avoir l'air désolée.

- Ce n'est pas grave, répondis-je, perplexe par leur venus. En quoi puis-je vous aider ?

Ils se lançcèrent un regard de connivences, pleins d'espiègleries. Ni Cora, ni Dalton ne me répondirent. Au lieu de cela, elle leva la main pour appeler la serveuse qui arriva à notre table.

- On prendra un autre café chacun, s'il vous plaît, commanda-t-elle avant de se tourner vers moi. Tu veux un autre café aussi ?

Je secouais la tête pour toutes réponses. La serveuse partit quelques secondes pour mieux revenir avec une carafe du liquide amer.

- Voilà, messieurs dame.

Mes yeux ne cessaient de faire des allers-retours entre ces deux étranges personnages qui s'étaient invité à ma table, silencieusement. Dalton posa ses deux mains sur sa tasse et Cora se dépêcha de boire une goulée de son breuvage. Elle reposa la tasse et me fixa, plus sérieuse que précédemment.

- Je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter ta conversation avec ton amie, annonça-t-elle.

D'embarras, le rouge me monta aux joues. Elle devait vouloir se moquer de la folle qui avait des visions.

- Je tenais à te faire part de mon avis. Tu n'es pas folle... parce que moi aussi, j'ai été une voyageuse temporelle...

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant