Égypte ~ 1500 av. J.C
Des murmures bruyants se firent entendre dans les allées jouxtant notre maison. Je regardais Kefia, surpris de cette agitation alors que notre petite rue était calme après une longue journée de travail.
- Que crois-tu qu'il se passe ? me demande-t-elle.
- Je n'en sais rien. Reste là avec Rhankin. Je vais allé voir.
Je me levais de ma chaise difficilement. Mes membres étaient faibles de toutes énergies mais n'en laissaient rien voir à ma femme, ne voulant pas l'inquiéter. Je sortis pour voir un attroupement au milieu de la rue. Lorsqu'un interstice s'ouvrit devant moi, je pus voir ma petite Aménophys cerné par tous ces gens. Je m'approchais rapidement, de peur qu'elle soit victime de lynchage public. Cela était courant lorsque la faim se faisait ressentir. Dans ces cas-là, il n'y avait plus de voisins, ni d'amitiés. Ils ne regardaient pas s'ils volaient un vieillard, une femme ou même un enfant. Ils étaient simplement conduits par la famine. Nous n'habitions pas dans un quartier très riche, malheureusement. Je poussais toutes personnes se trouvant sur mon chemin pour atteindre mon plus grand enfant. Il était rare que les enfants survivent longtemps par chez nous, aussi je tenais profondément à la grâce que le Dieu Amon m'avait fait en gardant sain mes deux enfants. J'avais eu la chance de ne perdre aucun enfant et cela allait demeurer ainsi. Je m'abaissais à son niveau et tentais de capter son attention.
- Rentre à la maison, ordonnais-je en la poussant derrière moi en me relevant.
Ce fut à ce moment que je vis ce qui excitait les passions. Cela n'était en rien ce que j'avais pensés. Un personnage de haut rang se trouvait au milieu de la foule, scrutant chacun de mes mouvements et je fus, une nouvelle fois, éblouie par tant de splendeur. Ânkhti, maîtresse de notre pharaon en personne. J'avais déjà eu l'occasion de l'apercevoir, deux ans auparavant, et avais été admiratif de par sa très grande beauté. Cependant, son caractère mauvais avait dénoté de son charme. Elle était mesquine, méchante et assoiffée de pouvoir. Sa présence, en ces quartiers si pauvres, me prit par surprise. Elle, qui se vantait de son statut au palais, se trouvait au plus près du peuple, à présent. Que venait-elle faire ici, avec ma fille qui plus est ?
Je ne parvenais pas à détourner le regard de ses magnifiques yeux noirs et n'y décelait en rien une lueur malveillante. Cela n'en était que plus étonnant.
Dans une marque de respect imposé, je me courbais rapidement, face à elle. Nous n'avions aucunement le droit de lui adresser la parole si cela n'était exiger par elle-même. Aussi, j'attendis qu'elle impose sa sentence sur mon enfant car si elle se trouvait ici, cela ne pouvait que dire qu'elle estimait qu'Aménophys avait encore pêcher. Je n'y croyais absolument pas. Ses exigences, envers une enfant, étaient pour le moins trop difficiles, ce qu'elle n'était pas prête à admettre. Je l'exécrais avec une admiration dépassant l'entendement. Elle me fascinait. Je voudrais la haïr autant que mes voisins mais j'en étais incapable alors qu'elle s'obstinait à maltraiter ma fille. La culpabilité était de mise dans ces situations, allant jusqu'à essayer de trouver des circonstances atténuant à cette manipulatrice.
Trois gardes l'accompagnaient afin d'assurer sa sécurité. Ils avaient exigé que chacun s'en retourne à leurs maisons. Le pharaon interdisait toute approche de sa favorite. Il en était obsédé. Il était aveugle de ses manigances.
Une main se posa sur mon épaule et j'eus l'impression que cela était le toucher le plus doux que j'avais reçu de mon humble et pauvre vie. Je relevais la tête sur elle alors qu'elle m'offrit un tendre sourire.
- Relève-toi, paysan. Je ne suis pas là officiellement. Je tenais simplement à te ramener ton enfant en sureté. Elle était épuisée et affamée, pauvre enfant.
Quelque chose n'allait pas. Cela n'était pas la femme avide que tous craignaient, qui se trouvait face à moi. Aurait-elle une jumelle ? La tristesse avait envahi ses yeux trop brillant dans ce coucher de soleil.
- Je suis désolée, ma reine, qu'elle vous est causé tant de soucis. Je lui trouverais un nouveau travail à accomplir, m'étalais-je, conformément à mon grade dans la société.
- Non... vous vous trompez, mon brave. Votre petite Aménophys est une petite fille très courageuse. C'est une enfant délicieuse et je suis désolée d'avoir été aussi exécrable avec elle... Si vous saviez à quel point je m'en veux, soupira-t-elle me laissant un peu plus perplexe quant à ce revirement. Je suis là pour vous faire une proposition, se reprit-elle.
J'attendis, en silence, qu'elle proclame ses dires, partager entre l'incrédulité et le ravissement. La femme qui déclenchait tant de passion en mon intérieur depuis deux ans, maintenant, faisait montre de douceur envers ma fille et moi. Cela me chamboulait au plus haut point, me faisant presque oublier ma femme qui se trouvait à l'intérieur de notre maison, à angoisser pour ma vie.
Elle fit signe à un des gardes de s'approcher. Il portait entre ses mains une caissette ornée d'arabesque d'or et de peinture de plusieurs couleurs dont le bleu était prédominant.
- Ceux-ci est pour votre famille et vous, annonça-t-elle la voix chevrotante, il y a dedans de quoi vous offrir une nouvelle vie. Il vous suffit de la prendre pour ne plus jamais manquer de rien. Vous pourrez vous acheter des terres, loin d'ici, en des contrées moins hostiles de ma personne, et devenir propriétaire afin d'acquérir l'indépendance. Qu'en dites-vous ?
- Que cela cache ? me permis-je de demander, suspicieux.
Son regard se fit plus douloureux.
- Je connais ma réputation. Malheureusement, je ne pense pas que cela changera de sitôt. Je peux, cependant, faire quelque chose pour votre famille tant que je ne suis plus... moi-même. Prenez cette opportunité, mon ami. Prenez cette caissette et disparaissez. Menez une agréable vie auprès de votre magnifique femme et vos deux enfants, conseilla-t-elle les yeux perdus derrière moi, ce qui me fit comprendre que les miens nous observer.
- Puis-je me permettre une dernière question, madame ? quémandais-je en me courbant brièvement.
- Bien sûr même si je pense savoir de quoi il en retourne.
- Pourquoi nous ?
Un petit sourire illuminé, bien plus que la lune, la rue.
- Votre fille a su ravir mon cœur. Vous avez beaucoup de chance. Elle est magnifique. Elle vous ressemble beaucoup, expliqua-t-elle, les yeux brillants d'une infinie tendresse inédite.
Mon cœur fit un bon face à ce compliment déguisé.
- Prenez, maintenant, et mettez votre famille à l'abri de la dureté de ce monde, y compris de la mienne.
Éperdu de reconnaissance, j'attrapais ce cadeau inestimable, le sou pesant de toute cet or. J'eus du mal à ne pas le lâcher sous son poids, tant j'étais affaibli par ma journée de travail dans les champs. J'allais la remercier pour ce qu'elle avait entrepris pour nous mais elle ne m'en laissa pas l'occasion.
- Partez à présent. Retournez à votre maison et préparez-vous à votre voyage, sans tarder, termina-t-elle en se tournant pour repartir à sa vie, me laissant seul dans l'obscurité que sa lumière avait occultée par sa présence et j'en fus, étrangement et inexorablement, attristé.
C'était avec un poids sur la poitrine que je m'en allais, comme exiger, mettre nos affaires en sac pour charger notre âne et quitter Thèbes, à jamais.
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The quest for Destiny
RomanceDestiny avait le coeur sur la main. Elle vivait uniquement pour venir en aide aux autres. Ainsi, elle s'était choisi un métier en conséquence. Elle était infirmière hospitalière et aimait cela malgré les hauts et les bas qui allaient de pair avec ce...