Chapitre 21 : Ryan

508 67 2
                                    


Phoenix ~ Décembre 2020

J'ouvrais la porte de l'appartement, à la volée, et sortis précipitamment.

- S'il te plaît, laisse-moi t'expliquer, me supplia Brianna.

- Non. J'en ai assez. Tu m'avais promis de ne plus faire de conneries.C'est fini, Brianna.

- Je suis désolée, mon cœur. J'ai trop bu. Je ne savais pas ce que je faisais, pleura-t-elle.

- C'est toujours la même excuse.

Je la pris par les épaules et la fixais afin de me faire comprendre.

- Je ne veux plus te revoir. Je pars chez mes parents. Simon viendra récupérer mes affaires. Ne me recontacte plus. Est-ce que c'est clair ?

Sans réponse de sa part, je la relâchais et parti sans un regard en arrière. J'avais bien trop toléré ses tromperies et son alcoolisme. J'avais pensé pouvoir la changer mais cela avait été en vain.

J'avais rencontré Brianna à l'université, lors d'une fête étudiante. Nous avions tant de point commun que les sentiments avaient pris le pas sur ses problèmes. Je m'étais persuadé qu'elle mûrirait avec l'âge. J'avais eu l'espoir que nous pourrions construire une relation saine qui nous aurait mené à fonder une famille. Les désillusions s'étaient enchaîné, cependant. Après neuf ans de relation, rien n'avait changé. Simon m'avait bien dit qu'elle n'était pas faite pour moi. Je m'étais tout de même accroché.

Cela suffisait aujourd'hui. J'avais vingt neuf ans et l'envie de construire quelque chose de solide et stable primait sur ma loyauté. De plus, je voulais être l'homme d'une vie pour une femme, et non l'homme tromper à qui se raccrocher quand ses aventures la laisse tombée. D'où ma présence dans cet avion qui me ramenait à la source, chez mes parents. Je n'étais pas retourné à Louisville depuis cinq ans, trop accaparé par les problèmes de dépendance de Brianna. J'avais besoin de me retrouver et oublier que je venais de perdre neuf ans de ma vie auprès d'une femme qui n'en avait que faire de moi.

J'avais prévenu mes parents de ma venue, sans Brianna, et ils en étaient ravis. Ils n'avaient jamais vraiment apprécié celle-ci, mais trop aveugler par mon complexe du héros, je n'avais pas compris leur jugement. Je leur en avais voulu de se montrer aussi dur et injuste envers elle. Je comprenais à présent. Personne ne pourrait rien pour elle. Seule, elle pouvait se sortir de cette situation.

C'était toujours sur les nerfs que l'avion amorça sa descente. Je me sentais trahi et cela était douloureux. Je n'étais pas le genre d'homme qui passait de femme en femme à sa guise. Je préférais m'investir auprès d'une seule femme. Je voulais ce foutu rêve américain. Je voulais une famille, la maison avec la barrière blanche et le chien qui jouait avec les enfants dans le jardin. Je m'étais leurré en pensant que cela serait avec Brianna. J'étais surtout déçu de moi-même. Je l'avais laisser me manipuler à son bon vouloir, bercer par une illusion dérisoire. Je me sentais stupide. Je n'étais qu'un homme trophée pour elle. Celui qu'elle montrait pour rendre jalouse ses amies et profiter du niveau de vie que je lui offrais. Elle devrait, à partir de ce jour, se trouver un nouveau pigeon à déplumer. Je n'avais pas bataillé durant mes études de droit pour financer les besoins d'une alcoolique, tristement imbue d'elle-même.

J'avais besoin de me recentrer sur moi et moi seul, après avoir tout donné à cette femme. Louisville était la destination idéale pour cela. J'avais grandi dans cette ville avant de partir pour New York afin de poursuivre mes études supérieures. Cela faisait deux ans que je pensais à un possible retour dans ma ville natale. Cela avait été mon but initial. Obtenir mon master en droit civil et social, et exercer mon métier d'avocat ici. Cela ne s'était pas fait car Brianna tenait à vivre à Phoenix, préférant sa chaleur.

Lorsque je posais le pied sur mes terres, je sentis un regain d'énergie que j'avais oublié avec le temps et prit conscience que cette relation avait été bien plus toxique que je l'avais pensé. Qu'il était bon d'être chez soi. Le poids que mes épaules devaient supporter, s'allégea soudainement et j'eus l'impression de redécouvrir l'air pur. Je me sentais enfin à ma place ici. L'attirance qui me tirailler depuis plusieurs années, maintenant, disparut subitement. J'étais là où il fallait que je sois.

Je jetais un regard furtif à ma montre. Vingt deux heures vingt quatre. J'avais dit à mes parents qu'il était inutile de se déplacer, que je prendrais un taxi. J'avais bien fait. Ils n'étaient plus tout jeunes et il était tard. Je pris la direction de la sortie après avoir récupéré mon unique valise, faite à la va vite quelques heures plus tôt, afin de ne pas entendre les doléances de mon ex petite-amie. Les portes coulissantes passés, je pris une grande inspiration et savourais l'oxygène qui traversait mon corps. Un air glacé de liberté. La fête de Noël tomberait d'ici, dix jours et pour la première fois, en cinq ans, j'allais pouvoir en profiter auprès de personne qui m'aimait vraiment. Cela était rafraîchissant.

Je m'avançais sur le trottoir noir de monde, espérant trouver un taxi de libre. Ils étaient tous accaparés, cependant. Je soupirais en attrapant mon téléphone portable. Je n'avais aucune envie de le rallumer et tomber sur les dizaines de messages que Bri avait dû m'envoyer, me suppliant de lui donner une énième dernière chance. J'étais bien décidé cette fois. Je ne pouvais plus lui pardonner. Cela n'aurait pas dû durer aussi longtemps. Elle avait abusé de ma patience. Cela ne manqua pas lorsque l'écran s'alluma sur mon fond d'écran. Les notifications faisaient grésiller hystériquement l'appareil. Elle ne lâcherait pas aussi facilement. Je les repoussais toutes et songées à changer la photo, qui nous représentait enlacés, qui m'accueillerait à chaque fois que je voudrais me servir de l'objet.

Je fis ma sélection dans l'application Uber. Il ne me restait plus qu'à attendre le chauffeur. Ma sonnerie de téléphone réveilla mon esprit parti, durant une seconde, à la vie qui pourrait m'attendre en m'installant ici définitivement. Avec appréhension, je zieutais l'écran et soufflais de soulagement lorsque je vis le nom de mon pote s'affichait. Je décrochais.

- Salut.

- Tu es bien arrivé ?

- Ouais et tu n'imagines pas à quel point ça fait du bien d'être là.

- Je ne peux que l'imaginer. Je t'appelais pour te dire que toutes tes affaires sont chez moi.

- Merci, soufflais-je, tu es vrai pote. Elle t'a laissé faire sans résistance ?

Il rigola.

- Tu plaisantes ? C'est une vraie tarée cette nana.

Mon taxi arriva face à moi et ma vision se troubla, soudainement.

- En tout cas, merci Simon. Je te le revaudrais. Il faut que j'y aille. Mon taxi est arrivé.

- Très bien. On se rappelle.

Je raccrochais, les mains tremblantes, et me dépêchais de monter dans le taxi, de peur de m'évanouir au milieu du trottoir. Les émotions avaient l'air de me gagner. Je tentais de respirer profondément alors que mes yeux se fermaient doucement, jusqu'à sentir le monde, autour de moi, se stabiliser.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant