Chapitre 12 : Destiny / Ânkhti

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Égypte ~  1500 av. J.C

Je savais déjà qu'en ouvrant les yeux, je ne trouverais pas mes parents face à moi. Les souvenirs d'une autre femme me venaient par vagues et pour la première fois, j'exécrais cela. Cette femme n'était pas bonne. Elle était perfide, vaniteuse, imbue d'elle-même.

Ânkhti. Quel joli et romantique prénom pour une femme ténébreuse.

Elle rêvait de pouvoir. Elle s'estimait supérieure, que tout devait lui être dû. Il serait difficile pour moi d'agir ainsi mais toutefois, si Cora disait vrai, que j'intégrais le corps de cette femme, je me devais d'agir en son sens, au risque d'éveiller les soupçons. Je me devais de garder le passé inchangé, que cela me coûtait ou pas.

J'ouvris les yeux sur une immense salle colorée de couleur vive. La prédominance de l'or était clinquante. Je me trouvais assise sur un majestueux siège, pas du tout confortable mais pleinement satisfaite. Des personnes passaient devant moi, l'échine courber, alors que des hommes, stoïque tel des statues, semblaient garder la salle. Je fouillais dans mon esprit pour comprendre le statut de cette femme, et compris qu'elle était la maîtresse du pharaon. Que faire de cela ? Il était hors de question de coucher avec cet homme. Elle n'était clairement pas amoureuse de lui, juste de son statut, qui lui offrait un niveau de vie supérieur . Elle convoitait la place de la reine et complotait à son sujet. Elle projetait de faire assassiner la reine. Cela était immonde. Comment aurais-je pu être cette personne ?

Le dos droit, la tête haute, le regard dédaigneux sur les gens qui l'entourait, qui m'entourait, je me relevais alors qu'une petite fille entrait en portant une lourde charge. Je ne pouvais pas faire cela. Cela était au-dessus de mes capacités. Je m'approchais de l'enfant.

- Pose ça, petite.

Elle s'exécuta avec crainte, n'osant pas me regarder.

- Comment t'appelles-tu ?

- Aménophys, chuchota-t-elle.

Je tapais des mains et deux servantes virent à nous, précipitamment.

- Elle ne vous ennuiera plus, ma reine. Je vais l'emmener avec moi, plaida l'une d'elles en attrapant le bras de l'enfant.

- Ce n'est pas grave. Apportez-nous de quoi nous restaurer et nous hydrater, s'il vous plaît, demandais-je en attirant la petite, dégoulinante de sueur, à moi.

Une enfant aussi jeune ne devrait pas travailler par cette chaleur. Je me rendais bien compte que cela était une autre époque mais cela était plus fort que moi.

J'emmenais Aménophys dans la pièce adjacente, où je savais que se trouvait une grande table à festoyer et l'obligeait à s'asseoir avant de prendre place près d'elle en lui offrant un sourire avenant. Elle semblait perdue. Son visage ne m'était pas inconnu. Ânkhti l'avait souvent aperçu dans le palais et s'en était souvent plainte auprès du roi. Comment pouvait-elle se montrer aussi cruelle envers un si jeune enfant ?

- N'ai pas peur, mon enfant. Je ne te ferais aucun mal. Tu m'as l'air épuisée, me désolais-je.

- Je vais bien, madame.

Comme elle n'osait toujours pas de relever la tête, je passais ma main sous son menton et le relevais.

- Tu as besoin de repos et de manger. Tes parents travaillent ici aussi ?

- Maman est lingère et mon père est dans les champs.

- As-tu des frères et sœurs ?

Elle hocha la tête par la positive.

- Mon frère est avec ma mère.

- Comment s'appelle-t-il ?

- Rhankhin, murmura-t-elle.

La servante, qui avait voulu protéger la petite, entra avec deux femmes. Ils avaient les bras chargés de victuailles qu'ils posèrent sur la table sous les yeux brillants de l'enfant. Elle n'osait, néanmoins, pas toucher aux plats.

- Mange tout ce qui te fait envie, l'encourageais-je, je te ramènerais, moi-même, chez toi lorsque tu voudras rentrer. Je tiens à parler à tes parents.

En effet, je possédais un statut favorable au sein de la cité aussi, j'étais en capacité d'aider, au moins, cette famille. Je ne tiens pas à ce qu'elle reste dans le palais car Ânkhti prévoyait de l'éliminer, également. Cette femme était un monstre. Une des servantes était resté dans un coin de la salle afin de pallier à mes demandes. Je lui demandais d'approcher.

- Pourriez-vous vous rendre dans mes appartements et me ramener la caissette qui se trouve dans le coffre près de mon lit, s'il vous plaît ?

- Bien, madame, s'inclina-t-elle avant de partir.

Aménophys engloutissait tout ce qui lui passait sous la main. Elle était affamée. Cela était plaisant de la regarder manger. Elle était si maigre.

- Mange plus doucement, lui conseillais-je tout de même, tu vas te rendre malade.

Je ne savais pas ce qui m'attirait tant chez cette enfant, en dehors de mon humanité, mais je tenais à la mettre à l'abri de cette sorcière avant qu'il soit trop tard. Je me sentais responsable de l'enfant. Attirer comme une abeille devant une fleur. Mon désir de lui apporter le meilleur était prenant. Je ne savais pas combien de temps il me restait en ces lieux, aussi il le fallait me presser pour achever ce qui se construisait dans mon esprit.Je lui caressais les cheveux afin de me rendre plus accessible à elle. Je n'aimais pas que cet enfant me craigne. Je sentais une puissante connexion envers elle. Je ne pouvais supporter le mal qu'Ânkhti lui avait fait subir. La petite m'offrit un premier petit sourire craintif, mais cela était une victoire, puis repris son repas.

La servante revint, la caissette en main, et la posa devant moi.

- Merci.

Aménophys termina son plat et s'essuya les mains sur son haïk. Je lui servis un verre d'eau et l'enjoignais à se déshydrater.

- Je ramène Aménophys chez elle. Pourriez-vous demander à cinq gardes de se préparer à une petite expédition ?

- Bien sûr, madame.

Elle partit rapidement alors que j'entraînais l'enfant aux portes du palais afin de la ramener avec la fameuse caissette qui allait changer la vie de cette famille.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant