Chapitre 17 : Destiny / Sanna

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Scandinavie ~ Mars 811

Face à moi, se tenait une étendue bleutée scintillante et agitée. Je me trouvais sur une colline qui surplombait l'océan, bordée de sable fin. La vue était splendide mais je ne pus en profiter de tout mon soul. De nouveaux souvenirs m'assaillaient. Ils étaient loin d'être agréable mais m'aiguillaient sur l'époque à laquelle j'avais affaire.

Sanna avait vécu une enfance des plus heureuses, auprès de ses parents et frères. Petite blonde aux joues roses, je pouvais, comme elle, expérimenter l'amour que sa famille lui avait apporté, il y avait des années de cela, jusqu'à ce que cela lui soit brutalement enlevé par une horde de barbare à l'allure terrifiante. Suite à ces événements, une rage incommensurable avait guidé ses instincts. Aujourd'hui, elle était devenue la guerrière la plus sanguinaire de son clan. Happer par l'esprit de la vengeance, elle s'était préparé, toutes ces années, au moment où elle se retrouverait face aux hommes qui avaient attaqué son clan et tuer sa famille. Sous la tutelle de son oncle, qui était le jarl, elle avait pu faire ses preuves pour combattre à leurs côtés en temps de guerre, ainsi que lors de leur expédition. Un souvenir me dérangea et je me passais la langue sur les dents. Ce fut avec horreur que je constatais qu'elle s'était réellement limer les dents pour avoir l'air plus féroce et contraster avec ses traits trop doux. Cela était choquant mais semblait normal pour elle. Je relevais le regard droit devant moi, tentant d'endiguer la rage qui essayait de m'envahir. Je n'étais pas cette personne. Cette colère ne m'appartenait pas mais elle était fulgurante. Cette version de moi-même était déstabilisante. J'étais femme de sentiments. Elle était femme de guerre. À l'époque où je me trouvais, je me serais retrouvé en étant une guérisseuse mais, bien sûr, ces voyages n'était pas fait de choix. Je devais prendre ce qu'on m'apportait. Il me fallait simplement accepter que j'avais été cette femme qui n'avait aucune horreur à faire couler le sang.

- Sanna, m'appelait une puissante voix, au-dessus du bruit de la houle en contrebas.

Je me retournais pour voir, Knut, le jarl me faire signe d'approcher. En bon soldat, je fis ce qu'on me demandait et me postait face à lui, le regard ancrée dans le sien.

- Nous partons dès demain, lorsque le soleil nous offrira ses premières lueurs. Sois prête à partir.

- Par les mers, mon oncle ?

Il secoua la tête par la négative.

- Non, par les terres. Nous nous rendrons dans le village voisin. Une dot nous y attend par leur jarl.

Je fronçais les sourcils. Je ne posais jamais de questions. Je me contentais d'obéir mais je ne pouvais réprimer cette expression faciale face à l'incongrue situation.

- Il possède trop de prisonniers. Il souhaite un transfert et j'ai agréé à sa demande. Nous n'avons jamais assez de petites mains au camp. J'ai tout de même demandé une compensation à cette faveur.

Stoïque, je ne bronchais pas. Il se retourna et partit auprès des femmes légères. Depuis la mort de ma tante, morte en couches, il se contentait de ces filles aux mœurs douteuses. Elles s'offraient à lui dans l'espoir de devenir la prochaine épouse du chef. Cela serait en vain. Ma tante avait été l'amour d'une vie pour lui. Il ne se voyait aucunement partager sa couche avec une autre. Il se faisait tard et nous allions vivre de longue heure à cheval, le lendemain. Je rejoignais alors ma maison, non loin de celle du jarl. Mon corps reposé sur ma paillasse, je m'endormis rapidement, comme un interrupteur à volonté commander par mon propre esprit.

Pour réveil, je fus éjecté de mon lit brutalement. Je me relevais, pousser par l'instinct, et sortit les dents en grognant avant de le regretter immédiatement quand mon regard se posa sur mon oncle.

- En route, démone, ordonna-t-il.

Il me laissa seule après m'avoir lancer un regard qui me pressait de faire au plus vite. Le village voisin se trouvait à six heures du nôtre. Ainsi, il n'y avait pas de temps à perdre. Je passais mes mains, à plat, sur ma robe à corset en cuir, telle une cuirasse et constatais que mes armes étaient toujours accolés à mes cuisses, aussi j'étais prête et suivais l'homme à l'extérieur. J'avais dormi trop longtemps. J'avais envisagé d'aller à la rivière pour me laver avant de partir. Cela serait pour plus tard.

Mon cheval était déjà prêt. Je le montais et pris la tête du cortège, auprès de mon oncle. Je ne parlais que très rarement, aussi il appréciait ma présence silencieuse. Mes longs cheveux blonds flottaient au gré du vent autour de moi, allant jusqu'à caresser la joue de mon compagnon de voyage. Il les repoussait avec agacement. Je lâchais alors les rênes et entrepris de refaire quelques-unes de mes tresses puis me reconcentrer sur le chemin dégagé face à moi. Les guerriers, derrière nous, s'amusaient tout à leur imagination fertile sur une éventuelle attaque cacher. Ils avaient autant soif de sang que moi. Nous étions connus pour notre brutalité sans peine. Il était dangereux de s'attaquer au clan du nord sans vouloir voir la mort de très près.

Nous parvînmes aux abords du village, sous les rires de concupiscences des hommes de mon clan, rêvant à capturer une jeune et douce demoiselle innocente parmi ces villageois. Mon oncle ne le tolèrerait pas, cependant. Nous avions assez de femmes prêtes à donner d'elles.

- Vous resterez à l'extérieur durant les négociations, exigea-t-il avant de se tourner vers moi, tu connais le code. S'il y a un problème, vous pourrez vous amuser autant que vous le souhaitez.

J'acquiescais sèchement.

Nous stoppions, simultanément, nos chevaux au milieu du village, sous les regards craintifs de ses habitants. Knut descendit de sa monture. Les villageois reculèrent abruptement. J'en fis de même, suivi des autres.

- Mon ami, s'écria une voix sur notre gauche.

Un homme à bonne stature, s'approchait de nous, les bras grand ouvert.

- Björk, salua mon oncle.

L'homme voulut faire l'accolade à Knut mais se ravisa rapidement. Nous n'étions pas dans les démonstrations d'affection, à son contraire. Il le saurait, à présent.

- Suis-moi. Nous avons à discuter.

Un regard jeter dans notre direction pour réitérer son ordre, il prit le même chemin que l'homme.

- Sunniva, reviens par là, cria une femme devant nous, de panique, deux minutes plus tard alors que j'observais toujours le chemin prit par mon oncle.

Une petite fille, d'environ quatre ans, blonde comme les blés semblait la fuir en rigolant, sans regarder devant elle et percutait mes jambes de plein fouet, si bien qu'elle tomba sur les fesses. Je baissais la tête pour la scruter. Ses yeux, poser sur moi, étaient écarquillés. Notre réputation semblait n'avoir aucun secret, même pour les enfants aussi jeunes. Nous étions les monstres qui faisaient cauchemarder les bonnes gents. Son corps commença à trembler de terreur. Cela réjouissait le monstre en moi. Je pris pitié, cependant, et m'abaissais pour l'aider à se relever. Sans faire attention, ma bouche s'ouvrit pour laisser apparaître mes dents. La petite eut le temps de les apercevoir et se mit à crier. Sans mon aide, elle se redressa et courut vers sa mère, qui la réceptionna avant de rentrer dans une petite maison.

- Tu terrorises même les enfants maintenant, la démone, se marra North, le bras droit de notre jarl, derrière moi.

Je lui adressais un regard menaçant puis parti vers la première taverne qui croisait ma route, irriter de ne pas parvenir à faire ressortir un peu de ma personne dans cette vie-là.

J'étais une barbare, une Viking. J'allais devoir m'y accoutumer.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant