Chapitre 29 : Donato Augusto

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Galice ~ Février 1581

Je jetais un énième regard sur le travail terminé. L'illustre couple Sanperouse m'avait demandé un chef-d'œuvre, en cadeau pour leur fille. Ils allaient l'obtenir. De très riches particuliers qui feraient de cette œuvre un tremplin à ma carrière naissante.

Cela faisait deux mois que je travaillais sur cette toile avec pour directive à laisser parler mon talent de peintre. C'était une occasion bénie pour moi. Ils étaient des clients idéaux. Jamais orgueilleux, ils ne cherchaient pas à étaler leurs savoirs au profit du petit peintre sans éducation que j'étais. Je me ferais un plaisir, non voilé, de travailler de nouveau pour eux.

Ils avaient l'air d'aimer énormément leur fille car la toile qu'ils avaient commandée pouvait facilement recouvrir tout un pan de mur. Je ne savais pas pour quelle occasion cela était, aussi, il avait fallu ouvrir mon esprit sur plusieurs possibilités. Je m'étais fixé sur des courbures arrondies et douces. Ils m'avaient fait part de son amour pour l'océan. J'avais, donc, utilisé une multitude de nuance bleutée, utilisant quelques touches de couleurs pastel, telles que le jaune afin d'harmoniser l'ensemble qui laissait à penser que nous regardions un paysage céleste. Je devais livrer cette toile dans la journée. Je la laissais alors sécher avant de devoir la transporter jusqu'à leur maison, cent fois plus grande que mon atelier, qui me servait accessoirement de logement.

Je n'avais pu m'offrir le luxe de dormir depuis trois nuits, trop exalter par mon travail. Je pris alors le temps du séchage pour m'allonger et tomber dans un sommeil réparateur avant que les hommes, engager par l'épouse Sanparouse, arrivent afin de nous mener, la toile et moi, au domicile de celle-ci. L'inconscience ne mit que quelques secondes pour m'engloutir.

Un poing burinait ma vétuste porte. Réveiller en sursaut, je braillais qu'il n'était pas nécessaire de casser ma porte jusqu'à ce que j'ouvre celle-ci. Deux hommes bien bâti me scrutaient d'un air effrayant.

- Cela fait cinq bonnes minutes que nous tambourinons à votre porte, peintre. Madame à demander aucun retard, grogna l'un d'eux.

- Je suis navré. Je me suis endormi... Veuillez me suivre.

Je les conduisis à l' œuvre et leurs yeux ronds de stupeurs me firent ricaner.

- Ne vous a-t-elle pas informé de la grandeur de la toile ?

- En effet. Cela risque d'être plus compliqué que prévu. Il va nous falloir la transporter à pied. Est-elle lourde ?

- Je vous en laisse seul juge, les invitais-je à la soulever.

Ils s'avancèrent en sa direction et la sous pesèrent.

- Il va nous falloir deux hommes de plus afin d'être sûr de ne pas l'abîmer en chemin, constata le plus costaud des deux.

- Je pense que tu as raison. Tu vas devoir nous aider, peintre.

- Bien sûr mais si mes calculs sont bons, nous ne sommes que trois. Il nous faudrait un autre homme.

- Il a raison, confirma le plus trapu.

- Je vais de ce pas demander qui cela intéresserait contre deux pièces d'or.

Il sortit en vitesse de l'atelier, nous laissant seul, dans un silence assourdissant, pour revenir cinq minutes plus tard avec un garçon.

- Voilà qui devrait faire l'affaire. Tu vas attraper un coin du tableau, mon garçon.

Le jeune homme s'exécuta immédiatement et c'était ainsi que nous parvînmes à la maison des Sanparouse après une demi-heure de marche, passant des petites rues malfamées aux quartiers plus cousu. Le stresse envahit mes veines comme une traîner de poudre à l'approche de l'entrée du domaine.

Nous fûmes accueillis par une domestique qui nous fit pénétrer le demeure avec la plus grande des gentillesses. Nous proposant même un rafraîchissement après l'effort fourni.

Les hommes refusèrent, impatient d'être payé. La femme se hâta d'aller informer ses patrons de la livraison. Pendant ce temps-là, nous nous dépêchions de faire entrer la toile dans la pièce, indiquer par la maîtresse de maison lors de ma première visite. Une salle sombre pourvut d'une grande table en bois et d'une dizaine de chaise. Nous plaquions mon œuvre contre un mur et nous empressions de rejoindre notre emplacement initial.

Le couple, venant d'un long couloir, s'avança vers nous, sourire aux lèvres.

- Je constate que vous êtes capable de travailler rapidement. Cela est un grand atout, mon cher, se réjouit l'épouse.

- Effectivement. Nous n'hésiterons pas à refaire appel à vous, monsieur, renchérit l'époux.

D'une légère révérence, je leur montrais que cela serait avec grand plaisir.

- Tenez mes braves. Votre dédommagement pour le travail fourni.

Monsieur Sanparouse tendit un ballotin de pièce aux transporteurs. Lorsqu'ils furent partis avec leur dû, le couple se tourna vers moi, un grand sourire mangeant leurs visages puis le bruit distinct de chevaux martelant le sol nous parvinrent annonçant l'arrivée de leur enfant unique. Des rires d'enfants égaillèrent l'atmosphère.

- Ne courrez pas les enfants, conseilla leur mère.

Les poils de mes bras se dressèrent à l'écoute de cette douce voix. Instinctivement, je pivotais pour voir une belle milady franchir le seuil de la demeure, le regard pétillant d'humour. Je pourrais jurer qu'elle était une créature tout droit sortie des contes féeriques raconter aux enfants. Les yeux baissés sur ses enfants, qui semblaient se jouer de leur mère, en feintant de grands seigneurs, elle ria de leur bouffonnade. Elle se tourna sur ses parents et leur tendit les bras afin de les enlacer avec tendresse.

- Mère. Père.

Lorsqu'elle câlina son père, ses yeux se posèrent enfin sur moi, s'écarquillèrent durant une seconde et je sentis, en mon for intérieur, quelque chose remuer. Cela était comme si tout se mettait en place. Chaque aspect de ma vie se rattacher à cette belle dame.

Son père la relâcha mais ses yeux, eux, restèrent dans les miens comme hypnotiser, autant que je l'étais.

The quest for DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant