Louisville ~ Décembre 2020
La musique avait disparu. Cela était étrange. Je n'étais plus debout, non plus, mais assis. Le son distinct des véhicules percuta mes tympans. Je ne sentais plus la présence de Megan. Cela me contraria. J'ouvris alors les yeux. Je me trouvais dans le Uber que j'avais commandé quelques heures plus tôt. Les sourcils fronçaient, je tentais de comprendre. J'étais dans un nightclub, quelques secondes auparavant, et maintenant, j'étais revenu au point de départ. Que cela voulait-il dire ?
Je me fis la réflexion que j'avais dû m'évanouir. Comme il était étrange de vivre la vie d'un autre, vivre ses émotions, seulement en perdant conscience. La pensée de la jeune femme me poursuivait tout le long du chemin qui me menait chez mes parents. Je n'arrivais pas à me détacher de son image chimérique. Simple illusion de mon imagination débordante, elle était la représentation illusoire de la déception de ma vie amoureuse. Mon esprit avait certainement tenté de m'apporter du réconfort en fabriquant de toutes pièces la femme parfaite pour moi. Je ne voyais pas d'autres explications logiques. Megan allait me hanter. Elle n'était pas réelle et je ne trouverais jamais le quart des émotions qu'elle m'avait fait ressentir mais cela avait été une formidable expérience de la rencontrer, même si cela était qu'un rêve. Toujours perdu dans mes pensées, je ne sentis pas la voiture s'arrêter devant la maison de mes parents.
- Nous sommes arrivés, monsieur.
Cela m'obligea à refaire surface. Je le remerciais avant de sortir. Voilà, que de nouvelles options s'offraient à moi. J'avais la possibilité de m'établir dans cette ville qui m'avait vu grandir, comme je l'avais souhaité en partant d'ici pour mes études. Je voulais commencer une nouvelle vie, loin de la très toxique Brianna. Je voulais me retrouver, faire de mes projets initiaux, un objectif à atteindre. J'étais un bon avocat. Je ne doutais donc pas de mes compétences. Je ne voulais plus travailler pour un cabinet. Je voulais ouvrir le mien. J'étais plein d'ambitions et plus aucun obstacle pour me barrer la route. Du haut de mes vingt-neuf ans, je pouvais tout accomplir.
Je m'avançais dans l'allée fleurie par les soins de ma mère, me baissais pour récupérer la clé, cacher sous une fausse pierre. Je leur avais demandé de ne plus faire cela, c'était trop risquer, une porte ouverte pour tout cambrioleur, mais ils n'avaient vraisemblablement pas écouté.
J'entrais doucement, en gardant la clé avec moi. Sans bruit, je ne m'attardais pas. J'avais vraiment besoin d'aller me coucher. Je me sentais épuiser tant par le voyage que par cette étrange vie de Tom Nelson. Je n'enlevais que mes chaussures avant de me jeter sur mon lit d'adolescent. Cherchant le sommeil, une idée incongrue me vint. Je tendis le bras vers ma table de chevet pour attraper mon téléphone portable. J'entrais dans la barre de recherche Google le nom de Tom Nelson et fus ahuri de constater le nombre de lien menant à ce nom. Il fallait dire que cela était un nom assez commun, aussi je ne m'emballais pas, même si la perspective qu'il est vraiment existé soit folle et cela voudrait dire que Megan aurait été aussi réelle. Le sommeil tentait de gagner le combat alors que la première page chargeait. Le doute s'installant, j'avais besoin de savoir si j'avais tout imaginé, ou alors que mon cerveau avait assimilé des informations qui m'étaient, à priori, inconnus.
La page web était très simple pour un site journalistique. Seulement un court article sur un homme d'une quarantaine d'année mort dans une fusillade. Ce qui me troubla était que cet homme vivait à New York et était connu des services de police pour un grand réseau de trafic de drogue. Cela me parlait à bien des égards. Je tentais un autre lien, plus bas et fus choqué par ce que je voyais. C'était le site du journal « The New York Daily» du vendredi 30 Septembre 1988. Ils parlaient de long en large et en travers de cette affaire. Cela parlait d'un règlement de comptes entre deux rivales sur le marché de la drogue New-Yorkaise. Tom Nelson aurait été abattu dans une ruelle par Mitchell Spizoti, à l'âge de quarante deux ans.
Tout cela était de plus en plus troublant. Je ne savais plus quoi en penser aussi je poursuivis ma lecture.
Les deux comparses seraient devenus ennemies, après des années d'association et d'amitié, à cause d'une femme. Megan Farris.
Tout était réelle. Je n'avais rien inventé. Comment était-ce possible ?
Le comble de toute cette histoire fut lorsque je tombais, en bas de page, sur la photo du couple à l'origine de cette guérilla. La fatigue oubliée, je me passais une main sur le visage en lâchant mon téléphone. Cela était impossible. Je devais halluciner, ce n'était pas possible autrement. Je regardais de nouveau l'écran et vu que je ne délirais absolument pas. Tom Nelson était mon portrait craché. Nous avions la même carrure, le même visage. Nous étions des copies conformes. Quant à Megan, elle était exactement la même qui avait déposé un léger baiser sur ma joue, avec quelques années de plus. Ils semblaient être entourés d'amis lors d'un barbecue. Ils avaient l'air heureux ensemble. Ils se regardaient avec tellement de passion que même trente-deux ans plus tard, il était difficile de ne pas se sentir mal à l'aise de les observer sans avoir l'impression d'être un voyeur. Ma Megan était là, sous mes yeux, plus belle que jamais. Cela me perturba. La femme qui aurait pu faire de moi l'homme le plus heureux sur terre était morte d'une balle dans un conflit que son amour pour cet homme avait engendré. Une tristesse dérisoire m'engloutissait. Cela était inexplicable. Des questions auxquelles j'aurais aimées des réponses prirent possession de mon esprit. En vain. Qui pourrait comprendre sans me juger sur cette expérience complètement folle ?
Je reposais mon téléphone sur la table de chevet et me mis à scruter le plafond avec l'espoir de retourner à cette époque où j'avais eu la chance de côtoyer cette femme. Savoir qu'elle avait réellement existé occulta le simple fait que la personne qui avait partagé sa vie me ressemblait comme deux gouttes d'eau. J'avais bel et bien l'impression d'avoir fait un bond dans le temps pour investir le corps de mon sosie. Où étais-je sa réincarnation ?
Cela était absolument dingue... mais si c'était le cas... J'étais un homme de foi et de loi. Les miracles n'étaient pas des chimères à mes yeux. Dieu m'aurait-il permis de rencontrer la femme faite pour moi ? cela qu'il aurait créé seulement pour moi ? S'ils avaient pu se trouver à leur époque, allais-je la trouver, moi aussi, à la mienne ?
Malgré ma récente déconvenue amoureuse, je ne bannissais pas l'amour de ma vie. Je n'étais tout simplement pas tombé sur la bonne personne. Je le savais depuis des années mais je n'avais jamais eu le courage de la laisser tomber alors qu'elle avait grand besoin de quelqu'un qui prendrait soin d'elle. Je m'étais engagé auprès d'elle, je cherchais seulement à assumer cette décision en lui apportant ma loyauté indéfectible et un soutien sans failles. Cependant, elle était arrivé à bout de ma patience. Il fallait que je pense à moi, également. Notre vie était devenu un cauchemar sans nom. Elle ne se refrénait plus du tout, ces derniers mois. Je n'en pouvais plus de supporter tout cela. Elle découchait sans arrêt. Elle buvait à longueur de journée. Elle couchait avec des hommes qu'elle ramassait dans les bars, bien que cela ne me dérangeait pas car nous n'avions plus de relation sexuelle depuis des mois, cela restait humiliant pour moi. Aussi, je voulais me donner la chance d'obtenir ce dont je rêvais. Elle ne pouvait pas me le donner et il était temps pour moi de le réaliser. Je voulais un amour sincère, pur et vrai qui nous conduirait à une heureuse vie de famille. J'aurais pu avoir tout cela avec Megan, si elle n'avait pas vécu à une autre époque. Je me sentais léser. J'aurais pu connaître ce qu'était le vrai bonheur auprès d'elle, j'en étais persuadé.
Je me surpris à en rêver alors que le sommeil gagner du terrain. J'avais toujours voulu ce qui miroiter, actuellement, dans mon esprit. Trouver la femme de ma vie avait toujours été mon objectif principal avant ma carrière. Je voulais ce que mes parents avaient. L'amour inconditionnel de sa partenaire et que cela ne change à aucun moment tout le long de notre longue vie et grâce à cette expérience fantastique, j'avais pu expérimenter, un court moment, cela. Était-ce les prémices d'une rencontre qui allait bouleverser ma vie ? Un cadeau que Dieu me faisait pour me préparer à la plus belle rencontre de ma vie ?
Je l'espérais fortement.
Pour finir ce chapitre, je vous souhaites à tous et à toutes un joyeux noel !
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The quest for Destiny
RomantizmDestiny avait le coeur sur la main. Elle vivait uniquement pour venir en aide aux autres. Ainsi, elle s'était choisi un métier en conséquence. Elle était infirmière hospitalière et aimait cela malgré les hauts et les bas qui allaient de pair avec ce...