Madame de Rothschild

39 7 8
                                    

Raphaël avait accompagné Kelly à la gare quand elle était partie chez son père à Montpellier. Ensuite, il s'était senti tellement triste, comme si ce train avait emmené une part de lui-même au loin.

Une semaine sans Kelly, le cauchemar.

Il enviait Diego, Alicia, elle, était toujours là.

*
* *

Ce samedi soir, ils allaient à une fête chez Alban, l'un de leurs copains de l'équipe de foot. Il vivait dans le sud de la ville, dans un quartier cossu. Il ne fréquentait pas le même collège que Raphaël, Dylan et Diego. La ville en comptait deux publics, un au nord, auxquels étaient rattachés la cité et les lotissements alentour, et un au sud, flambant neuf, juste à côté du lycée.

Raphaël et ses copains fumaient affalés dans les canapés du salon de jardin, au bord de la piscine.

- Il y a ton cousin, lança Dylan à Raphaël.

Il était 22h, il était là depuis une heure et Dylan était déjà bien bourré. Il lui désignait Izac, élégamment vêtu d'une chemise blanche et d'un jean de marque, qui venait d'arriver à la soirée.

Raphaël soupira.

- C'est pas mon cousin !

- Un peu quand même, fit Dylan en faisant des ronds de fumée blanche vers le ciel noir.

- En quelle langue il faut te le dire, il est espagnol je suis marocain, d'où on est cousins ?

Diego se marra. Dylan passait son temps à dire à Raphaël qu'Izac était son cousin, bien que ça ne soit pas le cas. Il avait Alicia sur les genoux, elle buvait et fumait plus que d'habitude, mais ça Diego ne l'avait pas remarqué.

Raphaël salua Izac qui s'installa à côté d'eux, Diego lui passa son joint. Il fuma. Dylan, lui, buvait un énième mélange d'alcool improbable en jetant des petits regards à Raphaël.

- Qu'est-ce qu'il y a ? finit par demander Izac.

- Rien, répondit Raphaël, juste Dylan qui est bourré.

Pour changer.

- Il veut pas admettre que t'es son cousin !

Izac se marra. Raphaël soupira.

- Laisse tomber, il est fada, l'autre fois il m'a enfermé dans un placard.

- Parce que c'est vrai ? s'exclama Izac.

- Oui c'est vrai, dit Diego, tu me croyais pas mais je t'emboucanais pas !

Izac éclata de rire en imaginant Dylan enfermer Raphaël dans le placard de la salle de français.

- Il y a de l'ambiance à Anatole France... dit-il en tirant sur son joint.

- De l'ambiance de quoi ? s'exclama Raphaël. On s'est pris deux heures de colle ! En plus je suis claustraphobe...

- Claustrophobe, corrigea Diego.

- C'est pareil, s'énerva Raphaël, j'ai failli mourir.

Izac était mort de rire.

- J'aimerais bien t'y voir toi, lui lança Raphaël, ton pote t'enferme dans un placard en te disant on viendra te chercher à la libération, tu fais quoi ?

- Il attend la libération, fit Dylan.

Entre le THC et cette histoire loufoque, Izac n'arrivait pas à arrêter de rigoler.

- Te marre pas, c'est pas drôle, l'engueula Raphaël.

- Si Rafi, dit Izac, c'est ultra-drôle et c'est typiquement le genre de truc qui arrive qu'à toi.

Mi Beau Gosse, Mi Bâtard I - Premières foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant