Chapitre 55: Contacte

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Cela faisait deux jours que Law avait mis un plan en place. Deux jours que le navire pirate était « reparti » avec des vivres suffisants. Deux jours que plus aucun Heart n'était vu sur l'île. Et pourtant bien deux jours qu'ils ne cessaient d'observer la bâtisse, les allés venus des encadrants et des pensionnaires. Et ce n'est qu'après tout ce temps que quelque chose commença très légèrement à bouger du côté des enfants.

Law avait passé les dernières quarante-huit heures entre les arbres proches de l'orphelinat. Son sabre en main, fluide actif, prenant en note mental chaque détail de ce qu'il voyait, il ne bougeait pas, tout comme les deux autres Heart disposés aux alentours de la plaine. Avec ça, de nombreuses choses leur avait sauté aux yeux. La ponctualité des sorties et des actions des occupants, le périmètre restreint que pour l'instant ni les petit ni les adultes n'avaient franchi, la foret semblant faire office de barrière entre deux mondes, mais surtout les expressions sans cesse souriantes des enfants et la manière dont ils appelaient les femmes les hébergent.

La première fois qu'ils avaient réussi à l'entendre, ils avaient grimacé et leur soupçons concernant le lieu n'avait fait que s'accroître. Et ce n'était pas un mal entendu, le terme s'étant répété avec de grands sourires dans la bouche de chaque pensionnaire.

- Mère ! Mère ! On peut cherchez des framboises sauvages dans les bosquets ?

C'était Grace qui parlait, derrière elle d'autres enfants, des étoiles dans les eux et presque de la bave au coin de la bouche, et sur son visage, le plus grand sourire que son père n'avait jamais vu. Elle se tenait à la robe de l'une des femmes leur servant de surveillante, celle que l'on voyait de loin avec ses cheveux de jais. Elle posa un doigt songeur au coin de sa bouche en balançant son bassin, lui donnant une posture asymétrique.

- Humm... je ne sais pas trop... hors de la prairie, c'est dangereux.

- Mais les bosquets sont juste devant, argumentant la gourmande, soutenu par ses petits camarades derrière elle.

- D'accord, d'accord, céda la femme en se redressant et en secouant son indexe, mais vous n'y allez pas tous et pas sans d'une de nous !

- Ouais ! s'écrièrent tous les enfants, la joie sur le visage. On va pouvoir faire des gâteaux et de la confiture !

Ils sautillèrent un moment devant la femme leur souriant doucement et rentrèrent pour chercher des paniers et une de ses collègues pour les surveiller. Leur choix tomba sur la plus petite des trois, les cheveux vert foncé, l'air renfrogné et une cigarette à la bouche, elle se faisait tirée de mauvaise grâce.

- Pourquoi tu as accepté, grogna-t-elle à l'attention de celle la dominant de plus d'une tête, Veia?

Elle se contenta de les saluer avec le même sourire en leur souhaitant de bien s'amuser. Lorsqu'elle fut dans le dos de tous les enfants, son sourire disparut et elle rentra, laissant ses longs cheveux voler sous le léger vent marin.

***

Le temps que leur surveillante se cale contre un arbre avec une nouvelle tueuse en bouche, les enfants s'étaient dispersés autour des framboisiers. Elle ne faisait pas plus attention à eux que ça en pestant contre les buissons allant, selon elle, bientôt finir en tas de charbon.

Elle aurait dû être plus méfiante et attentionnée. La demande de l'enfant était loin d'être anodine. Il y avait plusieurs types d'arbre et de buisson fruitier autour de la plaine. Mais Grace, bien qu'elle ne l'eût pas montrée, sentait sa présence près des framboises. Elle était dans cette endroit depuis maintenant deux semaines, mais elle n'était clairement pas du genre à oublier de faire attention aux environs avec son fluide. Elle le sentait là depuis peu, mais elle savait qu'il était là. Elle espérait juste qu'il ne se ferait pas remarquer et qu'il saurait agir avec discrétion et promptitude.

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant