La fille du Chirurgien de la Mort

Chapitre 67 : Grace va mieux ?

- Je peux vraiment ?

- Oui, lui sourit Law.

Tout le long de son contrôle médicale, Grace était resté neutre, laissant son père lui retirer ses derniers bandages. Après chaque bande qu'il retirait, elle testait la partie de son corps enfin de nouveau découverte.

Elle lui rendit une esquisse de sourire et se leva.

- Par contre, tu dois reprendre doucement.

Il insista sur le dernier mot, lui rappelant qu'elle était guérie mais que son corps avait passé un moment sans activité intense.

- Je sais.

- Ça veut dire pas de haute voltige sur les bars, ni de saut sur la poutre et encore moins d'acrobaties sur le sol.

- J'ai compris, papa.

Il hocha la tête et la laissa partir en lui assurant qu'il allait surveiller ses premiers entraînements pour être certain que Carène ne la pousse pas à franchir les limites qu'il imposait. La sabreuse, libérée de toute obligation médicale quelques jours plus tôt, avait réussi à se blesser rapidement à cause de son impatience à « jouer » avec son sabre.

Une fois la jeune fille hors de la salle, il reprit son sérieux. Il avait fini de lui retirer ses bandages dans son labo pour que Carène, attachée à un lit de l'infirmerie pour son propre bien, ne les distraient pas. Il observait le comportement de sa fille depuis plusieurs semaines maintenant et il le trouvait étrange. Il savait qu'elle n'avait pas pu ressortir indemne mentalement du cauchemar qu'avait été son temps passé dans « l'orphelinat des sorcière » – surnom donné à l'affaire par les journaux.

Pourtant, si l'on n'y prêtait pas garde, les différences entre son comportement d'avant et de maintenant étaient moindre. Encore une fois, cela sans la regarder avec attention. Law, lui, avait su les voir, ces sursauts légers dès que quelqu'un parlait soudainement trop fort, dès qu'Ikkaku criait sur ses camarades, quand l'un d'eux claquait une porte... Et ses yeux... elle n'avait jamais été très expressive sans évènement particulier, mais là, elle l'était encore moins, comme si elle cachait quelque chose. Un sentiment de culpabilité ? Le rejet de ce qu'il s'était passé ? La peur de ses camarades ? Quelque chose de plus grave ? Quelque chose qu'elle leur aurait caché pour dieu savait quelle raison ?

Law n'arrivait pas encore à trouver ce qu'il se cachait sous son nouveau masque neutre. Il essayait, mais lui laissait du temps. Le temps de remettre les choses en ordre, le temps d'oser venir vers quelqu'un, que ça soit lui où un autre membre de l'équipage. Tous lui avaient fait part de leur soutien et de leur écouter.

Chose que beaucoup avait remarqué cependant, il lui arrivait de se retourner vivement dans les couloirs, sans raison apparente. Comme si un fantôme venait de faire tomber un objet immatériel au loin ou qu'un vent glacé lui avait parcouru le dos. Lorsque cela arrivait, elle frissonnait très vivement, la chair de poule sur les bras. Pendant plusieurs minutes, ses irises se rétrécissaient et sa respiration s'accélérait. Elle ne trouvait que dire aux pirates qui la surprenaient dans cet état, ni même à Carène.

Les premières fois avaient été en présence de son amie, cette dernière lui avait demandé à plusieurs reprises si elle se sentait bien et la raison pour laquelle elle se vidait si soudainement de ses couleurs. Passé un temps, elle se contentait de passer sa main sur son épaule, de lié sa main à la sienne et de l'entraîner ailleurs. Ça suffisait généralement à lui faire retrouver un état normal, au tout du moins aussi normal que possible.

Le seul moment où elle eut besoin de plus, fut lorsque cela se produisit dans les profondeurs du navire. Pour une quelconque raison elle s'y était baladée et ce n'est que dans les bras de son père qu'elle était remontée. Il avait essayé de lui demander de s'expliquer sur ce comportement étrange, mais elle n'avait, encore une fois, pas ouvert la bouche.

Si il n'y avait que cela... A cause du mutisme de la jeune fille, il n'était possible de comprendre complètement ce qui lui arrivait ou comment l'aider à aller mieux. Il était aussi difficile de savoir si il y avait plus. Elle n'était pas en vue de tous tout le temps et certaines choses échappaient encore à son père en ce qui concernait les conséquences de sa captivité.

***

- Capitaine, j'ai bien rangé l'éternal pose en lieu sûre. Il ne se brisera pas à la moindre secousse.

- Merci, Bepo.

- Dites, Capitaine, y a encore quelque chose qui ne va pas avec Grace ?

Law, jusque-là assis à lire à son bureau, leva la tête vers son second. Il lui avait donné un peu plus tôt dans la journée l'outil de navigation permettant d'atteindre Doc. Il ne voulait pas que ce cadeau ne se brise ou ne tombe entre les mains de Shiru. Il avait encore besoin de son second médecin de bord et n'avait pas besoin qu'il en fasse une relique à demi-sacrée.

La question de Bepo l'avait intrigué. Certes il avait vu certains signent disant qu'elle n'allait pas forcément bien, il comptait d'ailleurs en parler à la concernée dans les prochains jours. Mais il ne pensait pas que ça avait marqué son équipage aussi. Elle restait assez discrète, même dans son mal-être.

- Désolé, s'excusa-t-il.

En voyant son expression dubitative, il crue s'être mal exprimé.

- Certains gars, qui étaient de garde la nuit dernière, l'ont vu marcher seule dans les couloirs.

- Elle allait probablement aux toilettes.

L'ours ne sut quoi redire devant cette évidence. Pourquoi n'y avait-il pas pensé ?!

- Qui l'a vu ? demanda quand même Law, curieux, pour aller mener sa petite enquête.

- Ah ! Euh... Seiushi et Shachi en allant prendre leur garde aux machines.

***

Depuis qu'il avait été blessé par Veia, Law dormait lourdement et longtemps. Lui qui d'habitude était debout tôt après avoir travaillé tard, se retrouvait à retrouver son lit juste après avoir mangé et se surprenait à avoir du mal à le quitter au matin, plusieurs heures après que les derniers pirates en garde de nuit ne se soient recouchés. Son corps lui réclamait du repos en contre-parti de sa guérison. Aucun son ne le réveillait alors qu'en temps normal le moindre lui faisait faire un bon sur son matelas.

Ce n'était pas la première fois que ça arrivait, c'était comme ça que son corps se remettait après de sérieuses blessures. En sachant cela, il gardait toujours son sabre juste à côté de lui, tel une compagne pour la nuit. Ses subordonnées savaient qu'il ne fallait pas le réveiller brusquement ou par surprise, sauf en cas de force majeur. Ses réactions à son réveil dans ce contexte étaient souvent assez brutales. Il était déjà arrivé à certains de se retrouver plaquer au sol, sabre sous la gorge ou contre le mur, sabre contre la nuque, jusqu'à ce qu'il reprenne pleinement conscience.

Il commençait juste à sortir de cette phase quand l'incident se produisit. Il dormait alors un peu moins longtemps, d'un sommeil plus léger. Les sons de plus en plus faibles arrivaient à lui parvenir mais ses réactions étaient encore les mêmes que si il était attaqué. Alors quand il entendit ces pas, le bruissement du tissu, la respiration, il sursauta vivement empoigna le manche de son sabre, lui fit faire un demi-cercle devant lui et la lame se retrouva coller au cou de celui n'ayant rien à faire dans sa chambre en plein milieu de la nuit.

Ce n'est qu'après plusieurs minutes que la réalité le gagna. Ce n'était pas une hallucination ou un cauchemar, il y avait bien quelqu'un. Chose dont il avait douté à cause de l'absence de réaction de la personne menacée par le métal. Il baissa Kikoku en clignant des yeux et se détendit.

- Grace ?