Chapitre 93 : La lumière au bout du tunnel

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En un mois, bien des choses s'étaient passées. Des entraînements, des repas partagés, des blessures cicatrisées, deux escales, de petits mouvements de rebêlions... mais aussi la maladie qui s'aggravait. Anna l'avait bien sous-entendu, il ne restait plus beaucoup de temps à la fille du chirurgien de la mort. Son corps, plein de substances néfastes invisibles aux yeux de tous moins un nombre infime, avait tenu seulement quelques semaines avant qu'une puissante crise ne la prenne. Une semaine avant d'arriver sur la fameuse île, comme lors de sa première fois, ses yeux étaient devenus noirs.

A partir de là, l'humeur du capitaine s'était dégradée. Stressé, inquiet, impuissant, il n'avait fait que tourner en rond, veillé son enfant et ordonné l'avancer la plus rapide possible. Elle avait passé une semaine infâme à pleurer, trembler, céder à la peur que son corps lui imposait et réclamer de la chaleur humaine. Si Law avait interdit à Carène d'entrer en contacte physique avec son amie pour sa sécurité, il avait cédé à la détresse de Grace pour la garder vigoureusement dans ses bras. Il savait par les propos d'Achlys que son geste le mettait en danger, mais parallèlement, c'était certainement ses marques d'attentions qui avait permis à la jeune fille de tenir jusqu'à ce qu'ils trouvent le guérisseur.

Diamétralement opposé à leur dernière grande escale, Nymphéa, la destination, qu'ils devinaient être la bonne en vertu de leur temps de trajet, était aride sur tout son contour. Du sable à perte de vue, une nouvelle fois, mais pas une chaleur écrasante. Parcouru du vent frais de l'océan, ce désert était plus une immense plage, ne menant qu'à un seul minuscule point de verdure visible de n'importe quel point de la surface très plate. Minuscule, n'était pas réellement un adjectif adapté à cette petite jungle, mais c'est le premier qui venait en tête lorsqu'on l'apercevait depuis le sable mouillé, parce qu'on en distinguait bien de part et d'autre ses limites.

La première réflexion du capitaine en apercevant le but qu'il s'était donné, fut une grande déception. Comment une grande plage vide et un bosquet pouvaient bien cacher LA personne susceptible de pourvoir guérir sa fille ? Anna lui aurait menti pour le punir de la fin de leur première relation ? Il s'était ravisé en réalisant que la zone verte était plus grande que ce qu'il pensait. Et, même s'il ne distinguait pas la moindre habitation, trouver cet inconnu allait être facile – il l'espérait – vu que la surface à fouiller était assez limitée.

Puisque l'état de Grace était de plus en plus instable, Law avait décidé de la garder avec lui le temps de trouver ce qu'ils cherchaient. C'est défaitiste que les premiers pirates envoyés en éclaireurs revinrent. Ils n'avaient rien trouvés. Cela poussa le capitaine à se déplacer en personne avec quelques camarades et sa fille. Carène marchait près de lui. Sa présence avait été requise à cause de son instinct incroyable, mais elle passait plus de temps à pester contre les plantes s'accrochant à son kimono qu'à former des réflexions utiles. Bepo marchait juste derrière son supérieur. Il avait regretté que le temps passé sous le vent de l'étendu de sable n'ai pas été plus important, et qu'ils dussent arriver « si vite » dans un milieu si lourd. Son capitaine savait que le climat local n'était pas le préféré de son second, mais son odorat très développé, il l'espérait, pourrait raccourcir le temps de recherche.

Pendant que le capitaine étendait son fluide de perception autour de lui à la recherche d'une présence humaine, sa fille se tenait à lui avec ses quelques forces restantes. Couverte d'une cape, elle était protégée des rayons du soleil et du regard d'éventuels autochtones diantrement bien cachés.

C'est finalement grâce à la sabreuse qu'ils purent trouver un élément leur indiquant où continuer à chercher.

- J'en ai assez !

Les joues rouges de colère, elle sortit son sabre et, sous le regard agacé du capitaine et intrigué du navigateur, commença à s'attaquer à la végétation ayant encore déchiré le bas de ses vêtements.

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant