La fille du Chirurgien de la Mort

Chapitre 62 : S'occuper et soigner

- Tu comprends, Grace, c'est comme ça qu'il faut faire.

- Oui, je vois.

- A ton tour, essaye.

Elle hocha la tête et s'exerça. La jeune fille avait demandé à son père si il pouvait lui apprendre à faire bouger correctement Carène pour qu'elle ne perde plus autant de masse musculaire. Il avait accepté avec plaisir, heureux de pouvoir lui changer les idées en lui transmettant son savoir tout en passant du temps avec elle. Pour le moment il l'entraînait sur un cadavre en lui expliquant bien quel muscle était stimulé par quel mouvement. Elle était attentive, sérieuse et motivée, tout ce dont un professeur pouvait rêver. Bientôt, elle pourrait reprendre son travail sur Carène, dont l'état évoluait lentement.

- Papa, tes mains vont mieux ? lui demanda-t-elle après son cour pratique.

Il observa quelques secondes ses membres encore bandées.

- Ce sont des lésions qui guérissent lentement, mais ça va déjà mieux.

En effet, il réussissait à bouger tous ses doigts et à toucher des objets sans qu'il ne saigne. Il passa une main sur sa tête une fois le cadavre rangé. Elle avait pris quelques centimètres sans encore se plaindre de douleur. Il voyait ça d'un bon œil mais ne baissait pas sa vigilance pour autant.

- Au lieu de t'inquiéter pour moi, va plutôt rejoindre Carène. Elle reste réveillée de plus en plus longtemps et elle a besoin de s'exercer à parler.

Elle hocha la tête et sortit sans se précipiter. Même si elle n'était plus couverte de bandage, son dos et ses côtes la faisaient encore souffrir. Elle avait dû retrouver un maintien de dos pour la soulager un peu. Law la regarda sortir de son laboratoire en croisant les bras, songeur.

***

- C'est tes caramels ?

- A qui d'autres est-ce qu'ils appartiendraient. Tu as mangé tous les tien.

- C'est vrai...

Grace glissa une nouvelle sucrerie dans la bouche de son amie. Elle avait été assise pour manger, la fille du capitaine tapait sur son péché mignon et elle se laissait tenter.

- Merci...

Elle était fatiguée, ça s'entendait et ça se voyait. Ses yeux semblaient plus petits que d'habitude entouré de cercles violets et sa voix était encore faible, mais au moins, elle arrivait à aligner correctement ses mots.

- T'en manges pas ?

Grace observa le paquet au creux de sa main.

- Si t'en prends pas aussi j'y touche plus...

- Depuis quand tu refuses des caramels ?

- Depuis quand TU refuses des caramels ?

- J'ai demandé en première.

- Mais moi j'ai le cerveau en compote... et je suis pas aussi rapide que toi...

Grace fit la moue et lui redonna une sucrerie.

- Tu réponds pas...

- J'ai pas envie, c'est tout.

- Ces trois monstres t'ont forcé à en manger tellement que tu en veux plus ?

- Tu dis vraiment n'importe quoi. Si c'était le cas, je ferais le double de mon poids.

- Ça serait bien... ça te ferait grandir... lilliputienne.

- Je te permets pas de te moquer. Et puis, depuis quand est-ce que tu connais ce mot. T'es diminuée, mais t'as généralement le cerneau aussi lent que celui d'une huitre.