Chapitre 81 : Instant de vérité

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- Grace...

- Oui, Carène ?

Elle commençait à trembler, les oreilles vidées du coton ayant servie à les protéger. Le son infernal avait enfin cessé tout comme les vibrations du navire, mais cela ne rassurait pas les deux filles. Elles savaient toutes les deux que l'instant de vérité était arrivé. La tempête les maintenant en l'air s'était subitement arrêté. Elles allaient bientôt savoir si ce qui les attendait était les nuages, la terre dure ou l'eau métallique. Elles savaient que si le premier cas n'arrêtait pas leur chute dès ses premiers instants, la collision allait être brutale, sanglante et dévastatrice. Elle pouvait même signer la fin de tout le monde.

- J'ai peur...

- Moi aussi...

Elles se firent un câlin, essayant de chercher du réconfort auprès de l'autre. Même si ce n'était pas cela ou les quelques tissus autours d'elle qui allait les protéger d'un impacte de plusieurs centaines de mètres.

Tout à coup, la respiration de la sabreuse se bloqua et elle serra vivement Grace contre elle en fermant les yeux. Dès qu'elle la sentit faire... non, plus tôt, dès qu'elle l'avait entendu témoigner de sa crainte, son amie avait sût que le pire était à venir. La sensation soudaine de la gravité les collant au plafond ne fit que lui confirmer la chose.

Dans leur position, Carène avait encaissé toute la force de l'impacte au plafond provoqué par la chute du navire. Son dos et sa tête lui faisaient très mal, mais elle faisait tout son possible pour rester consciente. Elle devait rester éveillée pour qu'au moment de l'impacte avec ce qui allait les recevoir, elle puisse tourner sur elle-même et protéger Grace. Son corps pouvait éventuellement tenir le choc, mais assurément pas celui de sa meilleure amie.

L'attente sembla interminable pour les deux adolescentes et tout aussi effrayante. Leur cœur ne cessait de tambouriner contre leur poitrine et résonnait jusqu'à leurs tympans. Tandis que leur estomac était au bord de leurs lèvres.

C'est parcouru de ces sensations inconfortables, que la fin arriva tel une délivrance. A l'instant où Carène sentit la graviter la pousser dans le sens inverse, elle se donna de l'élan avec ses pieds pour tourner sur elle-même et encaisser l'impacte avec le sol dans un vacarme à faire saigner les oreilles et des cris de douleur emplissant l'espace.

***

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Sous un soleil ayant calciné et réduit en poussière tout ce qui se trouvait sous ses rayons, une silhouette avançait protégée par une cape. Les pieds brûlés par le sabre à la limite de la combustion, elle venait d'assister à un spectacle des plus spéciaux et sortant de l'ordinaire – pour quiconque ne venant de là. Bien sûre, ici, les navires tombant comme de la pluie n'étaient pas rare. Mais jamais encore il n'en était tomber un tout de métal et sortant de l'extrémité d'une étrange sphère bleu apparu par l'action du saint esprit hors des nuages. Plus important encore, jamais il n'en était tomber d'aussi bas en prenant, semblait-il, la place de la seule espèce d'oiseau réussissant à survivre dans le coin.

L'ombre voyageant dans le désert, avait assisté à la chute et la collision de loin. Elle s'était dépêchée de rejoindre les énormes nuages de sable s'étant soulevé au contacte du Polar Tang. Un foulard sur la moitié du visage pour éviter de respirer les particules volatiles et bouillantes, elle s'était approchée jusqu'à pouvoir poser la main sur le métal commençant déjà à absorber la chaleur.

- Et bien... il a bien morflé, ce pauvre sous-marin. Mais ça aurait pu être drastiquement pire sans ses pouvoirs... au moins il est assez entier pour espérer trouver des survivants.

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant