Chapitre 75 : Mon lapin...

661 58 63
                                    

- Tu veux toujours pas dormir ?

- Non.

Les cernes sous les yeux de Grace étaient noirs et larges. Depuis que cette maudite tortionnaire lui avait parlé, elle se creusait la tête pour comprendre, se souvenir et enfin réussir à ne plus agir bizarrement. Elle était assise dans son lit, en tailleur. Carène l'observait en jouent à se tenir la tête en bas, retenue au lit supérieur par ses jambes à parti des genoux.

- Pourtant tu devrais dormir. Tu deviens irritable et tu arrives à peine à garder les yeux ouverts. En plus, tu manges pas, ce n'est pas bon p...

- Ferme-là si c'est juste pour jouer aux donneuses de leçon, Carène, gronda-t-elle.

- Mais...

- Y a pas de mais ! s'énerva-t-elle. Tu peux pas comprendre et tu comprendras jamais ! Arrête de te comporter comme un foutu singe et laisse-moi en paix ! Tu ne fais que m'emmerder et m'empêcher de me concentrer ! Dégage de ma vue !

Elles s'étaient déjà disputées, mais c'était la première fois que Grace lui parlait ainsi. Elle retourna sur le sol en se tenant au lit supérieur d'une main. Ses yeux restèrent collés sur ceux colériques de son amie qui ne prenait même pas la peine de la regarder. Elle était toujours assise, mais serrait les poings de frustration et de colère.

Carène sentait qu'elle devait rester avec elle, mais ses mots lui avaient fait mal. Elle avait envie de pleurer de l'entendre, elle, lui parler ainsi. Elle mordit sa joue pour éviter que des larmes ne tombent de ses yeux. Ce n'était pas le moment, elle n'était pas à plaindre, elle n'avait pas été enlevée par des trafiquants d'enfants, pas été hypnotisée, n'avait pas de symptômes post-traumatiques la faisant vagabonder dans les quartiers de son capitaine en pleine nuit...

- Grace, je...

- T'as pas compris quand je te l'ai dit la première fois, la coupa la jeune fille en tournant enfin la tête vers elle. Je t'ai dit de te barrer d'ici et de ne jamais revenir ! Prends ton sabre et casse-toi !

Elle aurait presque préféré qu'elle ne pose pas les yeux sur elle tellement son regard était mauvais.

- C'est pas toi qui parle, c'est la fatigue... s'il te plaît, essaye de dormir...

Elle lui envoya à la figure le pistolet qu'elle gardait dans leur lit en cas de problème. Elle ne chercha pas à esquiver et du sang commença à couler de son front. Après ça, c'est tout ce qui se trouvait sur le matelas qui lui fut jeté dessus. Même la lady buton, sa seule peluche, l'avait heurté pour finir au sol taché de sang.

- Grace... Grace arrête...

Elle avait fini par pleurer, mais pas parce qu'elle avait mal dans sa chère. Elle avait mal de voir sa meilleure amie souffrir ainsi et se renfermer dans la colère parce qu'elle ne trouvait pas d'autres moyens de s'exprimer.

- Grace arrête ! Je t'en prie arrête !

Elle s'était jetée sur le lit, sur Grace, pour la prendre dans ses bras.

- Lâche-moi !

Maintenant qu'elle n'avait plus rien un jeter, c'est des coups qu'elle lui envoya. Elle frappa du poing, du pied, du coude, du genou, griffa, mordit, cria et la repoussa jusqu'à en avoir à son tour les larmes aux yeux. Carène encaissa tout sans rien faire d'autre que lui demander d'arrêter. Pas arrêter de la frapper, même si certains coups lui firent très mal, mais d'arrêter de se tourmenter, de se faire du mal à elle-même mentalement. Elle avait l'impression d'entendre une voix à l'intérieure de son amie hurler « aidez-moi ».

Il fallut longtemps à Grace pour diminuer ses coups et enfin les arrêter pour ne faire que pleurer en se serrant à Carène. Elle ne voulait pas lui faire de mal. Elle était l'une des personnes qui comptait le plus pour elle. Pourquoi est-ce qu'elle lui avait fait du mal comme ça et dit ces horreurs qu'elle ne pensait pourtant pas ?

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant