- Comme je vous plein, mes amis, devoir rester en mer sans rien avoir à se mettre sous la dent est la pire chose qui soit. C'est bien pour ça que moi je reste là. Il y a toujours de quoi se sustenter.
L'homme qui venait de parler et qui régnait visiblement sur la cave dans laquelle se trouvait Seiushi et Uni, aimait le lux si il ne fallait en juger que par ses vêtements. La façon dont il venait de poser son imposant fessier sur une caisse en bois par contre, reflétait bien la laideur de ses goûts esthétiques. Il gratta son monosourcil aux deux extrémités fines en fixant ses nouveaux clients de ses yeux asymétriques. Ce détail était bien de qui perturbait le plus les pirates. Un œil partant vers le bas, un vers le haut... tel était bien plus étrange que son nez énorme surmonté d'un grain de beauté repoussant ou une moustache à deux queues de cochon.
Si son faciès peu avantageux avait de quoi faire rire, les pirates ne riaient pas et ne se déconcentraient pas. Cet homme était la clé de la réussite du plan de leur capitaine et ils avaient intérêt à accomplir leur mission sans bavure.
- C'est bien pour ça qu'on a pris contacte avec vous, Charon, assura Uni avec un mauvais sourire, le visage à moitié caché par un long bonnet. Notre supérieur et les autres matelots serons ravie d'apprendre que nous passons commande auprès du meilleur.
- Pour que commande passe, il faut encore avoir de quoi payer. Si je suis bien le meilleur, ricana-t-il, c'est pas pour des clopinettes.
Il rit de sa voix grave presque roque. Seiushi rit après lui.
- Nous avons tout ce qu'il faut, assura-t-il, mauvais. Nous sommes juste venus fixer l'heure du rendez-vous. Pour des biens de tel qualité, c'est le grand chef qui se déplacera en personne.
- Comme vous le voyez, mes amis, les réserves sont vides, ce genre de marchandise de choix part vite ici. Mais vous avez de la chance, je me réapprovisionne à la source ce soir. Heureusement qu'elle ne se taris jamais !
Ils rirent tous les trois de manière malsaine et assez cliché. Dans un raclement de gorge, Charon cessa de rire. Ses deux clients le suivirent.
- Demain, midi, sous le chêne le plus imposant de la forêt. Vous serez là avec le reste de l'argent, moi avec vos commandes. Combien est-ce qu'il vous en faut?
- Cinq. On est pas mal sur le navire à avoir besoin de se passer les nerfs.
- Pas plus ? Vous m'en voyez grandement déçu.
- Il faut nous comprendre. Plus attirerait l'attention en cas de contrôle.
- Prévoyance ! C'est fort bien. L'âge et le sexe de préférence.
- Jeune, répondit Seiushi avec une expression amusée des plus mauvais. Deux mâles et trois femelles. Prenez-en une de choix pour notre supérieur, il est un homme difficile à satisfaire !
- J'en prend bonne note, mon ami !
Seiushi partit dans un rire formidablement démoniaque et malsain, mettant mal à l'aise et son compagnon et son hôte.
- Enfin, on va avoir de quoi baiser ! A demain ! Et bonne soirée ! fit-il en sortant un bras en l'air.
- Oui... Bonne soirée...
Uni suivit son camarade avant de se faire interroger. Il ne savait pas où il trouvait l'inspiration et la force d'une tel comédie mais il était certain que lui n'en aurait pas eu la détermination et la crédibilité.
***
Même si il était court sur patte et bedonnant, Charon courait vite. Il aurait dû courir bien plus vite ou réussir à se téléporter pour échapper à son poursuivant. Lui qui avait la réputation d'être bon en affaire et de flairer les clients louches avait maintenant des ennuis avec l'un d'eux. Il avait beau essayer d'expliquer que les gamins habillés de rose étaient propriété privée des trois sorcières qui gardaient et vendaient les enfants, ils ne voulaient rien savoir.
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La fille du Chirurgien de la Mort
Fiksi PenggemarVous êtes-vous déjà demandé à quoi pouvait ressembler la fille d'un pirate cruel et comment serait son père envers elle? Moi, oui. Voila ce que mon cerveau de malade bon a enfermer a envisagé.