La fille du Chirurgien de la Mort

Chapitre 76 : Tout peu s'arranger

En attendant que son lapin sèche, Law voulait parler avec sa fille. Il se rendit vite compte qu'elle n'était pas décidée à être coopérative. Finalement, il n'aurait peut-être pas dû prendre cette initiative... Non. C'était ridicule de se reprocher d'avoir lavé un doudou.

Il soupira longuement. Voilà maintenant une heure qu'il essayait de savoir comment elle allait, si elle avait remarqué des changements comme lors de la dernière fois qu'elle avait été presque entièrement grignotée par les ombres. Mais elle se contentait de le fixer avec des yeux mauvais. Il se rassurait de ne pas les savoir noir, mais tout de même. Une autre chose le frappa aussi à force d'essayer de se rappeler lui aussi comme tout s'était enchaîné la première fois. Il n'avait fallu que quelques jours aux ombres pour finaliser leur attaque sur son âme, or là cela faisait des semaines qu'elle montrait des signes pouvant indiquer leur présence en abondance en elle. Peut-être s'était-il trompé ? Peut-être, l'état d'avancement des ombres n'étaient pas aussi grande que ce qu'il supposait ?

Il faisait les cent pas devant Grace, accrochée par petits morceaux à son bureau. Il débattait mentalement sur les raisons pouvant pousser sa fille à changer de comportement. Seulement deux sortaient du lot. Il s'agissait de la réponse à un traumatisme ou de son âme dévorée à petit feu par des ombres. Si il n'avait pas été témoin une fois déjà de sa seconde hypothèse, il ne l'aurait même pas envisagée.

Grace le suivait du regard, attendant qu'il se décide enfin à lâcher l'affaire. Elle ne voulait pas lui parler et ne lui parlerait plus, plus jamais. Elle ne cessait de se dire qu'il venait de tuer sa mère après l'avoir laissé mourir une première fois. Sa colère ne faisait que grandir, alimentée par toutes ses pensées mauvaises, en même temps que cette impression de pression étrange sur sa poitrine. Son cœur se serrait et elle avait bon espoir qu'il ne se desserrerait plus pour pouvoir le détester à l'infini.

Le temps qu'il continuât de marcher sans plus mot dire, elle vit la porte de la salle s'ouvrir lentement, pour ne pas attirer l'attention. Elle ne fut pas poussée assez pour voir le couloir, mais assez pour que Carène puisse y passer sa tête. Elle sourit à Grace en la voyant. La jeune fille se permit de faire disparaitre tout ressentiment, juste pour elle, et de lever un sourcil interrogateur. Elle pouvait se le permettre vu que le chirurgien de la mort ne daignait plus lui jeter un regard depuis plusieurs minutes, plongé dans une intense réflexion.

En réponse, la sabreuse se retira et laissa à la place de sa tête, un lapin blanc aux poiles en piques qu'elle tenait par le cou. Elle échangea rapidement après la bête et sa tête pour voir les grands yeux surpris de Grace. Qu'est-ce qu'elle faisait avec sa Lady Buton alors que son père l'avait mis sous surveillance pour qu'elle sèche bien, imprégnée d'odeur de lessive ?

Carène lui fit signe que tout était OK avec sa main accompagnée d'un clin d'œil et repartit en fermant la porte.

Elle partie, Grace secoua la tête. Elle devait sortir, voir ce que Carène avait en tête et prendre sa précieuse peluche.

- Capitaine, vous comptez me garde ici encore longtemps ?

Elle n'avait pas changé son ton presque morbide mais l'entendre parler brisa le fil de ses pensé. Law cessa de marteler inutilement son sol et baissa les yeux vers elle.

Elle ne l'appelait ainsi que parce qu'elle était en colère, ça lui faisait un peu mal, sachant qu'elle avait pris l'habitude de l'appeler papa lorsqu'ils n'étaient que tous les deux.

Il l'observa quelques secondes avant de passer une main sur son visage et de se frotter les yeux. Il finit son mutisme par un soupire.

- D'accord, céda-t-il.