Chapitre 82 : Cuire ou partir

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- Écoute, gamine, si les gars qui sont là-dedans ne sont pas sortie d'ici rapidement, ils vont tous cuire. Et ce n'est pas une façon de parler.

Grace était à genoux devant la femme venant de s'introduire dans le Polar Tang par la grande porte. Elle l'avait assommé en un coup bien placé lorsqu'elle avait tenté de fuir et lui avait tapoté la joue une fois sommairement attachée avec une corde.

Elle avait essayé de s'en défaire, mais même si cette façon de l'immobiliser n'était pas complexe, elle était efficace. L'étrangère lui avait posé des questions, mais la jeune fille s'était murée dans le silence.

- Allez, parle, petite, je sens des présences mais elles s'amenuisent. Ça veut dire que tout le monde est en train de crever à petit feu ici. Sois pas bête, facilite-moi la tâche et dis-moi quelles sont les danger du navire dans cet état. Où dis-moi au moins si tu ne sais pas, que ça m'évite de perdre du temps.

La femme soupira devant le mutisme de Grace, qui continuait à la fixer avec un regard mauvais.

Comme elle le lui avait dit, elle n'avait pas de temps à perdre. Puisqu'interroger la seule personne qu'elle sentait consciente dans tout le Polar Tang ne donnait rien, elle décida de l'enfermer dans un débarras le temps qu'elle explore le navire et regroupe son équipage.

***

Sa vue était trouble. Il arrivait à peine à sentir le métal dans son dos et sous ses mains. La lumière était faible, mais il en discernait vaguement une, s'en allant et revenant au rythme de grésillements qu'il ne percevait pas à cause de l'acouphène qui emplissait ses oreilles. Il essaya de se remémorer ce qu'il s'était passé et s'en souvint avec peine.

Il grimaça, ses sens perdaient en confusion et ramenaient son corps et son esprit à la réalité. Sa tête lui faisait mal, il sentait une vive douleur jusqu'au bout de sa main gauche mais n'arrivait pas à la mouvoir, ses jambes n'avaient pas l'air touché puisqu'il ne les sentait pas. Il réussit à sentir sa main droite bouger. Il était couché sur son bras droit. Il poussa donc sur lui pour essayer de se relever. Il retomba directement après, mais son bras était à présent délogé et lui couché sur le ventre.

Il essaya encore quelques fois de se lever sans grand succès. Au mieux avait-il réussi à se coucher sur le dos. Ses mouvements, même si ils n'avaient pas permis de le mettre debout, lui avait permis de mieux comprendre ses blessures. Son bras gauche était cassé et l'un des os le maintenant droit, sortait maintenant de sa chaire. Ses jambes qu'il croyait intacte l'étaient peut-être, mais la paralysie du bas de son corps qu'il s'était diagnostiqué l'empêchait d'en deviner plus.

En se tournant, il avait observé ce qui se trouvai autour de lui. Il avait reconnu certain de ses camarades, appuyé aussi comme il l'était contre l'un des murs du couloir dans lequel il se trouvait lorsque le drame avait commencé. Il tenta difficilement d'appeler ceux qu'il avait vu et ceux qui étaient avec lui plus tôt. Personne ne répondit.

Alors qu'il ne savait depuis combien de temps il avait repris conscience, sa tête recommença à le tourner. Il se sentait chuter de nouveau à petit feu dans les ténèbres. Sans la stimulation sonore de pas, il ne l'aurait ni vu, ni entendu, avant de perdre connaissance.

- Enfin, je te trouve entre tous ces corps, Law.

***

De nouveau il papillonnait, la tête lourde. Comme la dernière fois, ses sens, mais surtout la douleur, lui revinrent lentement. Il sentait du tissu au-dessus de lui et sous lui. Il était ou avait été en contact avec quelque chose de granuleux. Non, pas exactement. Ça devenait de plus en plus claire, tout en restant tellement obscure... On était en train de déplacer son corps sur un brancard de fortune. Au crissement de fond que ses oreilles captaient, ce sur quoi il était trainé, glissait sur du sable, du sable chaud. Il essaya de bouger, de se redresser et de mieux comprendre sa situation et la situation globale dans laquelle il se trouvait. A peine ce qui lui sembla quelques secondes plus tard, plus aucun mouvement ne lui parvint. Maintenant que tout était silence, il remarqua que les frottements n'étaient pas les seuls sons qu'il avait entendus, il y avait aussi des pas. Non pas une seule paire de pied marchant dans le sable comme au moment présent, mais plusieurs progressant à allure variée.

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant