Chapitre 46: Mademoiselle P. est réveillée

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– T'es ennuyante! Laisse-nous tranquille!

Le blondinette eut un mouvement de recule sous les cris de Carène. Elle fit son possible pour se remettre.

– Il est hors de question que te laisse sans surveillance dans la salle la plus précieuse de ce souterrain!

– Hein?! T'es mauvaise! Nulle! Je me souviens vaguement de ce que t'as dit avant, c'est largement suffisant!

Grace observait son amie avoir des mots très dures avec cette guide débutante. Cette dernière semblait au bord des larmes. Elle ne devait pas avoir l'habitude des clients aussi compliqués. Elle se faisait violence pour ne pas laisser échapper l'eau de ses yeux et garder un semblant d'autorité.

Elle les avait rattrapées en courant à toute allure dans les couloirs. Elle s'était approchée si vite et avec une tel énergie que Grace l'avait senti venir de loin et lui avait décoché un grand coup de pied au visage lorsqu'elle arriva à leur haureure. La découverte de la victime avait fait rire Carène aux éclats. La fille du chirurgien avait murmuré des excuses à l'encontre de la jeune femme qu'elle avait blessée. Elle ne pouvait pas savoir qu'elle ne leur voulait pas de mal. Après tout, qui ayant des intentions pacifiques s'approche à toute vitesse en hurlant des «non» répétitifs?

À peine remise de ses émossions et sa joue blessée aussi rouge que ses vêtements, elle avait insisté pour qu'elles n'aillent pas toutes seules voir la chambre au mobilier fragile. Carène avait cessé de rire et protestait depuis lors avec force et insultes.

– Vous n'auriez pas des problèmes de confiance en vous et d'autorité? Demanda Grace à Anaïs, faisant arrêter la discutions des deux filles.

– Je... Je... et bien...

– Elle a aucune volonté et elle sait rien, grogna Carène.

– C'est pas vrai!

– Je ne t'aime pas!

– Vous voulez un coup de main pour réussir à vous contrôler? Proposa Grace.

– Je ne peux pas accepter...

– Parce qu'on est des enfants ou parce qu'on est des clients? demanda la plus virulente.

– Les deux!

– C'est débile. Elle te propose de l'aide et tu refuses bêtement.

– Mais deux enfants ne peuvent pas...

– Regarde-là bien, ordonna Carène en pointant son amie du doigt. Elle a l'air de se laisser dépasser par ses émotions? Elle est l'une des seuls personnes à tenir tête au capitaine!

Elle se pinça les lèvres.

– Mais, je ne dois pas avoir l'air aussi renfermé. Je dois toujours être joviale et faire sourire les visiteurs...

– C'est pas en les laissant te marcher sur les pieds que tu te feras entendre et que tu pourras étaler le maigre savoir que tu as.

– Si tu nous fait une visite de la salle que Carène veut absolument me montrer, je t'aide à être un peu plus ferme, si tu veux.

Hésitante, elle finit par accepter la proposition de la jeune fille. Les deux gamines commencèrent par lui remonter un peu le morale et, remise d'aplomb, toutes les trois reprirent leur route vers la salle la plus éloignée et la plus belle de toute l'île.

***

– Ta copine va mieux? Demanda Penguin.

Colibri venait de sortir de la chambre occupée par sa collègue pour aller se chercher à manger.

La fille du Chirurgien de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant