9.

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- Comment ça se fait que tu gères les affaires de cette façon ? C'est une façon de traiter tes clients peut-être ? Tu me ferais ça à moi aussi ? s'égosille Enzo. 

Je ne sais pas quelle relation il a avec le patron pour pouvoir lui parler comme ça et rester en vie, mais ça doit être une relation longue et solide. Ses cris remplissent la pièce et je comprends seulement qu'il vocifère en italien qu'il en faut pas faire subir aux clients ce traitement là. Si il savait... Si il savait que je ne suis pas une cliente. Que j'ai simplement pété les plombs et été obsédée par cette organisation pendant trois ans, au point d'établir un plan pour qu'il m'aident à mon but ultime. Si il savait que depuis vingt-quatre heures, chaque dispositif élétronique ne fonctionne plus et met à mal le fonctionnement de la hiérarchie, l'unité des hommes et apporte le chaos. Si il  savait que quelque part, je mérite ce que j'ai subi pour tous les problèmes que je leur ai imposés quand je suis arrivée ici. 

- Regarde là, siffle Enzo. 

Je vois les yeux de Thaddeus se poser sur mon cou, sur mon visage tuméfié et sur tout mon être, avachie sur cette chaise en proie à une migraine aussi interminable qu'insoutenable. 

- Certains de tes prisonniers ont été traités mieux que ça ! 

- C'est vrai, remarque t-il. Cependant Violence sait pourquoi nous nous acharnons sur elle comme cela, n'est-ce pas ? 

- Non, je dis. Vous ne m'avez donné aucune réponse. 

Et je ne mens pas ; il ne m'a donné aucune réponse quand à mon deal. Je ne sais pas si je suis torturée parce qu'il pense pouvoir obtenir des informations sans savoir à collaborer avec moi, mais j'aimerais mieux être au courant si c'est le cas. ll y a un moment de flottement, puis je le vois fouiller dans ses papiers un peu frénétiquement pendant qu'Enzo se passe la main sur le visage, dépassé. Puis Di Casiraghi a un léger mouvement de recul, se lève et pose ses doigts sur le bureau en bois brillant avant de s'adresser à moi. 

- Nous devions nous voir à quinze heures mais vous n'étiez pas là. 

- Oh madre di dio ucciderò qualcuno, soupire Enzo. ( Oh mère de dieu, je pourrais commettre un meurtre ). Era priva di sensi a causa della tua Bestia ! ( Elle était inconsciente à cause de ta Bête !

- Ah, c'est donc pour ça, répond calmement Thaddeus. 

Enzo soupire. 

- Seriamente, dovremo parlare. ( Sérieusement, on va devoir parler ).

- Non ho ordini da ricevere da nessuno, nemmeno da te, Enzo ! ( Je n'ai d'ordres à recevoir de personne, pas même de toi, Enzo ) Va via, Violenza e io dobbiamo parlare. ( Pars, Violence et moi devons discuter )

Enzo adresse quelques murmures à son collègue, me jette un dernier regard empreint d'une espèce de compassion et quitte la pièce. C'est la première fois qu'on me regarde avec humanité, et non avec haine ; et je me surprend à penser que mafieux ou pas, que crimes ou pas, que sang sur les mains ou pas, il est humain. Comme la Bête. De mauvais humains, des humains déviants, cruels, sans bonne conscience, mais toujours des humains, et je ne sais pas si cette conclusion me rassure ou me terrifie. Un peu des deux, au fond, je crois. Je me redresse du mieux que je peut et je vois Thaddeus faire de même. 

- Vous avez bouleversé mon emploi du temps, mes relations, le cours de mes affaires en moins d'une journée, siffle t-il. 

Vu son ton et vu mon état, je sens que cette discussion ne va pas être une partie de plaisir. 

- Si vous m'aviez donné une réponse, dont la seule acceptable est " oui ", alors tout aurait pu être réglé, je siffle en retour. 

Sa main frappe violemment le bureau en bois et certains objets valsent pour s'écraser de nouveau sur la surface polie. Ce nouvel accès de violence met très à mal le peu de self control que j'ai, et je me lève pour aller vomir dans un carton vide ; c'est marrant de voir à quel point lorsqu'on ressent quelque chose, le corps peut avoir une réponse physique à ces ressentiments. Je l'ai appris à la clinique à Londres, lorsqu'il a fallu traiter mon traumatisme et que je me mettais inévitablement à avoir mal à la tête, au poumon et la nausée sur le canapé du psychiatre dès qu'il fallait parler de cette nuit de cauchemar. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant