En apparence, Corelli et Thaddeus ont tous les deux l'air de se porter bien. En apparence seulement. Corelli est toujours assis sur cette chaise, mais il est rouge, essoufflé, et paraît en grande souffrance même si ce qu'il laisse transparaitre est contrôlé. La colère habille ses yeux et il insulte de tous les noms Di Casiraghi sous mes yeux ébahis ( heureusement qu'il ne m'a pas vue ). Thaddeus, lui, se tient là. Il a une main dans sa poche et l'autre qui tient une espèce de pince rouillée qu'on utiliserait pour faire un bricolage, il sourit légèrement et quand Corelli a fini de l'insulter, il y a un bruit caractéristique qui résonne dans l'entrepôt. Ploc. Ploc. Ploc. Ploc. Ploc. Je baisse les yeux pour m'apercevoir que la main du traître, attaché à l'un des accoudoirs de la chaise, saigne abondamment en grosses gouttes qui viennent s'écraser sur le sol en béton. Pétrifiée de voir que Thaddeus est train de tranquillement torturer un homme sans flancher, je reste immobile ; et malheureusement pour moi, il fait une rotation sur lui-même comme si il avait sentit que je le regardais. Ses yeux rencontrent les miens et je le vois se tendre, mais il s'avance pour briser la dizaine de mètres qui nous séparent jusqu'a arriver devant moi et je baisse les yeux sur la pince. Dans celle-ci se trouve des ongles, ceux de Corelli sûrement. Nous nous toisons en silence, comme à chaque début de conversation.
- Je t'ai ordonné de partir.
Incapable de prononcer un mot, figée, je reste là. Il soupire.
- Tu veux venir le torturer avec moi ?
- Non, je dis.
- Alors pars avant de te retrouver dans la même position que lui.
J'expire doucement, sans pour autant bouger.
- Je n'ai pas fini de l'interroger.
Après quelques secondes d'hésitation, il me fait rentrer dans l'entrepôt et je m'approche à nouveau du traître. Ce sont sûrement les derniers instants que je passe avec lui vivant, je n'arrive pas à croire tout ce qui est en train de se passer. Quand il relève la tête, haletant, il m'aperçoit et je me prend une flopée d'injures qui ne m'atteignent même pas.
- Je ne comprends pas. Quel est votre but ? Comment vous avez pu croire que je ferais exactement ce que vous vouliez ?
- Tu n'étais pas censée remonter jusqu'a eux et venir leur demander des comptes ! crie t-il.
- Et comment aurais-je pu le savoir ?
- En utilisant ton cerveau, idiote. C'est ce que les gens normaux font. A la place de ça, tu est devenue leur alliée alors que je t'avais mise dans mon camp.
Je fronce les sourcils.
- Dans votre camp ?
- C'est une guerre qui te dépasse, Violence, intervient Thaddeus les yeux fixés sur Corelli.
- Quelle guerre ? je m'exclame.
Il y a un silence.
- Celle entre un roi et un duc qui se bat pour récupérer le trône.
Sur la chaise, le traître se débat violemment et je vois la haine dans ses yeux. Je crois que si il le pouvait, il se libérerait de ses cordes et ses chaînes et nous tuerait tous les deux de ses propres mains. Heureusement qu'il est solidement attaché. N'empêche que je suis confuse et que je n'aime pas leurs métaphores : une guerre entre un roi et un duc ? Est-ce que ça veut dire que Corelli a voulu prendre la place de Thaddeus, qu'il a échoué et que c'est pour ça qu'il a trahi l'organisation ? Ça n'a pas de sens, Thaddeus ne l'aurait jamais permis de rester en vie après avoir fait ça... Alors pourquoi on me dit que c'est une guerre, et pourquoi me dépasserait-elle ? Bien sur, je ne fais pas partie de ce monde et j'ai du mal à en cerner les enjeux, mais je ne suis pas idiote non plus et je suis tout à fait capable de comprendre plein de choses.
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ULTRAVIOLENCE
RomanceViolence vit recluse à Carthage depuis trois ans, préparant le jour où elle ira à Palerme pour chercher des explications. Et ce jour est enfin venu. Thaddeus n'est pas le genre d'homme qui transpire la sécurité, la bienveillance ou l'amour. Plutôt...