16.

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J'ai la tête posée contre le mur carrelé de la douche. 

Merde. Bordel de merde. 

Des larmes dégoulinent sur mon visage, lavées par l'eau qui tombe en cascade sur mes yeux. Je ne sais ce que je fais dans cet hôtel à Naples. Je ne sais pas ce que je fais là, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas chez moi, à vivre ma vie tranquillement je ne sais pas pourquoi j'ai cru que de m'associer avec une organisation criminelle serait une bonne idée. Je ne sais pas où est ma place. J'ai perdu le contrôle, totalement, chose que je m'étais toujours promise de garder peu importe ce qui arriverait. J'ai perdu le contrôle de mes actions. Mais j'ai aussi perdu le contrôle du plan que j'avais imaginé pour attraper Corelli, de ma vie toute entière, de ma liberté. C'est comme si on m'avait tout enlevé d'un coup et je me retrouve seule, nue, au milieu d'une obscurité remplie de démons. Je me sens faible, en position inférieure, bien loin de mon potentiel, bien loin des aspirations que j'avais pour ce voyage... Et quand j'analyse tout ce qu'il s'est passé pour trouver la source de cette chute, je m'aperçois que j'ai perdu pied quand j'ai rencontré Thaddeus ; il est trop, trop tout. 

Trop fou. Trop autoritaire. Trop étrange. Trop diabolique. Trop maudit. Tellement psychotique, tellement nuisible, tellement violent, tellement asphyxiant. Même dans les pires scénarios, je tombais sur quelqu'un de moins sanguinaire que lui. J'avais tout imaginé ; un bourreau qui m'aurait assassiné, de la torture ( ça, j'avais vu juste ), de la moquerie ( en plein dans le mille ), et un refus catégorique. Dans le pire des cas, je serais morte. Et la personne que j'aurais eu en face de moi aurait été d'une violence physique extrême - ce fut le cas. Mais je ne m'attendais pas à tomber sur une personnalité si dérangeante, si déséquilibrée, si fanatique de la mort. Thaddeus Di Casiraghi est le condensé des pires choses que peut faire et être l'humain. Il est prodigieusement déviant. Et composer avec quelqu'un comme ça revient à vouloir construire un mur avec des crayons et de l'herbe ; impossible si on a pas dans ses manches de la glue. Moi, je n'en ai pas, je n'avais pas prévu de tomber sur quelqu'un comme lui, et maintenant je suis dans des sables mouvants de problèmes qui m'aspirent un peu plus à chaque minute. 

Je me retourne, tourne la manette de la douche et l'eau arrête de couler brusquement. J'attrape une serviette blanche qui sent la lessive des hôtels et sors de la douche pour me sécher tranquillement et essaye d'essuyer d'autres larmes qui jaillissent toutes seules de mes yeux. 

- Allez Violence, tu as vécu pire... je murmure pour moi même.

Non, tu n'a jamais vécu pire, souffle une petite voix en moi en réponse à ce que je viens de dire. J'avale ma salive difficilement, sachant cette voix a raison, et contemple la magnifique robe qui trône sur le lit. Je l'avais acheté pour une occasion spéciale mais je n'ai jamais eu la chance de la mettre étant donné que cette occasion s'est envolée comme mon espoir d'un jour arriver à avoir Corelli sous mes yeux... Et pourtant, cette robe est magnifique. Dire que je vais devoir la mettre pour une telle soirée est du gâchis, mais je n'ai pas le choix. Je me sèche les cheveux et les laisse sur mes épaules avant d'enfiler la robe noire et dorée. Je me maquille histoire de faire disparaitre toutes les traces de mon pétage de plomb, et après avoir vu le résultat final, je me dis que ce n'est finalement pas si mal. On vient frapper à ma porte alors que je suis en train de mettre mes chaussures, et j'ouvre par réflexe sur un soldat. Ca recommence...

- On vous demande en bas. 

- J'arrive dans cinq minutes. 

- On vous demande en bas tout de suite, reformule t-il. 

Je le regarde dans les yeux. D'accord, je vois. J'enfile ma deuxième sandale à talon, lisse ma robe, remet les cheveux en place et me saisit de mon petit sac avant de claquer la porte derrière moi. Il y a un grand escalier en marbre gris dans l'hôtel, que nous descendons ensemble et je ne relève pas les regards qui se posent sur moi et ma tenue. J'en ai peut-être fait un peu trop, mais c'est apparemment le dress code.

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant