39.

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Le souffle court, j'arrive les mâchoires serrées dans l'entrée, où je ne trouve pas Aderholt et cela me prend au dépourvu parce que j'ai entendu la porte claquer. Je me retourne pour aller dans la cuisine, et attend que la gouvernante aie fini de parler avec les chefs cuisiniers pour lui adresser la parole. Quand elle m'adresse enfin un sourire, je demande immédiatement à Alberta où est le psychiatre et si elle remarque mon air grave, elle ne dit rien et m'indique qu'il est partit chercher son ordinateur dans sa voiture. Bien, qu'à cela ne tienne, je vais aller le chercher moi-même. Je déboule donc sur le porche, la haine m'aveuglant, et continue à marcher vers le parking. Il ne perd rien pour attendre parce que je vais lui faire regretter ce qu'il m'a fait. J'arrive sur le parking et quand il me voit, un grand sourire étire ses lèvres, un sourire que j'aurais jugé avant-hier rassurant mais qui aujourd'hui me donne la nausée. 

- Violence, ça fait plaisir de te vo...

- Prononcez encore une fois mon nom et je vous arrache la tête, je siffle. 

Confus, il fronce les sourcils. Je ne saurais même pas expliquer à quel point la colère et la haine me submergent comme une vague trop puissante pour que je puisse surnager. Je ne saurais même pas dire si je vais arriver à me maîtriser. 

- Ne faites pas l'innocent, pour l'amour du ciel, je sais ce que je vous avez fait ! 

- Mais de quoi est-ce que vous parlez ? 

Je fais un pas vers lui, prête à en découdre. 

- Vous m'avez fait croire que je pouvais vous parler, mais tout ça, c'était des mensonges, n'est-ce pas ? 

- Attendez, quoi ? 

Je lui décolle une gifle qu'il ne voit pas venir et je me dis que j'ai dû lui en mettre une bonne car j'ai moi-même mal à la main. Très vite, une trace rosée apparaît légèrement sur la peau de sa joue, et je ne peut m'empêcher de penser que c'est bien fait pour lui. Je suis quelqu'un de gentil, attentionné, ayant des valeurs. Je prêche toujours le bon chez les gens, je suis souvent l'avocat du diable d'ailleurs ; mais si quelqu'un s'en prend à moi, à mon intégrité, à ma réputation et à mon honneur, il le regrettera. Parce que dans ce genre de moments, il n'y a plus de gentille Violence. Il n'y a plus d'excuses, il n'y a plus de lumière. Et c'est exactement ce qui est en train de se passer avec l'homme qui se tient debout devant moi, éberlué par ce qui est en train de lui arriver. 

- Vous allez payer pour ce que vous avez fait, je vous le jure. 

- Mais de quoi parlez-vous ? finir t-il par s'époumoner. 

- Je vais vous massacrer, Ross. 

Il fait trois pas en arrière et bute contre le coffre de sa Volvo. 

- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Vous êtes très fatiguée et... 

Je retiens un deuxième gifle et tend un doigt accusateur vers lui. 

- N'essayez même pas de faire ça, je dis.

Il essaye de me décrédibiliser et de mettre ça sur le compte de ma santé mentale, non mais j'hallucine... Et je ne perds pas une seconde de plus. 

- Vous avez répété à Thaddeus tout ce que je vous avais dit. 

Ses yeux cherchent un échappatoire, et dommage pour lui, il n'y en a aucun. Il n'a aucune porte de sortie, et je me tiens là, à deux doigts de lui enfoncer mon poing dans le visage. Comment a t-il pu ? Comment a t-il pu faire ça, en dépit de sa profession ? Comment a t-il pu se regarder dans un miroir alors qu'il m'a trahie de la pire des manières ? Comment a t-il pu continuer à venir soi-disant m'aider, alors qu'il savait très bien que ses notes serviraient de point d'ancrage pour tout raconter à son autre client ? Il me dégoûte, ce domaine me dégoûte, les gens qui y vivent me dégoûtent, toute cette histoire me dégoûte. À en vomir. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant