13.

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Je met la clé sur le contact, monte le volume de la radio et allume mes phares. Le jour se lève tout juste sur Palerme et il fait encore un peu noir, mais je fais marche arrière et sors du parking de l'hôtel. Je m'engage sur la nationale sur fond de rap italien qui passe à la radio et me dis que la journée qui m'attend, enfin plutôt j'espère que ce ne sera qu'une matinée, va être bien chargée. Après une petite demi-heure de conduite, j'arrive sur la route qui traverse les bois et tourne pour me placer devant le portail noir impénétrable, qui s'ouvre rapidement, au même titre que les grilles. Je me garde à ma place habituelle, et coupe le contact pour descendre de la voiture. Je claque si violemment la porte que le rétroviseur en tremble et j'inspire à fond pour essayer de me motiver. Je rentre dans la demeure après avoir traversé le domaine, et cherche Alberta dans toute la maison ; je la retrouve au premier étage, en train de passer le balais dans l'une des chambres. 

- Ma petite ! s'écrie t-elle. 

- C'est bien moi, je souris quand elle me prend dans ses bras. 

La chaleur et la facilité du contact avec les italiens n'était pas un mythe. Excepté le fait que je sois tombée dans un endroit où il est difficile d'avoir un quelconque contact bénéfique, les personnels de l'aéroport, le chauffeur du taxi, la réceptionniste et Alberta ont tous été très gentils et chaleureux avec moi. Elle se décolle et me demande si je veux manger quelque chose, mais je lui dis que je n'ai pas faim - ce qui est le cas. Je jette un coup d'heure à l'horloge ; il est sept heures du matin.

- Il faut que j'y aille, je dis. A tout à l'heure ! 

Elle me sourit et je monte les marches jusqu'au palier du deuxième étage. Les deux gardes me laissent passer et je traverse le couloir pour venir frapper à la porte marron. Un " entrez " se fait entendre et je pousse le battant avant de le refermer devant moi.

- Sept heures et quarante-deux secondes. Vous êtes en retard. 

- Désolé, je ne me balade pas avec une montre, je réplique en m'asseyant sur la chaise. 

Il relève le nez de ses papiers et c'est presque immédiatement que je remarque ses traits tirés, et ses cernes qui se sont encore plus creusées. C'est drôle de voir comme, de près, il a l'air d'être plutôt jeune, dans sa trentaine, alors que de loin, on lui donnerait facilement dix ans de plus. Et si c'est assez drôle, c'est aussi très effrayant. 

- Vous avez mal dormi ? je demande. 

Ses yeux transpercent les miens et je sens le clou s'enfoncer encore un peu plus dans mon front. 

- Je n'ai pas dormi, rectifie t-il. 

Mais quand se repose t-il ? Ces cernes sont si grandes qu'ont dirait qu'il n'a pas fermé les yeux depuis près de deux mois. La seule fois où j'ai dormi ici, il était éveillée en train de péter un plomb dans son bureau. Et là, il me dit qu'il n'a pas dormi non plus ?

- Si je peux vous conseiller quelque chose, c'est la mélatonine, je déclare. 

- J'avais une affaire urgence à régler à Milan, j'ai fait l'aller-retour dans la nuit. 

J'ouvre grand les yeux. En avion, Milan doit être à une heure trente de Palerme, et il a fait l'aller-retour dans la nuit ? Deux conclusions s'impose dans mon cerveau : Thaddeus Di Casiraghi est un bourreau de travail, et je sais, au fond, que j'ai choisi la bonne personne pour tout cette affaire. Après cette petite conversation, nous nous mettons rapidement au travail. Je lui donne toutes les informations que j'ai sur la nouvelle identité de Matteo Corelli, tous ses déplacements, qui l'entoure... 

- Et je sais que le vingt-deux juillet, il sera à un vernissage.

- Où ça ? 

- C'est à Venise, je dis. Dans une petite galerie, son amante présente ses peintures pour la première fois. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant